La carte sécuritaire qui est entrée en vigueur depuis ce 1er janvier 2017 suscite dans des remous au sein de l’armée, particulièrement à la gendarmerie qui s’y sent marginalisée. Beaucoup de gendarmes accusent le conseiller à la sécurité du Chef de l’Etat, Nazaire Hounonkpè qui serait en train de donner plus de prérogatives à la police qui est sa corporation au détriment de la gendarmerie.
La nouvelle carte sécuritaire élaborée par le Gouvernement créera des problèmes de gestion des ressources humaines au niveau des différentes unités et réduit considérablement le champ d’intervention de la gendarmerie nationale. C’est ce que l’on retient des commentaires dans les coulisses de la gendarmerie nationale. Conformément aux nouvelles dispositions, les gendarmes ne seront plus autorisés à officier dans les villes à statut particulier et les chefs-lieux de département à partir du 1er janvier 2017. Toutefois, quelques unités spécialisées de gendarmerie seront acceptées pour assurer d’éventuels actes soit transmis au Procureur de la République ou de la Police judiciaire. C’est pourquoi, toutes les brigades de recherches installées à Cotonou, Sèmè-Podji, Abomey-Calavi et autres n’existent plus à partir de ce 1er janvier. Même, les compagnies de gendarmerie de ces villes seront supprimées. A la gendarmerie, on voit les nouvelles dispositions comme un coup dur. Plusieurs gendarmes les dénoncent dans les coulisses et attendent le moment approprié pour riposter. A cet effet, ils soulignent que les risques d’insécurité seront nombreux si la nouvelle carte sécuritaire ne tient pas compte de la densité de la population et surtout du champ d’intervention de la gendarmerie nationale dont le rôle pour la préservation de la paix n’est plus à démontrer en raison de la spécificité de la formation de ses éléments. De la même manière, les gendarmes se posent la question sur l’efficacité de la collaboration entre eux et les policiers. « Nous n’avons pas reçu la même formation. Nous ne pouvons pas travailler ensemble comme le dit le Gouvernement… », se désole un capitaine de gendarmerie.
Dans leurs récriminations, plusieurs hauts gradés de la gendarmerie déversent leur colère sur le conseiller à la sécurité du Chef de l’Etat, Nazaire Hounonkpè. Ce dernier est accusé d’avoir induit en erreur le Président de la République lors de l’élaboration de la nouvelle carte sécurité très favorable à la police qui est sa corporation d’origine. Toutefois, plusieurs éléments de la gendarmerie entendent respecter les instructions de leur hiérarchie en attendant que les autorités gouvernementales se rendent compte des insuffisances de leur décision. Pour l’heure, tout le monde attend la mise en œuvre de ladite carte.
Romuald Abatti