Réalisateur de films résidant à Natitingou, Gaston Agué Affouda a consacré sa dernière œuvre à la vie et au parcours de feu Mgr Lucien Chambény, un prêtre qui aura marqué les départements de l’Atacora et de la Donga par ses actions sociocommunautaires et contribué à l’émergence de nombreux cadres de la région. Il évoque à travers cet entretien ses motivations pour la réalisation d’un tel film documentaire et les écueils qu’il a su surmonter avec son engagement à rendre hommage à ce religieux disparu en 2008.
La Nation : Vous avez procédé au lancement d’un film documentaire intitulé « Mgr Lucien Chambény, Visage de la charité », une œuvre consacrée à la vie et à l’œuvre d’un bâtisseur de l’Atacora et de la Donga. Qu’est-ce qui motive la réalisation d’un tel film ?
Gaston Agué Affouda : Mgr Lucien Chambény a été un homme exceptionnel de par tout ce qu’il a pu faire avant d’être rappelé à Dieu. C’était un homme de bonté, de charité grâce à qui beaucoup de cadres des départements de l’Atacora et de la Donga ont pu émerger. Ceci à travers les centres d’accueil scolaires qu’il a créés un peu partout. Je ne l’ai pas personnellement côtoyé mais à travers les œuvres qu’il a laissées, les actions de développement qu’il a menées à savoir les centres de formation en couture, en mécanique générale, soudure, menuiserie, les internats, les centres de santé, les forages dans les villages, etc., je me suis dit qu’il fallait l’immortaliser avec la réalisation de ce film documentaire car il est rare de voir des cadres se consacrer au développement des autres. C’est pourquoi je disais que Mgr Lucien Chambeny est une exception. Il était prêt à tout donner pour les autres. Rien pour lui, tout pour les autres. C’est le premier prêtre du diocèse de Natitingou. Il a su donner la vie là où elle n’existe pas. C’est un exemple qui mérite d’être connu surtout en ce moment où l’individualisme prime sur tout et la course à la fortune préoccupe davantage les uns et les autres.
A vous croire, il s’agit d’un film d’auteur et non d’une commande de l’Eglise catholique ?
Bien sûr qu’il s’agit d’un film d’auteur et non d’une commande. C’est vrai que dans la finition j’ai eu un appui du père Abraham Ganaba, directeur diocésain de la Caritas de Natitingou, mais c’est plus une initiative personnelle. Autre chose à souligner c’est que j’ai bénéficié du soutien moral du clergé à travers son premier responsable, l’évêque Antoine Sabi Bio. Je peux dire que le film a été financé à 85% sur fonds propres.
Au lancement du film vous évoquiez le manque d’archives dont des images du prélat. Quelles sont les autres difficultés auxquelles vous vous êtes confronté dans sa réalisation ?
Effectivement s’agissant des archives au niveau du diocèse, durant la préparation et le tournage je n’ai pas pu obtenir des images vidéo du père Chambény alors qu’il a rejoint le père céleste seulement en 2008. C’est vrai que j’ai eu des photos par-ci et par-là auprès de personnes qui l’ont côtoyé mais j’ai été surpris par l’absence de vidéo, ne serait-ce qu’au cours d’une célébration eucharistique. Concernant les autres difficultés j’ai été aussi surpris de la réaction des personnes qui sans le père Chambény ne seraient pas ce qu’elles sont aujourd’hui selon leurs propres témoignages, parce que en demandant leur soutien dans mon accompagnement ça n’a pas été possible. Et pourtant il y a des ministres, députés, douaniers et inspecteurs des impôts parmi ces personnes. Ce qui m’avait poussé à un moment donné à vouloir abandonner le projet. Voilà pourquoi depuis 2012 que l’initiative a pris corps, ce n’est qu’en octobre 2016 qu’elle a connu son aboutissement. Et ceci grâce aux conseils des amis. Et quand je regarde le parcours du père Chambény, je ne pouvais qu’avancer. C’est un véritable combattant car depuis son bas-âge jusqu’à la fin de sa vie il a connu des péripéties qui ne l’ont pas empêché d’aller jusqu’au bout et d’aimer son prochain. Voilà pourquoi je me disais qu’il fallait achever cette œuvre.
Le film lancé, quelles sont les perspectives qui s’offrent à vous quant à sa promotion ?
L’objectif c’est de diffuser ce film sur les chaînes de télévision, de passer dans les festivals de film documentaire. C’est un film de 52 min qui respecte les normes requises de production audiovisuelle et plein d’enseignements à projeter également dans les paroisses et les lieux publics pour sensibiliser les jeunes et adultes qu’ils soient chrétiens, musulmans ou animistes. Je pense qu’il y a assez de leçons à y tirer. Les témoignages en disent long. Mgr Lucien Chambény était ami à tout le monde sans distinction de religion?
Kokouvi EKLOU A/R Atacora-Donga