La révision de la constitution du 11 décembre 1990 avant 2017 était censée être la première réforme d’envergure du nouveau régime. Le Chef de l’Etat Patrice Talon l’avait promise à l’occasion de son premier message à la Nation, la veille de la fête de l’indépendance. « J’engagerai sous peu le processus de révision de notre constitution », avait-il déclaré. Une commission technique dite des réformes institutionnelles et politiques avait été mise en place dans ce sens et un référendum devrait avoir lieu en décembre 2016 au plus tard pour qu’enfin la révision de la loi fondamentale soit une réalité. Mais 2016 est passée et rien. Tout ce qu’on retient de cette entreprise est la bagatelle de 10 millions de francs CFA que chaque membre de la commission Djogbénou s’est tapé. Le principal enjeu, la révision de la constitution avant 2017, telle qu’annoncée, est un flop, le 1er et le plus gros du régime du Nouveau départ. Patrice Talon n’aura pas réussi à tenir sa promesse. Le bel exemple que la réalité du pouvoir est tout autre chose. Un président peut avoir les meilleures intentions du monde, il se doit de tenir compte de son environnement sociopolitique. Patrice Talon l’a appris à ses dépens.
Et ce qui a constitué le principal obstacle à ce projet de révision est la volonté d’imposer un mandat unique. Très tôt, des voix se sont levées contre, même dans le propre camp du Chef de l’Etat. Mais Patrice Talon y tenait comme à la prunelle de ses yeux. C’est dans cette veine qu’il a été ventilé dans l’opinion la possibilité d’un référendum avant que le projet soit examiné au parlement. L’objectif était de mettre, par un vote populaire, la pression sur les députés. Mais là encore, c’est un échec. Le Président la cour constitutionnelle a senti le besoin de faire un rappel à l’ordre : «Ce contre quoi il faut maintenir une vigilance de tous les instants, c’est la volonté de quelques acteurs politiques de se défaire du socle constitutionnel et d’ignorer délibérément la procédure de révision prévue par la Constitution elle-même », avait lancé Théodore Holo, lundi 28 novembre 2016, à l’occasion de l’ouverture de l’atelier régional de haut niveau sur les réformes constitutionnelles en Afrique de l’Ouest. Il est allé même plus loin en affirmant : « …Tout projet ou proposition de révision pour être soumise au référendum doit au préalable être voté à la majorité des 4/5 des membres de l’Assemblée nationale». Voilà qui est clair. Ce n’était pas évident pour Patrice Talon de compter sur une telle majorité en 2016. La conséquence directe est que 2016 est passée sans que la révision de la constitution soit une réalité. Mais une nouvelle année est là. Pourra-t-il faire en 2017 ce qu’il n’a pas réussi en 2016 ?
B.H