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7 Janvier 2012 – 7 Janvier 2017 : Il y a 5 ans, douze artistes béninois frôlaient la mort dans un grave accident
Publié le mardi 10 janvier 2017  |  Le Confrère de la Matinée




La journée de ce 7 janvier 2017 marque le cinquième anniversaire d’un évènement tragique qu’a vécu une douzaine d’artistes chanteurs, compositeurs et acteurs de la chose culturelle du pays. Du retour d’un concert collectif, ils avaient été victimes d’un grave accident sur la route inter-états N°4. Pas de morts, mais des dégâts considérables et des séquelles toujours vivaces.


Ce samedi 7 janvier 2012, ils revenaient d’un concert collectif donné à Dassa, dans le département des Collines. Ils, ce sont des mélomanes, des artistes de toute catégorie et de tous les rythmes. Ils sont au total douze (12) dans un minibus. La joie, l’euphorie, la fougue qui les habitaient ont vite fait de laisser place, en un laps de temps, au cauchemar, à la tristesse, à la désolation, aux pleurs et aux chaudes larmes. Le malheureux accident est survenu à la hauteur de Gbada, dans la commune d’Adjohoun, département de l’Ouémé. Selon les informations reçues il y a aujourd’hui cinq ans et confirmées dans la journée de vendredi 6 janvier 2017 par une des victimes, le conducteur du minibus n’est pas un habitué de la route, donc, ne maîtrisait pas l’emplacement des dos d’ânes. « Roulant à vive allure, il a heurté le premier dos d’âne. Et avant même d’atteindre le second qui se situe à quelques mètres du premier, le véhicule ayant reçu un grand choc, a commencé par faire des tonneaux. Il a fini sa course dans un ravin », relate cette victime toujours sous le choc cinq ans après. Dans ce véhicule, étaient Belmonde Z, S K Pounto, Akodjènou Noëlie, Rec De Souza, Oket Baya, Bless Antonio, Princesse Charme, Princesse Stella, Castella et bien d’autres talents artistiques. Aussitôt l’accident survenu, les victimes ont été conduites d’urgence au Centre Hospitalier Départemental Ouémé - Plateau (CHD-OP) pour des soins. Mais après deux semaines de soins et de traitement sans grands résultats, six des victimes ont été conduites à la polyclinique le Bon Samaritain pour des soins complémentaires.

La vie des blessés à l’hôpital
Après leur admission dans les centres hospitaliers pour des soins et traitements et après deux semaines de soins pratiquement infructueux, des voix avaient commencé par s’élever pour demander et même exiger l’évacuation des blessés sur le Centre Hospitalier Universitaire Hubert Maga de Cotonou, le seul centre de référence dans le pays. Mais l’assurance des médecins traitant, en, l’occurrence, le docteur André Dassoundo, en charge des patients à la polyclinique de l’amitié Le Bon Samaritain ont tôt fait de rabaisser la colère des fans et des populations en général qui ne voulaient pas voir « partir » ce nombre si impressionnant de talents artistiques. Au-delà des cas légers, six artistes du lot présentaient un état critique. Des six figurent Belmonde Z, Princesse Stella, Juliano Alias SK Punto ; Oket Baya et Rec De Souza. « Si les patients n’étaient pas réorientés au plus vite, on aurait enregistré des cas de décès. Mais nous avions rendu grâce », nous a confié Carlos, un du collège des médecins traitant en 2012. Le paradoxe dans cette affaire, c’est que les autorités du CHD-Op avaient tout le temps rassuré non seulement les autorités du pays, mais également les fans et les populations alors même que l’état de santé des patients hospitalisés n’était du tout pas reluisant. Il a fallu la descente dans les deux hôpitaux des professionnels des médias pour constater cet état critique que camouflaient, pour des raisons qu’on avait ignoré, les médecins traitant.

Difficile de comprendre les raisons pour lesquelles, les soins n’étaient pas au point et pourquoi il y avait comme une rétention des informations sur leur état de santé réel. On avait tous idée que, les artistes disposent d’un faible pouvoir d’achat. Une raison qui pouvait expliquer, la qualité des soins donnés à ces artistes qui avaient en quelques semaines d’hospitalisation au CHD-OP et à la polyclinique le Bon Samaritain, souffert la croix et la bannière sur les lits d’hôpitaux. Des cas graves, il y en avait qui étaient plus grave ; celui de Belmonde Z et de Princesse Stella.

De l’assistance
En quelques semaines d’hospitalisation, les ambassadeurs victimes de cet accident ont reçu la visite de leurs fans, des autorités municipales, des personnalités politico-administratives et même de leur ministre de tutelle. Ce 2 février 2012, le tout nouveau ministre d’alors, Jean-Michel Abimbola en charge de la Culture, de l’Alphabétisation, de l’Artisanat et du Tourisme a été au chevet des accidentés au Centre Hospitalier Départemental Ouémé-Plateau où il a visité Belmonde Z et son danseur et à la polyclinique le Bon Samaritain à Cotonou. Une occasion pour le ministre de s’enquérir des nouvelles de ses artistes et de leur apporter le soutien tant moral que financier du gouvernement. Le directeur du Bureau béninois du droit d’auteurs (Bubedra), la directrice en charge du Fonds d’aide à la culture, le directeur du Patrimoine culturel et le secrétaire général du ministère de la culture et du tourisme ayant également joué leur partition.

