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Le nouveau vaccin est élaboré à partir de la suppression de trois gènes du plasmodium
Les chercheurs ne savent pas encore si le vaccin pourra être efficace en zone endémique
L’Afrique seule a compté 395 000 des 438 000 décès enregistrés dans le monde en 2015
Une nouvelle approche consistant à paralyser le gène responsable du paludisme, pourrait aboutir à l’élaboration du vaccin le plus efficace jamais mis au point contre la maladie.
Ceci est le fruit des travaux d’une équipe de chercheurs du Centre de recherche sur les maladies infectieuses (Center for infectious disease research – CIDR) basé à Seattle aux États-Unis, équipe dirigée par le parasitologue Stefan Kappe.
Ce dernier a déclaré à SciDev.Net que "ce vaccin est basé sur la forme sporozoïte du plasmodium falciparum, parasite du paludisme qui est transmis par la piqûre du moustique", avant d’expliquer que le parasite attaque d’abord le foie, où il se réplique par la suite.
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“Nous avons supprimé trois gènes sur les 5 000 que porte le parasite en faisant recours au génie génétique, ce qui a rendu le parasite inoffensif et incapable de se répliquer et donc d’émerger dans la circulation sanguine et de créer la maladie, après infection du foie”
Stefan Kappe
Parasitologue au CIDR de Seattle, États
"Nous avons supprimé trois (03) gènes sur les 5 000 que porte le parasite en faisant recours au génie génétique, ce qui a rendu le parasite inoffensif et incapable de se répliquer et donc d’émerger dans la circulation sanguine et de créer la maladie, après infection du foie", a ajouté Stefan Kappe.
Ce parasite génétiquement atténué a été d’abord inoculé à des rongeurs qui ont développé une immunité face au paludisme, et ont ensuite résisté à une injection du parasite virulent.
L’expérience a ensuite été reconduite sur une dizaine d’humains, en les faisant piquer par des moustiques portant les parasites génétiquement atténués, ce qui a développé chez ces derniers des anticorps contre la maladie, sans provoquer d’effets secondaires.
Bien qu’il existe un autre type de vaccin sporozoïte entier fabriqué sur la base de l’irradiation, le chercheur affirme que le vaccin que son équipe et lui développent est fait par un génie génétique précis ; ce qui le rend unique.
Mais la vaccination contre le paludisme ne pouvant se faire par des piqûres de moustiques, l’équipe de Stefan Kappe envisage l’option de cultiver par exemple les sporozoïtes au sein des moustiques, et de les isoler après pour les conditionner dans des flacons pour injection.
Aubaine
Analysant cette avancée, Fabrice Houessou, médecin au Centre hospitalier du Zou et des Collines au Bénin, estime que "la mise en place d’un vaccin avec une telle efficacité constituerait une grande aubaine pour l’Afrique, qui pourra enfin lutter efficacement contre cette maladie qui est l’une des plus grandes causes de mortalité en Afrique sub-Saharienne".
Il renchérit en affirmant que "le paludisme tue aujourd’hui plus que le sida, et est responsable de l’appauvrissement des familles sur le continent".
"Il a été difficile de trouver un vaccin contre le paludisme jusqu’à ce jour, parce que l’immunité que confère le parasite est réversible et n’est entretenue que par la présence du sujet en zone d’endémie".
Questionné justement sur l’efficacité réelle de ce nouveau vaccin, Stefan Kappe pense que "malgré que leur approche soit révolutionnaire et les premiers résultats en laboratoire concluants, nous ne savons pas encore quelle sera l’efficacité de ce vaccin pour prévenir le paludisme dans les régions endémiques".
"Cela doit être déterminé par des essais cliniques, par exemple dans les pays africains", conclut-il, tout en espérant quand même que leur vaccin apporte une meilleure protection que le RTS,S/AS01.
En effet, le RTS,S/AS01 est aujourd’hui le candidat vaccin le plus avancé contre la forme la plus mortelle du paludisme chez l’homme, même si plusieurs autres projets de vaccins sont actuellement en cours d’évaluation dans des essais cliniques, ou en phase de développement.
Protections
Malgré qu’il n’ait pas totalement été efficace, le RTS,S/AS01 sera lancé à titre de projet pilote dans trois pays d’Afrique subsaharienne en 2018.
Pour l’instant et à défaut d’un vaccin, la lutte contre le paludisme passe par une combinaison de diverses méthodes qui visent à se protéger contre les piqûres des moustiques vecteurs de la maladie, ou à empêcher leur développement et leur prolifération.
"De nos jours, les meilleures protections sont l’aménagement du territoire et l’utilisation des moustiquaires imprégnées à longue durée d’action", conseille Fabrice Houessou.
Des rapports de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), publiés en avril 2016 indiquent qu’à l’échelle mondiale entre 2000 et 2015, le nombre de cas de paludisme a considérablement baissé, passant de 262 millions à 214 millions. Tandis que le nombre de décès est passé de 839 000 à 438 000.
Et même si elle enregistre aussi ces progrès, l’Afrique demeure le continent le plus touché, avec 214 millions de cas en 2000 pour 188 millions de cas en 2015 ; et 764 000 décès en 2000 contre 395 000 en 2015.