Par : Is-Deen O. TIDJANI
Ce mercredi 14 Décembre s’est tenu à Abuja au Nigeria, les assises du 37ème conseil de médiation et de sécurité de la CEDEAO. Ces assises ont réunies plusieurs ministres des affaires étrangères des pays membres de la communauté. À l’occasion, la ministre des Affaires étrangères du Liberia, Mme Marjon V. Kamara, s’est félicitée des avancées notables enregistrées cette année par les Etats membres et la Cedeao dans les domaines de la paix et de la sécurité.
Dans son discours d’ouverture, le 14 décembre 2016, à Abuja, au Nigeria, Mme Kamara, également présidente du Conseil, a loué la bonne tenue, cette année, des élections au Ghana, au Bénin, au Niger et au Cabo Verde, ainsi que le référendum constitutionnel en Côte d’Ivoire.
Elle a toutefois déploré la crise politique actuelle en Gambie, née du revirement du président Yayha Jammeh, qui a rejeté les résultats du scrutin présidentiel du 1er décembre 2016 remporté par l’opposition, alors qu’il les avait acceptés auparavant.
En dépit de ce revirement, Mme Kamara s’est dite optimiste quant à la résolution pacifique de ce problème. « La délégation régionale de haut-niveau, conduite par la présidente du Liberia et présidente en exercice de la Cedeao, Mme Ellen Johnson-Sirleaf, et composée des présidents nigérian, Muhammadu Buhari, sierra léonais, Dr Ernest Bai Koroma, et ghanéen, John Dramani Mahama, trouvera une stratégie pour résoudre cette situation politique en Gambie », a déclaré Mme Kamara.
Elle a salué la bonne organisation, en décembre 2016, à Paris, en France, de la conférence des partenaires du Burkina Faso pour le financement de son Plan national de développement économique et social (PNDES) ; et les efforts du président guinéen, Alpha Condé, pour encourager l’inclusion et la participation des bissau-guinéens au processus de gouvernance politique de leur pays.
Mme Kamara n’a pas occulté non plus les défis humanitaire, politique et sécuritaire qui restent à relever au niveau régional. Elle a notamment évoqué la lutte contre le terrorisme et la transhumance, les attaques et exactions du groupe islamique Boko Haram au Niger et au Nigeria, sans oublier l’aide humanitaire à apporter aux personnes déplacées par l’insurrection de Boko Haram dans le nord-est du Nigeria.
A propos justement de cette aide humanitaire, le président de la Commission de la Cedeao, Marcel de Souza, a, auparavant, informé les membres du CMS de la visite qu’il avait effectuée, le 11 décembre 2016, à Maiduguri, dans l’Etat de Borno, au nord-est du Nigeria, afin d’apporter le soutien de la Communauté aux populations locales et au gouvernement nigérian.
Cette occasion, a-t-il laissé entendre, lui a permis d’apprécier l’ampleur de la crise humanitaire dans cette région du Nigeria.
« Des différents rapports qui m’ont été présentés sur le terrain par les structures humanitaires, il ressort que plus de 14 millions de personnes sont affectées dont 4,4 millions dans une situation de vulnérabilité alimentaire et 2,5 millions, notamment des enfants, souffrent de malnutrition chronique », a indiqué Marcel de Souza.
La situation des réfugiés et des personnes déplacées internes, en particulier au nord-est du Niger et du Nigeria, est inquiétante et nécessite une attention particulière de la part du Conseil, a recommandé le président de la Commission de la Cedeao.
Parlant de la transhumance, M. de Souza a dit qu’elle constitue un autre défi de taille sur lequel le Conseil devrait s’appesantir. Pour lui, il urge de travailler à la mise en place de mesures collectives et pérennes, étant donné, a-t-il souligné, que ce phénomène tend à devenir une menace pour la paix et la sécurité régionales.
S’agissant de la Gambie, le chef de l’organe exécutif de la Cedeao a invité le CMS à envoyer un signal fort en direction des autorités de ce pays, afin qu’elles respectent le choix du peuple et le transfert pacifique du pouvoir au président déclaré élu.
Il s’est réjoui du bon déroulement des élections au Cabo Verde et au Ghana ; de la stabilité politique au Burkina Faso, malgré de récentes attaques terroristes menées contre une partie de l’armée burkinabè ; la reprise du dialogue politique en Guinée sanctionnée par la signature d’un accord de paix, le 12 octobre 2016.
Il a néanmoins déploré la situation politique et institutionnelle complexe en Guinée Bissau, en dépit des multiples efforts de sortie de crise fournis par des leaders ouest-africains ; les attaques terroristes contre les forces armées maliennes et les forces de maintien de la paix, malgré les progrès significatifs enregistrés dans la mise en œuvre de l’Accord de paix et de réconciliation.
Sur un tout autre plan, M. de Souza a informé le CMS du souhait de la Commission de rendre un hommage à Mme Ellen Johnson-Sirleaf, première femme élue présidente d’un Etat membre de l’espace communautaire. A ce titre, il a plaidé pour qu’il soit institué au sein de la Cedeao, une Journée des droits de l’homme, célébrée le 16 janvier de chaque année. Cette date, a-t-il expliqué, correspond à la date de prestation de serment de Mme Johnson-Sirleaf, en qualité de présidente du Libéria.
Au cours de cette 37ème session ordinaire du CMS, dont les travaux se déroulent à huis clos, les participants devront examiner deux rapports et cinq memoranda, et suivre une série de présentations sur la situation politique et sécuritaire régionale.
A noter que le Conseil de médiation et de sécurité regroupe les ministres en charge de la Défense, de la Sécurité et des Affaires étrangères des Etats membres de la Cedeao.