Des titulaires de permis de conduire qui sont sans emploi se livrent au racolage qui consiste à fournir des clients aux conducteurs de taxi. Cette activité permet à ceux qui l’exercent de se mettre à l’abri du vol et des vices passibles de sanctions.
Le racolage est un job qui consiste, d’une part, à conduire les clients vers les taxis en attente de faire le plein. Il consiste d’autre part, à orienter les taxisà bien stationner au bord des voies ou sur les parcs. Encore appelés ‘’agents chargeurs’’, les racoleurs sont d’une grande utilitépour le secteur des transports. Dans les départements du Mono et du Couffo, on les retrouve dans les gares routières et aux abords des voies. Malgré les difficultés liées à cette activité, ils continuent de l’exercer faute d’un emploi durable. Pour eux, il est très difficile d’abandonner ce métier qui leur procure d’argent et les met en contact avec les chauffeurs et les usagers. « Contrairement à ce que les gens font croire, le racolage nourrit son homme. Bien qu’il soit un métier à risque, nous continuons de l’exercer. Nous avons appris la conduite comme métier. Mais, à défaut d’un véhicule, nous faisons le racolage pour joindre les deux bouts », confie Firmin Hounza, chargeur à la gare routière de Lokossa. A l’en croire, le racolage est un métier dont le revenu varie souvent entre 100 et 200 FCfa pour un véhicule à six places. En plus de cette commission, il déclare prendre auprès des passagers de l’argent. «S’il y a des passagers qui nous font parfois des cadeaux, nous ne refusons pas. Des fois, nous sommes payés sur la base de la distance à parcourir par le conducteur de taxi. Le tarif initial retenu dans ce cadre est de 200 francs Cfa par client. Nous y trouvons notre compte malgré tout pour nourrir notre famille et subvenir à nos multiples besoins », ajoute-t-il. En dehors des racoleurs reconnus par les syndicats, il y a d’autres qui se positionnent aux abords des voies pour démarcher aussi des clients pour les conducteurs de taxi. Pour le conducteur de taxi et agent contrôleur à la gare routière de Lokossa, SossouVovo Lionel, les racoleurs sont des agents qui contribuent énormément audéveloppement du transport terrestre. « Nous, chauffeurs, ne pouvons pas faire seuls le chargement. Il faut que quelqu’un nous aide. Et ce sont les chargeurs qui peuvent nous aider à transporter les gros bagages dans nos véhicules », déclare-t-il. A en croire son collègue, Barnabé Houédanou, chauffeur à la gare routière de Lokossa, l’exercice de ce job de chargeur n’est pas donné à n’importe qui. Contrairement à ce que les gens pensent, la pratique du métier de racoleur est soumise à un certain nombre de conditions. « Il faut remplir certaines conditions avant de prétendre être un agent chargeur. Pour être un bon racoleur sur une gare routière, il faut avoirun permis de conduire catégorie B. Maintenant, s’il a le permis de conduire et qu’il n’a pas de véhicule, il peut aider ses collègues chauffeurs à charger leurs bagages afin de trouver de quoi vivre en attendant de trouver mieux», indique-t-il. Pour Auguste Tognissé, les agents chargeurs rendent un grand service à beaucoup de passagers. Car, ils leur permettent de trouver rapidement un véhicule. «Nous perdons souvent beaucoup de temps à trouver un véhicule. Or, avec un racoleur, c’est très facile. Lui, il nous aide à trouver le véhicule taxi que nous désirons», fait-il remarquer.
Difficultés liés au métier
Comme toute activité, le racolage est confronté à beaucoup de risques. Pour les chargeurs, il est difficile d’exercer ce métier, étant donné que les rémunérations ne correspondent pas souvent au travail fait. Illustrant leurs propos, ils ont indiqué qu’ils chargent parfois beaucoup de bagages et c’est seulement 200 FCfa que le chauffeur leur donne. « La première difficulté que nous rencontrons dans le métier, c’est le fait que nous ne trouvons pas assez d’argent. Ce que nous percevons chez les chauffeurs ne correspond pas souvent à l’effort fourni»,précisent-ils. Le second problème est lié aux vols d’objets. « Les passagers nous accusent de vols. Or, nous faisons tout pour que les bagages ne se perdent pas. En cas de perte, nous cotisons pour rembourser », rassure le racoleur, Firmin Hounza. En dehors de ces situations regrettables, les racoleurs font face à une résistance des chauffeurs qui refusent de leur payer ce qu’ils leur doivent. Par ailleurs, les agents chargeurs sont aussi exposés aux risques d’accident de la circulation et aux intempéries, faute d’abri adéquat pour se reposer après une longue journée de travail. Dans l’exercice de leur métier, les racoleurs sont obligés de faire face aux désidératas de certains clients qui souhaitent des conditions de voyage confortables. Au regard de toutes ces difficultés, certains passagers pensent, quant à eux, qu’il faut abandonner ce métier. « Ce n’est pas un métier. La preuve, il n’est pas bien rémunéré. Ce sont des désœuvrés. Il faut qu’ils aillent au champ. Il faut qu’ils cessent d’exercer ce métier. Qu’ils aillent faire autre chose que de penser au racolage », fait savoir Emmanuel, un voyageur. Malgré toutes ces entraves, les acteurs du métier gardent toujours espoir. Raison pour laquelle, ils plaident pour une réorganisation de ce secteur. « L’activité relève d’une grande importance pour le secteur du transport. Il revient à l’Etat et aux organisations syndicales de travailler pour la réglementation du secteur. Il faut que l’Etat revoie l’organisation de ce secteur. Ça va rendre service aux chauffeurs et aux usagers », souhaite le racoleur, Firmin Hounza.
Claude Ahovè
(Br Mono-Couffo)