Après la révélation de l’affaire des fonctionnaires fictifs militaires, gendarmes, policiers et civils, on se demande comment le chef de l’Etat, Patrice Talon, va gérer ce scandale dans la mesure où c’est sur ses instructions que le directeur de cabinet militaire de la présidence a alerté le ministre de la défense nationale. Beaucoup s’attendent à voir la suite du dossier dans l’espoir secret que le réseau sera démantelé et les mis en cause pourront répondre de leurs actes si les preuves sont établies.Dans un courrier, pour le moins troublant, dont le contenu renseigne sur les effectifs des hommes en uniforme (policiers, gendarmes, militaires) qui émargent au budget national, le Directeur du cabinet militaire du chef de l’Etat informe le ministre de la défense nationale qu’après recensement, il y a 1331 personnels inconnus. Avant le recensement, l’effectif estimé de tous les agents était de 25759. Après l’opération, 23352 personnels ont été enrôlés, dont 731 en mission à l’étranger, 200 en stages à l’extérieur et 145 n’ont pu être recensés. Ce point numérique concerne les effectifs des gendarmes, policiers et militaires qui sont repartis sur l’ensemble du territoire national et à l’étranger, ajoutés à quelques civils qui sont employés par les deux ministères supra cités. De ces chiffres, on en déduit qu’il y a un écart entre le nombre de personnels qui étaient estimés et les effectifs recensés. 1331 personnes n’ont pu être retrouvées, alors que leurs salaires et primes ont été régulièrement budgétisés et payés. Au regard de cela, et dans le même courrier, il a été demandé au ministre de la défense nationale d’instruire ses collaborateurs aux fins qu’ils procèdent au paiement main à main, alors que les salaires étaient virés sur le compte de chaque agent. Dans cette mesure prise et qui a même été étendue aux autres fonctionnaires, de même qu’aux retraités, il apparait des faits de détournements dans les opérations de virement. Le recensement a révélé que des agents de l’Etat créent des fonctionnaires fictifs et empochent leurs salaires et primes. Comment fonctionnent-ils ? Depuis quand cette supercherie est organisée ? Combien de personnels fictifs ont-ils déjà fabriqués ? Quelle est la somme d’argent déjà détournée ? Ce sont autant de questions qui doivent trouver réponses, sans quoi, la lutte contre la corruption et la mauvaise gouvernance sous Patrice Talon laissera l’opinion publique sur sa faim. Le cas des 1331 personnels signalés par le cabinet militaire du chef de l’Etat connaitra-t-il une suite ? Il y a lieu de situer les responsabilités. Beaucoup pourraient se demander pourquoi le directeur de cabinet militaire de la présidence de la République, en déférant aux instructions du chef de l’Etat, demande au ministre de la défense nationale de procéder au paiement main à main des agents sur présentation de la fiche de renseignement. A cela, on peut comprendre qu’il y a une structure sous la tutelle du ministre de la défense nationale qui traite des salaires des policiers, gendarmes et militaires, voire de quelques civils. En somme, un nouveau scandale ou une vaste supercherie orchestrée depuis des années sur le dos de l’Etat et qui a enrichi sans doute les membres du réseau qui opèrent sous le parapluie de hauts gradés de l’Armée. Une odieuse affaire longtemps entretenue et qu’il va falloir élucider. C’est à ce prix que les Béninois n’afficheront aucune méfiance à l’égard du chef de l’Etat qui a pris l’engagement de lutter contre la corruption, l’impunité et la mauvaise gouvernance.
A. T.