En cette période des fêtes de fin d’année, il est fréquent d’affronter les crépitements et sons de pétards, des feux d’artifices, des fléchettes, des jouets chargés de poudre ou de balles factices etc… Bien qu’étant interdit, l’usage de ces objets n’a nullement cessé. Une situation compliquée mais dont s’accommodent certains citoyens.
« L’utilisation des pétards est source de conséquences néfastes à vie chez tout individu entré en contact avec et sans précaution », selon le docteur Martin Houénassi, professeur de cardiologie à la FSS à Cotonou.
Chaque année, à l’occasion des fêtes de fin d’année, c’est le même spectacle désolant lié à l’usage des pétards. Dangereux spectacle puisque non seulement ce sont des objets à risque pour ses utilisateurs, mais nombreux sont également les personnes victimes de crise cardiaque, de frayeur indescriptible, de tension et autres maladies cardiaques qui en subissent malheureusement les dégâts. Ce que confirme le docteur Martin Houénassi, car les pétards et feux d’artifices lancés contiennent des substances souvent explosives et susceptibles d'entraîner des brûlures, des amputations ou même de déclencher des incendies voire pire. Il explique qu’il existe d’ailleurs deux aspects en matière d’usage des pétards. En premier lieu, l’aspect intensité du bruit, source de pollution sonore qui est un problème avec de nombreuses conséquences sur l’oreille et d’autres organes dont le cœur. Ainsi du point de vue de la cardiologie, ce bruit créé par le pétard peut provoquer un stress aigu et entraîner des répercussions importantes sur un individu ayant déjà un cœur très fragile, précise Martin Houénassi. Ces conséquences sont de deux ordres : les unes par rapport à la pression c’est-à-dire la tension artérielle qui peut avoir une augmentation brutale et entraîner une paralysie violente d’une partie du corps à travers un accident vasculaire cérébral dû à la surprise liée au bruit inattendu chez l’individu ; les autres qui se manifestent par une accélération inappropriée du cœur créant ainsi un arrêt cardiaque et qui peut être très fatal, entraînant un décès brutal et inopiné de l’individu.
Par ailleurs, le professeur rappelle que les enfants sont les premières victimes exposées aux conséquences néfastes des pétards. « Même si chez un enfant bien portant, ces préoccupations cardiologiques sont moins graves, celle de la pollution sonore demeure très importante, car ce stress ou bruit aigu peut créer une rupture du tympan suivie de lésions auditives irréversibles et donc le rendre sourd », souligne le cardiologue qui cite aussi les cas d’amputation, de brûlures, d’incendies, et même de perte de vue pour les utilisateurs.
Des mesures de répressions
Compte tenu des risques et du contexte sécuritaire, les forces de l'ordre et particulièrement celles de la police environnementale de Cotonou ont renforcé leurs contrôles et sensibilisent la population au sujet des pétards mais aussi des feux d'artifice. Certains, trop dangereux, sont d'ailleurs interdits par l’Arrêté interministériel n°025/MC/MDN/MISP/MEF/MS/MJLDH/DC/SGM du 27 décembre 2010 portant interdiction d’importation, de fabrication et de distribution des jouets dangereux et autres produits ou marchandises en République du Bénin.
Même s’il n’est pas trop connu par les Béninois, beaucoup d’actions de sensibilisation et de communication sont entreprises dans ce sens pour informer l’opinion publique, explique Anicet Kouagou, commandant adjoint de la Brigade de protection du Littoral et de la lutte anti-pollution (BPLP).
Les forces de sécurité veillent à l’application stricte de ces mesures et les contrevenants s’exposent à la sanction prévue par la loi. « A propos des commerçants, des mesures sont prises pour les décourager notamment la hausse des taxes douanières et parfois les marchandises sont purement et simplement saisies. Les distributeurs, fournisseurs et autres quant à eux, paient des amendes forfaitaires allant de 50 000 à 500 000 francs CFA avec des poursuites judiciaires au pénal », avise Anicet Kouagou. Le commandant adjoint de la Brigade de protection du Littoral et de la lutte anti-pollution notifie que pour les cas des commerçants qui ont pu échapper aux contrôles douaniers et qui se retrouvent dans les marchés, des dispositions supplémentaires sont prises pour les décourager.
Cette pratique très courante d’utilisation des pétards ou d'usage d’objets dangereux et autres pendant les fêtes de fin d’année constitue donc un danger pour la sécurité des populations, au regard particulièrement de la situation sécuritaire du pays. Car, outre les nuisances sonores qu'ils occasionnent, ces explosifs sont parfois dangereux pour leurs propres utilisateurs. Malheureusement les diverses mesures de prévoyance prises par les autorités pour mettre fin à ce phénomène d’incivisme qui trouble l’ordre public chaque fin d’année à Cotonou sont restées vaines et on note toujours un entêtement de la part des citoyens.
Rappelons qu’il est préférable de faire preuve de savoir-vivre en respectant ses voisins car, de nombreuses plaintes pour nuisances sonores sont enregistrées au cours des festivités?
Zalikath CHABI-YAOURE (Stag)