Le gouvernement mettra-t-il ou pas à exécution sa menace au sujet de la libération de l’espace public au 31 décembre 2016 ? C’est chose faite depuis hier mercredi 4 janvier 2017. En effet, même si le rendez-vous du 2 janvier a subi un léger décalage, il est aisé de constater que la mesure gouvernementale est en train d’être exécutée manu militari avec un bulldozer déployé sur le terrain. Sous la supervision du préfet du Littoral, Modeste Toboula, entouré d’un fort détachement d’agents de sécurité, baraques, ateliers, étalages et tous autres objets occupant illégalement trottoirs et terre-pleins centraux ont été dégagés. Tout a démarré aux environs de 7 heures du matin ; et selon le plan de déguerpissement établi, c’est l’axe Houeyiho- Fidjrossè plage qui a reçu les coups de pelle, cette première journée. Quelques heures plus tard, on se croirait sur un champ de ruines avec des gravats ici et là. L’opération s’est déroulée sous le regard impuissant de certains citoyens. C’était la désolation. Un mercredi noir tout simplement pour ces occupants qui n’ont pas cru devoir s’exécuter avant le deadline. Il ressort du constat fait sur le terrain, que des cotonoises et cotonois ont passé leurs pires moments de fête de fin d’année. En effet, beaucoup n’ont pu bien fêter parce qu’ils avaient la tête au déguerpissement. Même le 1er janvier, jour de l’an, on cassait et on reconstruisait dans les quartiers. Du moins, pour les occupants qui en ont les moyens.
Entre approbations et grincements de dents
Dans le rang des populations, s’il y en a qui ont approuvé ce travail de salubrité du gouvernement, ailleurs c’est le grincement des dents. « C’est bon, mais c’est dur… Qu’on nous trouve quelque part où nous recaser », « On nous interdit les abords des voies pour nos activités, mais qu’allons-nous manger ? », pouvait-on entendre sur le terrain.
La preuve que l’opération vise le « kpayo »
Dès la prise de cette décision de sensibiliser à la libération de domaine public, certaines langues avaient bien dit que c’est ni plus ni moins, l’essence de la contrebande dite « kpayo » qui est visée de façon voilée. Hier au cours de l’opération de à Houeyiho ; le préfet Toboula s’est adressé à ceux qui exercent cette activité.
« Je voudrais lancer un appel particulier aux vendeurs de l’essence frelatée pour leur dire : nous avons pris soin de les aider à ramasser les tabourets, les bouteilles, les bidons, etc. Je voudrais leur demander humblement de ne plus revenir avec ces bouteilles parce que désormais il ne s’agira plus des bouteilles, il ne s’agira plus des tabourets et on va les présenter devant le Procureur et une procédure sera respectée. Nous sommes dans un Etat de droit lorsque la police administrative émet des règles et que vous arrivez à les enfreindre, la police judiciaire prend le relai… », a menacé l’autorité préfectorale. Le message est clair est bien spécifié. Modeste Toboula sait bien que plusieurs activités sont menées dans les Tpc et trottoirs. Mieux, il sait très bien qu’à l’instar des vendeurs du kpayo, d’autres vendeurs peuvent récidiver en se réinstallant sur l’espace public libéré. Et pourtant, il ne s’est pas adressé à tous en général. Le préfet du Littoral veut-il dire que ce sont les seuls à polluer avec leurs bouteilles, bidons et autres ? En tout cas, avis aux vendeurs du liquide inflammable. Le gouvernement ne veut plus voir le décor que vous présentez dans la ville. En cas de transgression, l’autorité appliquera la rigueur de la loi. Une décision qui ne restera pas sans conséquence sur le plan social. Le sempiternel problème de reconversion des acteurs risque de refaire surface dans les prochains jours. Le gouvernement de Patrice Talon a-t-il les moyens de sa politique ? Autrement dit, a-t-il la capacité de tenir dans sa fermeté ? Les prochaines semaines ou mois nous situeront.
J.B