Le Programme d’actions du Gouvernement (Pag) lancé le 16 décembre 2016 est de plus en plus exposé à certaines critiques de fond. Pourtant ses options de politiques ne manquent pas de pertinence.
Dire que le Programme d’actions du Gouvernement (Pag) est audacieux est un doux euphémisme. Il est donc normal que l’ambition qu’il porte suscite de l’intérêt et parfois même des critiques. Mais le mérite de ce document, c’est d’avoir été pensé sur des orientations claires qui dégagent la qualité des options du Gouvernement en termes de mobilisation de ressources, de priorités en infrastructures structurantes et de résultats à atteindre. Mais aussi surprenant que cela puisse paraître, certaines critiques reposent sur le fait que le Pag doit rechercher prioritairement son financement auprès du secteur privé à hauteur de 71% pour les projets phares et 61% pour l’ensemble. Il sied de faire remarquer que la dynamique économique mondiale est aujourd’hui au recours aux ressources privées. Les Etats ont de moins en moins de moyens pour faire face aux œuvres de développement, surtout quand ils n’ont pas de matières premières mises en évidence et exploitées. Pour la taille du financement recherché et pour les grandes ambitions affichées par le Pag, il faut trouver les moyens en urgence. En l’espèce, le « comptons d’abord sur nos propres forces » aurait été un manque de réalisme. Sérieusement, peut-on rigoureusement soutenir par exemple qu’il est possible, en cinq ans, de mobiliser ne serait-ce que la moitié de ce financement uniquement par les taxes diverses sur les populations ? Il est donc indiqué dans les arcanes du pouvoir qu’il ne s’agit donc nullement, à travers ce choix stratégique et objectif du gouvernement, de dérouler le tapis des profits aux acteurs du privé ; mais il est question d’un choix de raison et surtout d’efficacité.
On reproche également au Programme, l’absence notoire de grands projets industriels. L’Etat n’a pas vocation à construire des usines mais mettre en place les facteurs de production et l’environnement fiscal adéquat pour favoriser l’industrialisation. Sur le coup, le Pag a vu juste de considérer que l’élément basique de toute industrialisation reste l’énergie. Avons-nous aujourd’hui l’énergie à profusion pour soutenir une industrialisation d’envergure ? Non ! Ceci explique toute la volonté du Gouvernement d’investir massivement dans l’énergie pour assurer, après avoir comblé le déficit, l’indépendance énergétique du Bénin. Les investissements engagés depuis 9 mois concourent d’ailleurs à la réalisation de cette ambition. Le Pag l’énonce bien, à terme, le Bénin devrait disposer en propre d’une capacité de 500 MW. C’est donc ce préalable qu’il faut lever d’abord avant d’espérer une industrialisation conséquente du pays. On ne peut reprocher au gouvernement de vouloir créer les bases nécessaires à l’émergence d’une industrie porteuse de création massive d’emplois, d’autant que son Programme d’actions projette de génèrer 500.000 emplois.
La problématique de la dette !
La question de l’augmentation de la pression fiscale sur les populations suite à l’alourdissement de l’encours de la dette est pertinente pour peu qu’on soit soucieux du respect des critères de convergence au niveau de l’Uémoa. Selon le schéma du Pag, l’encours de la dette devra passer de 41,6% à 61,3% du Pib au cours de la période 2016-2021. Si les chiffres évoqués semblent intrigantes, il convient de rappeler le contexte dans lequel ils ont été définis. Même si comparaison n’est pas raison, il faut signaler que le gouvernement Talon a hérité d’un encours culminant à 70% en 2016. Ce qui l’a conduit à réaliser le collectif budgétaire pour le ramener à la proportion plus soutenable de 50%. Puis, une lecture sérieuse et objective du document montre que de 2017 à 2019, l’encours de la dette connaît un accroissement constant. Cela est dû, ainsi que l’a révélé le ministre de l’Economie et des Finances, au choix stratégique du Gouvernement de s’endetter pour réaliser des investissements structurants. La philosophie qui porte cette volonté est que pour compter de 2020, les investissements structurants effectués ont commencé à générer leurs effets. D’où l’encours connaît-il une baisse à partir de 2020, passant de 63,1% en 2019 à 62% en 2020. Une tendance baissière qui se poursuit en 2021 avec un encours descendant à 61,3%. Et la même tendance se poursuit sur le long terme, jusqu’en 2032.
D’autres critiques évoquent un « processus bureaucratique d’élaboration et de mobilisation autour du programme». Pourtant, il est de notoriété publique que la matrice du Pag demeure le projet de société du candidat Patrice Talon dont la réalisation avait recueilli les critiques et amendements des populations. Mieux, le processus d’élaboration du Pag a consisté en une mobilisation des compétences de tous horizons, et en des descentes sur le terrain. Le Pag est sorti des tripes des cadres béninois. Les cabinets Deloitte et Attias ont été sollicités, c’était juste, s’agissant du premier, pour aider à l’élaboration des fiches de certains projets et, pour ce qui est du second, dans le cadre d’un appui-conseil pour l’événementiel ?