Malgré les fermes engagements de ses dirigeants en 2016, l’Union fait la Nation (Un) ne s’est pas encore transformée en parti politique. L’échéance est prorogée depuis 2012. Et beaucoup se demandent si les Unionistes croient réellement en leur projet.
2016 a pris fin. Mais les partis et mouvements politiques de l’Un n’ont toujours pas fusionné. L’ensemble politique reste à l’étape d’alliance de partis. L’Union est encore loin de se muer en parti politique. Or en mai 2016, lors d’une journée de réflexion dirigée par le vice-président de l’alliance, Kolawolé Idji, les Unionistes ont rassuré l’opinion par rapport à leur détermination à concrétiser leur rêve. La déclaration ayant sanctionné la rencontre recommandait « la définition d’un chronogramme et la mise en place d’un comité préparatoire du congrès constitutif du parti Un pour au plus tard décembre 2016». 5 mois après, Jean-Baptiste Hounguè, le président de l’Alliance pour une alternative républicaine (Aar) membre de l’Union, fera aussi des annonces fortes. « Le congrès d’unification de l’alliance Union fait la Nation aura lieu en décembre prochain et je suis l’un de ceux qui sont chargés d’aller préparer le terrain », avait déclaré Jean-Baptiste Hounguè qui coordonne les activités de terrain de l’Un. Pour lui, « le temps est arrivé pour l’Un ». « Aujourd'hui, avait-il poursuivi, dans chacun de de ces fiefs, on ne parle plus du Psd, du Madep, de Force clé, etc. Lorsqu'en décembre, nous irons en congrès d'unification, le président Amoussou Bruno ne dira pas, je suis du Psd, Fagbohoun ne dira pas je suis propriétaire du Madep ».Mais il n’en sera rien. Du moins pour le moment. Mais en réalité l’idée ne date de 2016. Lors de sa formation en 2009, ses membres fondateurs avaient appelé à sa transformation progressive. Au lendemain du K.O de 2011, les plus engagés ont réitéré ce vœu. Une résolution spéciale sanctionnant la Convention d’avril 2012avait suggéré la fusion de l’Union avant 2014. Plusieurs actions ont été menées. Le président de l’Union, Bruno Amoussou n’a cessé de rappeler la nécessité pour l’alliance de se transformer en parti politique. Les propos et les engagements des membres de l’union ne sont pas suivis d’actes. Ce demi-échec n’est pas une grosse surprise tant les enjeux sont grands. Aller à la fusion, c’est obliger plusieurs formations politiques à faire de difficiles concessions. Des partis et mouvements créés depuis des décennies devront disparaître au profit d’une seule grosse machine. Des présidents de partis perdront des avantages et des privilèges. Les conséquences sont donc énormes pour les "présidents" de l’Union.
Gérer les déchirements de 2016…
En dehors des avantages particuliers, peut-être existentiels, à défendre, l’Union a dû faire face aux divisions liées à la présidentielle de 2016. L’Un est en effet sortie très secouée des dernières joutes électorales. Ses membres se sont livrés une bataille de chiffonniers.Les tergiversations nées du processus de désignation du candidat unique des Unionistes ont fragilisé le Bureau politique déchiré entre les idéaux de Lionel Zinsou, Sébastien Ajavon et Patrice Talon.Même après la présidentielle, les blessures restent béantes. Et tenir la promesse de décembre 2016 était une vraie gageure.
L’appel du Prd, une aubaine ?
Après la présidentielle de 2016, l’Un peine manifestement encore à colmater les brèches. Hier, sur Canal 3 Bénin, Jean-Baptiste Hounguè qui expliquait l’échec de décembre 2016 par l’existence « de petites difficultés», a souligné que la fusion « arrivera un jour ». Il n’est donc pas exclu que les membres de l’Un finissent 2017 sans atteindre leur objectif. Mais l’Union a peut-être une chance d’accélérer le processus visiblement miné. Elle pourrait saisir la perche que le Parti du Renouveau démocratique (Prd) a tendue aux partis politiques par rapport à la réforme du système partisan béninois. Le week-end écoulé, à la faveur de la cérémonie de présentation de vœux des « Tchoco-Tchoco » à leur leader à Porto-Novo, une belle offre a été faite aux autres formations politiques. « (…) 2017 s’annonce sous les perspectives des réformes. Qu’est-ce que nous allons faire ? Voilà que nous avons déjà dit que nous voulons moins de partis politiques. Nous voulons moins de transhumance. Nous voulons que l’Etat finance les partis politiques. Nous devons donc nous mettre au travail. Pour que les réformes se réalisent, il faut que nous soyons nous-mêmes d’abord forts…Nous devons être forts. Le Prd doit être fort ; vous verrez que notre alliance ou notre fusion avec d’autres partis sera une fusion bénéfique pour ceux vers qui nous allons comme nos militants », avait déclaré Me Adrien Houngbédji. Le Prd désormais inscrit dans une logique de grand ensemble fait partie de la même majorité présidentielle que l’Un. A priori, ces deux forces politiques devraient accorder leurs violons afin de renforcer leur assise sur la scène politique. Seulement, une vieille querelle les oppose depuis la présidentielle de 2011. Le parti arc-en-ciel a pratiquement abandonné ses alliés unionistes après 2011. Il a critiqué la fusion proposée en 2012 tout en estimant que les autres membres de l’Un avaient été moins combattifs lors de la cahoteuse élection de 2011 ; présidentielle au cours de laquelle Me Adrien Houngbédji avait livré sa dernière grande bataille en tant que candidat unique de l’Un. Aujourd’hui, les deux formations politiques ont l’opportunité de s’unir à nouveau. Mais oseront-elles réaliser cette option déterminante?Pourront-elles surpasser les vieilles querelles pour construire l’avenir? Les faits éclaireront l’opinion.
A.S