Au moment où le mécontentement gagne le peuple et que certains ont commencé par ne plus croire aux promesses de campagne du président Patrice Talon, ce dernier vient de lancer le Programme d’actions de son gouvernement. Un programme quinquennal qui, au-delà d’être très ambitieux, a manifestement suscité de l’espoir chez de nombreuses couches de la société qui sont impatientes de voir leurs conditions de vie s’améliorer.
Ventre affamé n’a point d’oreilles, proverbe latin qui exprime dans le contexte béninois et africain, qu’un peuple qui n’a pas le pain, est souvent aux abois. Les huit mois de gouvernance Talon ont montré des couches de la société presqu’en colère, impatientes et qui sans cesse ont blâmé les nouvelles autorités, parce qu’elles estiment qu’elles ont faim. Le découragement et le désenchantement ont pris une ascendance sur l’espoir et la patience. En réalité, jusque-là, le peuple subit de plein fouet les conséquences de la gestion catastrophique du régime défunt et ne supporte pas de vivre sans espoir, alors que le nouveau président a battu campagne en promettant de le sortir de la misère pour qu’il puisse tutoyer le mieux-être quotidien. Ce contexte d’incertitude a été aggravé par la mise en œuvre des réformes qui vont de la liquidation de sociétés d’Etat jugées inefficaces à la libéralisation des espaces publics en passant par la suppression des avantages abusivement concé-dés à certains fonctionnaires, la détection des détenteurs de faux diplômes, le remboursement de sommes détournées dans le scandale des véhicules d’occasion. La gouvernance Talon fait déjà tache d’huile et chacun le ressent à sa manière. Dans l’administration, on sonne la mobilisation des travailleurs pour une éventuelle paralysie générale. On incite à des mouvements de colère, comme le sit-in dans le rang des employés dont les sociétés sont à liquider, et ce malgré les assurances du gouvernement que le volet social ne sera pas écarté. Les syndicats sont au front et ont déjà organisé plusieurs sorties (conférence de presse et meeting) à la Bourse du travail. Ils envisagent organiser leur première marche contre le régime pour dénoncer sa gouvernance. Ce projet a été retardé en raison des divergences chroniques qui minent les relations entre les leaders syndicaux. On envoie les femmes au front pour dénoncer la politique de déguerpissement des occupants des espaces et des emprises de l’Etat. A l’exception peut-être de ceux qui ont retrouvé leur job, des fonctionnaires dont l’emploi et les primes sont garantis, des agents économiques qui ne subissent pas les effets de la récession économique, ou encore des citoyens qui gagnent leur pain à la sueur de leur front, la plupart imputent la responsabilité de leur situation à l’actuel régime et l’acculent. Patience. Le problème des Béninois, c’est l’impatience. Beaucoup avaient pensé que l’élection de Patrice Talon devrait transformer leur quotidien dans un court laps de temps. Comment calmer tout ce monde qui s’impatiente ? Comment rassurer ces travailleurs qui voient des menaces planer sur leur emploi et leurs droits? Comment mettre en confiance ces pères de famille qui ont tout perdu avec la faillite de plusieurs secteurs de l’économie comme la filière des véhicules d’occasion? Comment ramener l’espoir à la jeunesse? Comment promettre des lendemains meilleurs aux couches défavorisées qui craignaient la suppression des mesures sociales ? Comment contenir la colère du grand nombre ? L’autre problème des Béninois, c’est de leur garantir leur pain. Le chef de l’Etat vient de rallumer la flamme de l’espoir à travers le programme d’actions de son gouvernement conçu pour apporter des réponses claires aux différentes préoccupations. Le lancement de ce programme depuis vendredi dernier a provoqué une série de réactions, la plupart saluant les projets annoncés et la conviction des gouvernants à les transformer en actes concrets.
FN