La vie politique d’un pays réserve parfois d’étranges surprises. Il est aussi souvent difficile aux spécialistes de déchiffrer les faits et gestes, et de prévoir ce que deviendraient les relations entre certains hommes politiques. En la matière, les relations entre Patrice talon et Adrien Houngbédji demeurent un cas d’école.
Les relations semblent à nouveau cordiales entre le Chef de l’Etat, Patrice Talon, et Me Adrien Houngbédji, président du Parlement. Récemment, au cours de deux différentes cérémonies officielles, on a entendu les deux personnalités se jeter des fleurs, et faire des déclarations bien affectueuses. Or, pour qui connait l’histoire politique récente du pays, ces amabilités et la complicité naissante entre ces deux personnages n’étaient pas données d’avance. Mais, en politique, dit-on, on ne peut jurer de rien. Et la réalité d’hier, est aujourd’hui caduque. Les relations entre le chef de l’Exécutif, et celui du Législatif en sont une parfaite illustration. Car, Patrice Talon et Adrien Houngbédji viennent de loin. Ils ont vécu des vertes et des pas mûres, et traversé de nombreuses péripéties qui laisseraient croire qu’ils sont des ennemis à vie. Par exemple, l’élection présidentielle de mars 2016 a été un moment politique complexe, et une épreuve difficile et compliquée pour eux. Certains secrets d’alcôve, qui devraient rester au couvent politique, ont dû faire leur apparition sur la place publique. Tant l’enjeu de cette élection, son issue difficile à prévoir, et la détermination de chaque camp à rafler la mise, ont suscité moult passions. On sait désormais que Patrice Talon, alors candidat, avait longtemps cherché le soutien politique du Parti du renouveau démocratique (Prd) d’Adrien Houngbédji, et ce, de guerre lasse. On sait aussi que le patron du Prd n’avait pas encore totalement digéré le soutien que le magnat du coton avait apporté en 2006 à son challenger à l’élection présidentielle. Par contre, en 2016, c’est la présence dans les starting blocs du banquier international franco-béninois, Lionel Zinsou, qui a été la pomme de discorde.
Une paix des braves
Neuf mois après l’élection, l’eau a nécessairement coulé sous les ponts. Les uns et les autres ont certainement eu l’occasion de panser leurs blessures. Après le succès de Patrice Talon, l’on s’attendait, naturellement et logiquement, à ce que les relations entre ces deux personnalités qui se retrouvent par la force des choses à la tête de l’Etat, soient houleuses, tendues et pleines de frictions. Mais, c’est sans compter avec les atermoiements et autres fortunes de la vie de la politique. Voulant sûrement éviter des désaccords qui paralyseraient le fonctionnement de l’Etat, les deux hommes se sont efforcés de mettre de l’eau dans leur vin. Ils affichent un rapprochement et ont les mêmes vues sur plusieurs sujets. Cela augure-t-il du bien pour l’Etat de droit ? C’est la question que bon nombre d’observateurs se posent. D’ailleurs, à juste titre ! Car, les tristes années Yayi ont édifié plus d’uns sur les accointances coupables et contre-productives qu’il pouvait y avoir entre personnalités au pouvoir. Dans le cas d’espèce, avec l’avènement de Patrice Talon, les rapports de force ont changé. En homme politique avisé et expérimenté, qui en a vu d’autres, Adrien Houngbédji s’est ravisé. Plus proche de la sortie, il a certainement un héritage à préparer. C’est ce qui a sans doute pesé dans la balance.
W.N