Le cas de Belmonde Z
De ce grave accident de circulation, seul le salsero béninois, le jeune talentueux et auteur du titre « Compétition wè », un morceau adulé par le peuple béninois, va souffrir pendant longtemps. Après les quelques semaines d’hospitalisation au centre hospitalier départemental Ouémé-Plateau où le chanteur avait subi une opération chirurgicale au niveau de la jambe, sa santé post-opération a dramatiquement chuté et les médecins traitant étaient contraints de l’évacuer sur le centre de référence, le centre hospitalier Universitaire Hubert Koutoukou Maga de Cotonou. Ce qui était au départ des rumeurs avait fini par être confirmée puisqu’effectivement, Belmonde Z était dans un état très fragile et certaines langues avaient même annoncé « que son pronostic vital était engagé ». Dans cette souffrance, l’artiste s’était retrouvé seul puisque les donateurs, les soutiens et même les accompagnements de toute nature avaient « déserté » les lieux abandonnant seul le soldat désormais contraint de lutter contre la mort. Plus d’une fois, la rumeur de sa mort avait agité l’opinion publique en son temps. Mais fort heureusement, il y avait plus de peur que de mal puisque l’artiste, par sa bravoure et sa lutte acharnée contre cette épreuve qu’est la mort, a gagné la bataille et s’en est remis. Tout ceci, grâce au professionnalisme et à la détermination des médecins et du corps médical traitant.

Une compil pour sauver l’artiste
Après des mois passés au CNHU Hubert Maga de Cotonou, Belmonde Z a recouvert sa santé même si cette dernière n’est pas été au beau fixe comme avant. Approché en juin 2013, l’artiste avait annoncé son retour sur scène par la force de Dieu. Mais face aux difficultés financières de l’homme sur le lit d’hôpital et pour l’accompagner, un nouvel opus, compilation de ses œuvres artistiques c’est à dire ses best of ont été soigneusement mis sur un DVD dénommé « Merci ». Ce chef d’œuvre édité par Léopold Gbénou a connu un succès inattendu. Il faut signaler que pendant tout son temps d’hospitalisation, l’artiste manquait à ses fans. Et pour combler ce vide, il a pensé, même sur son lit d’hôpital, en accord avec l’éditeur Léopold Gbénou, cette compilation afin d’occuper ses fans avant son grand retour sur scène.
En décembre 2013, l’homme sort des locaux du CNHU de Cotonou. Pour donc remercier ses fans et le peuple béninois pour les efforts fournis afin qu’il recouvre sa santé, Belmonde Z a rencontré les professionnels des médias au détour d’une conférence de presse. Aux côtés de ses géniteurs et de son parrain, l’homme a voulu consacré sa toute première sortie officielle après son accident du 7 janvier 2012 pour témoigner toute sa gratitude à ceux qui ont contribué d’une manière quelconque à son rétablissement. Au cours de cette conférence de presse, l’homme avait déclaré qu’il vient de sonner le glas de son inactivité culturelle et artistique. « Même si ma guérison n’est pas encore totale, je suivrai les conseils de mon médecin traitant en toute chose que j’entreprendrai. Je ne m’accrocherai pas à mon passé pour faire une croix sur mon avenir. Mon retour sur scène est dans les mains de l’Eternel tout puissant », avait rassuré Belmonde Z ce 15 décembre 2013. Quelques mois après cette sortie, l’artiste est monté sur scène et continue d’ailleurs d’égayer ses millions de fans tant au pays qu’à l’international.

5 ans après
Cinq (5) ans après ce malheureux évènement, les choses semblent prendre petitement leur marque chez les victimes. Malheureusement, certaines victimes de cet accident ne sont plus de ce monde mais le reste, vivant presque tous les jours dans le traumatisme et une peur psychologique, essayent de se battre tant bien que mal afin de s’insérer et de véritablement s’imposer, à nouveau dans l’arène musicale du pays. Le constat général fait en ce 7 janvier 2017, jour anniversaire, est qu’aucun artiste victime de cet accident ne s’est encore montré plus combattif et imposant dans le métier en dehors des quelques concerts et chefs d’œuvres qui n’ont, il faut bien le signifier, pas connu un si grand succès. Et pour certains, le gouvernement du Bénin, en plus du fonds mis à la disposition de la culture béninoise, devrait s’investir davantage pour relancer ces ambassadeurs victimes de ce drame il y a cinq ans. Mais hélas. En ce jour anniversaire, ces artistes ne font que se confier à l’Eternel des armées qui les a épargnés de la mort. Pour donc le magnifier, des messes de remerciements et d’action de grâce ont été organisées dans certaines églises du pays. Mais comme le dit Princesse Stella, une des victimes lors de l’accident, « Seule la relance effective de nos carrières respectives pourrait nous extirper de cette mélancolie psychologique et traumatisante ».


Josaphat FINOGBE
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