Au Bénin, on dirait que changement de régime rime avec rupture unilatérale par le pouvoir en place des contrats en BOT en cours. Du moins, c’est le constat avec la chasse faites structures en contrat avec l’Etat avant l’avènement du régime Talon. Après la multinationale Sécuriport dans le secteur aéroportuaire, c’est sur la société GEB Afrique SARL, bras technique de la Direction de l’émigration et de l’immigration en charge de l’émission des passeports ordinaire au Bénin que les dirigeants actuels jettent leur dévolu. On s’accroche à un alibi farfelu et on écarte l’exécutant du marché dont le contrat est en cours. C’est le mode opératoire.
Hier à la Direction de l’émigration et de l’immigration (DEI), c’était une ambiance de travail surchauffée. Les responsables de cette structure, du ministère de l’intérieur et de la société GEB Afrique ont tenue une séance de travail durant lequel le ton a haussé. Des menaces auraient été proférées à l’endroit des responsables de GEB Afrique. Suite à ces envolées, deux Français Nicolas Hussherr et Lionel Chircop qui officieraient pour l’Imprimerie nationale de France ont investi les bureaux de la société où sont installés les matériels informatiques sensibles. Ces expatriés ont demandé à avoir les codes d’accès aux données et même du serveur. Mis au courant de la situation, Me Michel Ahoumènou avocat conseil de GEB Afrique est descendu sur les lieux pour expliquer aux responsables du ministère de l’intérieur sur place que cette manière de procéder est contraire aux clauses du contrat liant les deux parties : l’Etat et GEB Afrique. Sur ce, un huissier de justice a été commis pour un constat.
L’affaire…
GEB Afrique SARL est une société de droit béninois qui a signé en 2001 un contrat en BOT avec le gouvernement pour la fourniture et l’impression des passeports ordinaires et des visas. Le 07 février 2014, l’avenant de ce contrat précise en son article 10, alinéa3 que « le concessionnaire s’engage à laisser tout le matériel en place et en l’état après avoir atteint une quantité de 7.00.000 passeports et 1.500.000 visas ». Actuellement, GEB Afrique n’a pas encore produit 200.000 passeports et le nombre de visas émis est en dessous des 155.000. Cet état de chose n’empêche pas les assauts subtils du gouvernement contre la société pour mettre fin indûment à son contrat. Visiblement, on ne cache plus la volonté de confier cette prestation à l’Imprimerie nationale de France qui se charge déjà de l’impression des passeports diplomatiques et de service. Incompréhensible ! En fait, les manœuvres pour évincer illégalement GEB Afrique n’ont pas commencé seulement hier. Pour preuve, le conseil des ministres du 1er juin 2016 s’est penché sur la question des passeports au Bénin. Un signal fort qui annonçait les hostilités. Suite à la communication N°111/16, le gouvernement a décidé de la création d’un Service national de gestion du CSCA directement rattaché à la Présidence de la République. Aussi, a -t-il demandé au ministre de l’intérieur et de la sécurité publique, de « transférer la Public Key Infrastructure(PKI) et le Country Signing Certificate Authority(CSCA) ou clé racine ainsi que toutes les spécifications techniques d’utilisation par la Direction de l’Emigration-Immigration, dans le cadre de l’émission des passeports biométriques ordinaires, au Service de gestion desdits CSCA et PKI, rattaché à la Présidence de la République».
Depuis lors, les manigances se multiplient. L’irruption des deux Français dans les locaux de GEB Afrique est annonciatrice de la mise à mal du contrat. Une certitude, un bras de fer juridique qui coûterait cher aux contribuables béninois pour naître si le gouvernement venait à mettre en œuvre ses intentions à peine voilées.
Amèdé MAHOUTONKPE