La barque de Candide Azannaï tangue. Les militants du parti « Restaurer l’espoir » ne jouissent pas des fruits de leurs labeurs. Dans leurs rangs, monte une sourde colère. Confirmation en a été donnée dimanche dernier à l’occasion de la cérémonie de présentation de vœux qui a réuni les militants autour de leur leader charismatique. Après l’épisode des législatives, des municipales, communales et locales de 2015 et de la présidentielle de 2016, les acteurs de la nette percée de cette formation politique à ces échéances électorales devraient se la couler douce. Mais il n’en est rien. Frustrations et ressentiments sont les maîtres mots qui animent les cœurs de la quasi-totalité des leaders d’opinion qui ont mouillé le maillot de manière intrépide sous les directives de l’actuelle ministre de la défense. Sensible à l’état d’âme de ses compagnons de lutte qui lui ont témoigné leur fidélité au cours de la traversée du désert qui ne finit d’ailleurs pas, Candide Azannaï qui partage leur désarroi, se veut davantage rassembleur.
Les échos de la démobilisation lui sont parvenus et, en homme politique avisé, il a voulu très vite calmer les tensions. Comme toute personne sage en une pareille situation, il a fait l’option de la prévention au lieu de laisser la situation s’empirer avant de tenter de colmater les brèches. C’est pourquoi il s’est évertué à remonter le moral de la troupe. Curieux exercice pour un chef de parti qui a remporté haut les mains trois élections majeures en l’espace de quelques mois et qui est censé se trouver dans les bonnes grâces du chef de l’Etat. Visiblement, le leader de la 16ème circonscription électorale a du mal à « caser » ses hommes de main qui se sont échinés sur le terrain lors des compétitions électorales. Sans coup férir, il les a expressément invité à rester soudés pour des victoires plus grandes : « Parce que nous devons aller loin, vous devez continuer ces sacrifices. Vous ne devez jamais vous décourager. Car l’espoir est permis. Ne fléchissez pas, ne doutez pas ».
En attendant la convocation d’un congrès dans les tout prochains mois, Candide Azannaï fait des pieds et des mains pour ne pas perdre la face sur le terrain politique. Premier soutien de Patrice Talon dès les premières heures de la brouille avec Boni Yayi, il a été de tous les combats. Seul contre tous, au péril de sa carrière politique, il a défendu les intérêts du chef de l’Etat, contre vents et marées, alors que celui-ci était en exil. Véritable animal politique, il a mis au tapis ses adversaires politiques. A lui tout seul, il a réduit l’influence des deux formations politiques majeures dans lesquelles il a milité à savoir la Renaissance du Bénin (Rb) et les Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) en s’octroyant dans les urnes 3 des 5 sièges en compétition dans la 16ème circonscription électorale lors des législatives de avril 2015. L’aventure s’est poursuivie aux élections locales et à la présidentielle où son candidat Patrice Talon a été porté en triomphe.
On comprend difficilement qu’après avoir rendu autant de bons et loyaux services au président de la République, qu’il ne puisse pas contenter ses militants les plus en vue qui ont pris autant que lui de gros risques sur le terrain. Les relations ne sont-elles plus au beau fixe entre Candide Azannai et Patrice Talon ? Difficile de croire que le ciel des relations se soit déjà assombri entre les deux hommes que rien n’oppose a priori. Jusqu’à preuve du contraire, Candide Azannaï fait partie du cercle restreint de Patrice Talon. S’il se retrouve dans une position aussi délicate vis-à-vis des siens, c’est que quelque part, il y a anguille sous roche. Peut-être aussi que le problème se trouve à son niveau et qu’il a du mal à contenter sa troupe qui a tout donné pour lui octroyer une place de choix sur la scène politique.
Moïse DOSSOUMOU