Tout royaume divisé contre lui-même va à sa propre perte, enseigne la sagesse des Ecritures. Cela posé, la division n'est jamais porteuse d'un avenir radieux.
A l'inverse, le symbole de la jarre trouée propre à la sociologie béninoise éveille l'esprit à une conscientisation de l'unité. "La jarre trouée contient l’eau qui donnera au pays le bonheur. Si tous les enfants venaient, par leurs doigts assemblés à en boucher les trous, le liquide ne coulerait pas et le pays serait sauvé", a dit le Roi Guézo.
Par ailleurs, à la genèse de cette grande nation très respectée, redoutée et redoutable qu'est l'Amérique, les fondateurs ont jeté leur dévolu sur une vision commune (comme une soif inextinguible) qui a nom Etats Unis d'Amérique. Loin d'être une figuration, encore moins un nom de plus pour embellir la cartographie des nations, ce choix est le reflet de la conscience d'appartenance à un grand ensemble, de l'affirmation forte d'une identité, de l'établissement d'une idéologie conquérante et surtout du degré et de la grandeur patriotique.
De l'histoire des peuples et de la vie des nations, il nous vient l'esprit de soumettre à la raison et au bon sens cette problématique: pour le renouveau du football béninois est-il permis de rêver grand sans évoquer le concept unité?
En effet, la carte de l'apaisement et de la réconciliation jouée par le gouvernement de son Excellence Patrice Talon apparait aux yeux de l'opinion sportive comme la solution idoine pour sortir le football béninois du sempiternel bourbier. Intention noble. Certes. Mais l'effectivité de cette paix recherchée par le premier magistrat doit, d'abord, habiter la conscience de chacun. La conscience de l'unité est déjà une appropriation de cet idéal dont le déploiement n'est que l'expression manifeste de la volonté et de la bonne foi de chaque acteur. A vrai dire, si l'amour de l'autre et de l'intérêt du bien footballistique s'enracine effectivement dans les cœurs et dans les esprits, on conjuguera au plus vite et aisément au passé plus de six années d'impasse, d'errance, de gaspillage du temps et de l'énergie.
Dans cette perspective, la nouvelle logique sportive doit désormais faire prévaloir l'esprit de famille et de rassemblement en lieu et place des antagonismes stériles et sans lendemain.
Crions donc haro sur la méfiance, la diabolisation, la délation et l'intoxication. Par conséquent, l'avenir s'écrira désormais sur les cendres d'un passé funeste de catégorisation qui rangeait certains dans le camp de Dieu, des saints et des défenseurs des certitudes intangibles et d'autres dans l'enfer du diable, des damnés de la terre et des navigateurs à vue. Manifestement, nous sommes à un tournant décisif de notre histoire. Un défi majeur point à l'horizon dont la réussite dépendra en grande partie de l'intelligence, du savoir-faire et du savoir être des nouveaux propriétaires "du palais de Djassin."
De ce fait, la nouvelle configuration du comité ne saurait être un creuset du surnombre gênant et encombrant mais un cadre d'un vivre ensemble apaisant, dynamique, consensuel et sans compromissions. C'est le lieu de donner à la fédération tout son sens plénier. Fédérer, c'est-à-dire rassembler, vivre en syntonie, épouser un idéal commun dans une diversité d'approche lumineuse et constructive. Bien plus, la fédération signifiera désormais, "la convergence des divergences", la réunion des oppositions fructueuses et salutaires dans un creuset à l'allure d'une architecture de "fregate" où la promotion des vertus comme la tolérance, la patience, la dignité, l'abnégation et le dépassement de soi battent en brèche l'esprit de haine, de rejet, du sectarisme et d'exclusion. En outre, il faut espérer que le nouveau bureau fonctionnera à l'instar d'une "fresque" de contradiction intelligible, judicieuse qui élève l'esprit au-dessus du ventre, des intrigues, de la versatilité, de l'inconstance, de l'improvisation.
Gageons que ceux qui président aujourd'hui aux destinées de notre ballon rond fasse résonner l'écho retentissant du football, de l'intérêt du football, du bien commun du football, du défi d'un triomphe collectif. Dans ce sens, la moralité des nouveaux dirigeants pèserait lourdement dans la balance. Car, il n'est pas superflu de rappeler que le peuple n'adhère à l'idéologie et au rêve de ses dirigeants que si et seulement si ceux-ci rayonnent de l'éthique et prêchent par l'exemplarité. Dans le cas contraire, on assisterait encore, hélas, à une nouvelle descente dans l'abîme. Nous espérons que les vœux du Chef de l'Etat soient les prémices d'un vrai nouveau départ du football Béninois.
Bonne et Heureuse année à la famille du football Béninois.
Père Jean Marie Harry HOUEZO
Prêtre Béninois en mission à Bobo Dioulasso (Burkina Faso)