Le projet boucle ferroviaire englué dans la guerre de clochers entre les groupes Bolloré et Petrolin défraie actuellement la chronique du fait de la médiation enclenchée par Patrice Talon. Contrairement à ce qui se distille dans l’opinion, aucun compromis n’est encore trouvé pour sauver le projet, le vert est dans le fruit.
Rien n’est encore gagné. Il ne faut pas crier victoire sans le désengagement total des deux protagonistes et la reprise des travaux par un troisième larron. Certes, Patrice Talon a engagé une médiation entre les deux parties en conflit en dépit de la bataille juridique en cours. Pour rappel, dans son interview avec Le Monde Afrique, le Chef d’Etat béninois n’a pas caché son option pour la négociation entre deux groupes économiques afin qu’il y ait un compromis pour la réalisation de cet important projet pour la sous-région ouest africaine. C’est donc dans cette dynamique, qu’il s’est engagé avec des voyages en France et au Niger pour arrondir les angles… Beaucoup de propositions ont été faites par le Président de la République béninois. Parmi celles-ci se trouvent le retrait de deux groupes en conflit pour laisser une entreprise chinoise opérée. Mais à quel prix ?
On est encore au niveau des propositions selon nos sources. Il est une chose que cette proposition requiert l’assentiment total du compatriote Samuel Dossou Aworet mais laisse encore l’industriel français pantois. Avec ses divers déboires dans plusieurs pays de l’Afrique subsaharienne ces derniers mois, l’abandon du marché béninois ressemblerait à un suicide pour le groupe Bolloré. De sources parisiennes très introduites au niveau de la multinationale française, on n’a pas encore lâché prise. Aucune conclusion n’est à tirer de cette médiation de Patrice Talon. Donc l’information relayée par une certaine presse faisant état d’un compromis n’est qu’une contre vérité.
La pomme de discorde
Le projet boucle ferroviaire est un pan du Épine Dorsale de développement intégré du Bénin conçu par le groupe Petrolin. Le chemin de fer de près 3000 km devrait relier dans un premier temps le Bénin et le Niger puis à terme le Togo, la Cote d’ivoire, le Burkina Faso en vue de faciliter les échanges commerciaux. Mais contre toute attente, sous le coup d’accords sibyllins entre le groupe Bolloré et le pouvoir défunt, le premier a entamé la réalisation du projet alors que les études ont été financées par le groupe Petrolin. D’où la bataille juridique entre les deux qui a abouti à une décision du Tribunal de Cotonou ordonnant l’arrêt de la réfection du chemin de fer et des gares sous astreinte combinatoire. Le blocage des travaux a mu l’ouverture des négociations par le président Talon qui veut voir le projet aboutir.
Raoul HOUNSOUNOU