A moins d'une semaine de la mise en exécution de la décision gouvernementale de libérer les espaces publics, notamment les trottoirs des artères des grandes villes du pays, avant le 31 décembre prochain, en vue de faciliter la mobilité humaine, les occupants eux-mêmes s'exécutent avant la tempête, a constaté lundi Xinhua à Cotonou, la capitale économique béninoise.
"Tous ceux qui occupent les espaces publics dans nos villes à commencer par Cotonou sont priés de déguerpir au plus tard le 31 décembre 2016. A partir du 1er janvier 2017, l'Etat sera obligé d'intervenir. Ça participe à la salubrité qu'il faut avoir dans nos villes, à l'assainissement et aussi à la sécurité", indique la décision gouvernementale.
Ainsi, à cinq jours de cette échéance du 31 décembre prochain, la majorité des occupants des espaces publics ont commencé par déguerpir, avec des cœurs serrés et des grincements de dents, les trottoirs des artères de la ville de Cotonou, de leurs installations de fortunes, notamment des boutiques, des cabines téléphoniques, des garages et des panneaux publicitaires.
"C'est très dur pour moi d'enlever ma boutique de ce trottoir. Depuis la prise de cette décision gouvernementale, je me suis plongé dans un désarroi total, car je ne sais où je pourrai m'installer de nouveau pour vendre correctement mes pièces à détachées", s'est désolé Pierre Dossa, vendeur de pièces détachées à Cadjèhoun, un quartier au centre de Cotonou.
"Nous n'avons pas le choix, cette décision nous fait mal, car nous avions investi beaucoup d'argent pour construire ces boutiques et ateliers", a renchéri Pauline Assogba, gestionnaire d'un atelier de coiffure à Vêdoko, un quartier populeux de Cotonou.
Ainsi, comme ces deux victimes de la décision gouvernementale, nombreux sont ceux qui doivent se conformer à cette décision qui date depuis près de six mois.
En effet, c'est depuis le 15 juin dernier que le gouvernement béninois a instruit le ministre du Cadre de vie et du Développement durable afin qu'il intensifie la lutte contre l'occupation anarchique des domaines publics, sur la base d'un programme de déguerpissement assorti de délai qui ne devrait pas excéder le 31 décembre 2016.
Pour le ministre du Cadre de vie, José Didier Tonato, aucune ville au monde n'enregistre cette forme d'anarchie notée à Cotonou.
"Nos villes sont en perte de vitalité. Notre cadre de vie est dégradé et manque d'attractivité. L'occupation anarchique des trottoirs et terre-pleins centraux, l'encombrement de la circulation, la paralysie de la mobilité, l'insalubrité, les risques d'accident, bref, la laideur de la ville", a-t-il regretté.
Pour ce responsable politique, l'occupation anarchique des trottoirs est en priorité le fait des propriétaires situés aux abords des grandes artères.
"Les boutiques doivent être à l'intérieur des parcelles. On ne les ouvre pas sur les grandes rues. Mais ici, c'est ce qu'on constate. Non seulement on occupe les devantures en érigeant les boutiques, mais aussi on occupe le reste de l'espace avec les pousse-pousse et les articles", a-t-il indiqué, soulignant les conséquences de l'occupation anarchique de ces trottoirs.
"Des 3.000 accidents enregistrés par an dans les villes béninoises, plus de 105 sont mortels dont 35% des enfants et des écoliers, l'Etat est obligé de prendre ses responsabilités en libérant ces espaces en vue de faciliter la mobilité humaine", a-il affirmé.