Reçu hier lundi 23 janvier sur Canal 3, le préfet du Littoral, Modeste Toboula, a opiné sur le conflit entre la mairie et la préfecture de Cotonou dans l’opération de déguerpissement. Il dénonce une forte politisation des actions de la mairie.
«Nous sommes un Etat central. Et c’est l’Etat central qui a eu, à un moment donné, la volonté de déléguer ses prérogatives. De ce point de vue, la mairie ne peut pas enclencher une opération de même nature lorsque l’Etat décide de faire la même chose dans la même période. Je suis désolé de le dire. Pendant ces quelques mois à la tête de la préfecture, j’ai constaté que la mairie de Cotonou ne fait que des actions politiques et non des actions de développement. A chaque fois qu’on veut mener une action et que la priorité c’est l’intérêt politique, on passe à côté. Encore que c’est le développement qui consolide la politique… Les populations apprécient la mesure. Les autorités municipales n’ont pas le choix. Elles doivent accompagner les populations qui les ont élues. La population a accepté la décision et l’accompagne. Et vous voyez que les casses se font à près de 80% par les populations elles-mêmes. Cela veut dire que le peuple est en phase avec son chef. Le peuple est en phase avec le gouvernement. Je suis un peu embêté quand on dit que c’est la mairie qui a initié l’opération de ramassage des gravats. Je m’inscris en faux contre ça. C’est le gouvernement qui a mis en place les ressources suffisantes pour opérer, non seulement opérer les casses, mais aussi le ramassage des gravats. Le chef de l’Etat a donné des instructions fermes pour que le ramassage des gravats se fasse au jour le jour. Et dans ce cadre, nous travaillons 24h sur 24. Le ministère du Cadre de vie a déployé les moyens pour que nous puissions nous assurer totalement du ramassage des gravats. Je ne sais pas en quoi la mairie déploie des efforts dans ce cadre. C’est vrai que la mairie a émis le vœu, après les casses, d’utiliser les gravats pour fermer des bas-fonds et créer de nouveaux marchés pour les dames qui cherchent à être relogées. Du point de vue environnemental, c’est une bombe écologique. On ne peut pas prendre des gravats et aller fermer des bas-fonds, et créer des marchés artificiels, disant qu’on a trouvé des espaces pour reloger les bonnes dames. Ça ne répond à aucune norme environnementale. C’est une bombe écologique. Je trouve que c’est un choix inopérant. Et c’est d’ailleurs ce qui a été souvent fait. La mairie n’a jamais fait de choix pour que Cotonou soit une ville durable. (…). De façon générale, il y a une société d’Etat qui gère les marchés, la Sogéma. Nous avons coordonné les activités relatives à la réinstallation des bonnes dames sur le marché ponctuel qui a été créé à Pk3 au Synapostel. Et aujourd’hui, il y a plus de mille places qui attendent. Avec la direction générale de la Sogéma, nous allons lancer cette opération. On évite une pollution esthétique. On donne la latitude aux dames d’être recensées, d’être connues. Et l’informel qui était une source de distraction de ressources au niveau de la Commune, trouve aujourd’hui par ce biais une solution. (…).
Séance de travail avec les élus locaux
Vendredi dernier, nous avons fait une séance de travail avec les chefs de quartier pour leur demander de sensibiliser les populations sur la lutte contre la recolonisation. Mais grande à été notre surprise de constater que cette séance de travail a été dénaturée. On a dit qu’aujourd’hui (lundi 23 janvier 2017) à 6h du matin, l’équipe préfectorale entrerait dans les ruelles. Ce qui est faux. Les ruelles ne sont pas concernées par l’opération. Et quand vous prenez cet acte et que vous le juxtaposez aux sommations que la mairie a commencées par délivrer pour les occupants des domaines de l’Etat dans les ruelles, je trouve qu’il y a un acte prémédité d’entraîner un soulèvement qu’on aurait voulu depuis pour saboter l’action gouvernementale. Et il me semble que ce n’est pas de bonne foi. Pour la question des zémidjans, je les ai rencontrés plusieurs fois. C’est d’ailleurs eux-mêmes qui ont posé le problème. Nous avons échangé sur la nécessité d’assainir le milieu des zémidjans afin de les mettre à contribution dans le cadre des opérations de sécurisation du département. Nous avons identifié plusieurs chantiers dont celui relatif à récupérer les zémidjans qui sont des vecteurs d’actes d’insécurité perpétrés. Nous avons décidé, ensemble, de mettre fin à cela. Les zémidjans pourront vous dire que c’est de commun accord avec l’autorité préfectorale que cette décision a été prise…»