Des travaux de recherche de Georg Georgen, il résulte que l’Afrique centrale et l’Afrique de l’ouest feront bientôt face à une attaque de chenille. Selon les chercheurs, cet espèce de chenille scientifiquement parlant à nom Spodoptera frugiperda ou, la noctuelle américaine du maïs en français. Il faut noter que cette chenille est déjà connue comme le premier ravageur du maïs au Brésil. Cet espèce a des mandibules plus dures et s’attaque à plusieurs autres cultures. Dans l’espoir d’une solution efficace contre elle, l’usage de pesticides est recommandé.
L’arrivée sur le continent de ce ravageur a été signalée dans un article publié par la revue scientifique Plos, au mois d’octobre 2016, sanctionnant des travaux d’une équipe de chercheur conduite par Georg Georgen. Selon cet article, les premières observations en Afrique de la noctuelle américaine de maïs ont eu lieu vers fin janvier 2016 au Nigeria ; notamment dans le sud-ouest du pays ainsi que dans les champs de maïs de l’Institut international de l’agriculture tropicale (IITA) d’Ibadan.“Cette chenille est dotée de mandibules plus dures que celles des autres espèces de noctuelles, ce qui lui permet de s’attaquer plus facilement aux plantes de la famille des graminées, même si celles-ci présentent un taux élevé de silicium RECA Niger. « Les attaques de cette chenille ont été dans un premier temps attribuées à une autre espèce de noctuelle appelée Lepidoptera Noctuidae, déjà répandue sur le continent », écrivent les auteurs de l’article. Mais, la nouvelle venue s’est propagée rapidement et a été signalée, avant fin 2016, dans d’autres pays comme le Bénin, le Togo, le Niger et même Sao Tomé et Principe. A en croire le Réseau des chambres d’agriculture du Niger (RECA Niger), la noctuelle américaine du maïs a été identifié dans deux régions du pays : Torodi et Dosso.« Quand nous sommes descendus sur le terrain, nous avons constaté que cette chenille avait complètement dévasté les cultures de maïs à Torodi », témoigne Aminou Salifou, bio-ingénieur en protection des cultures au Niger. « Les dégâts ont été observés sur les feuilles, les fleurs avant leurs sorties, et sur les épis. Les feuilles portent de nombreux trous et déchirures. C’est tellement impressionnant que l’on pourrait croire à une attaque de criquets », confirme le RECA Niger dans un article publié le 5 décembre 2016 et consacré à cette chenille.« Actuellement, nous apprenons même qu’en dehors de ces deux régions, il y a plusieurs autres localités du pays qui sont déjà attaquées par cette chenille », indique l’ingénieure agronome nigérienne Aïssa Harouna Kimba, interrogée en fin décembre 2016 par SciDev.Net.
Très vorace
Cette chenille nouvelle en Afrique se caractérise par un ensemble de lignes parallèles le long de son corps avec « la ligne centrale qui forme un Y caractéristique au niveau de sa tête », écrit le RECA Niger. L’organisation ajoute que ce nouveau ravageur qui mesure 3 cm au dernier stade larvaire est doté « de mandibules plus dures que celles des autres espèces de noctuelles, ce qui lui permet de s’attaquer plus facilement aux plantes de la famille des graminées, même si celles-ci présentent un taux élevé de silice ». Cela dit, sa présence sur le sol africain inquiète beaucoup les chercheurs pour deux raisons principales. D’une part parce que contrairement aux autres espèces de chenilles qui se développent et se multiplient sur les herbes avant d’infester les cultures, la noctuelle américaine pond ses œufs directement sur le maïs. D’autre part parce qu’elle est très vorace et s’attaque à un nombre élevé de cultures importantes pour l’économie et la sécurité alimentaire sur le continent : maïs, mil, sorgho, riz, canne à sucre, haricot, patate, arachide, coton, etc. Avant son arrivée en Afrique, le Spodoptera frugiperda sévissait déjà en Amérique tropicale où elle représente d’ailleurs, d’après les chercheurs, le principal ravageur du maïs au Brésil, troisième pays producteur mondial de cette céréale. Pour l’heure, les chercheurs ne savent pas encore comment cette chenille est passée de l’Amérique à l’Afrique ; mais, ils savent qu’elle est capable de se propager sur 2000 km en un an au-delà de sa zone d’existence endémique.
Lutte chimique
En attendant qu’un traitement efficace soit trouvé pour combattre ce ravageur, les producteurs et les agronomes se servent des produits usuels. « A notre avis, le moyen ultime de combattre cette chenille à ce stade, c’est la lutte chimique. On aurait voulu que tel ne soit pas le cas et qu’on l’on passe par des méthodes culturales », indique Aminou Salifou. « Malheureusement, des produits de contact qui contiennent la matière active comme le Deltaméthine n’ont pas eu de bons résultats. Nous envisageons donc des produits systémiques comme l’Acétamipride, qui passent par les feuilles », ajoute-t-il. Pour le RECA Niger, les faibles résultats enregistrés lors de la lutte avec des produits de contact s’expliquent par le fait que les chenilles sont logées à l’intérieur des plants de maïs. En tout état de cause, selon les techniciens nigériens de l’agriculture, il y a un ensemble de solutions qui sont en train d’être évaluées, parmi lesquelles l’utilisation de biopesticides à base de neem. « On va attendre la remontée de l’information pour savoir si les solutions préconisées ont donné de bons résultats ou pas », indique Aïssa Harouna Kimba.
Julien CHONGWANG