Après 08 mois de gestion, l’opinion s’impatiente toujours d’avoir une opposition sérieuse pour animer la vie politique, mais c’est toujours le statu quo. Faire de l’opposition est-il un exercice si difficile pour qu’aucun parti n’ose prendre le risque ?
Déjà 8 mois, mais toujours pas de contradicteur de taille pour affronter le Nouveau départ. A part quelques questions larguées mollement à l’Assemblée nationale et un combat solitaire fait par un jeune citoyen qui a sans doute du chemin, rien de vraiment sérieux à se mettre sous la dent. Pas de regroupement sérieux facilement identifiable ! Pas d’engagement politique affiché ! Il est difficile de faire l’opposition certes, mais il faut bien une opposition finalement. Le silence noté actuellement fascine douloureusement, car la gouvernance reste une œuvre humaine et des erreurs sont permises. Le régime du Nouveau départ n’est pas un ange et, une opposition organisée et sérieuse pourra l’aider à corriger ce qui doit l’être. Se refuser d’être dans l’opposition alors même qu’on a les attributs pour remplir clairement cette tâche est une démarche qui surprend tout de même. Tout semble démontrer que l’opposition est une géhenne que tout le monde fuit. Mais est-ce tant la peur d’être dans l’opposition qui hante ou la désorganisation actuelle des partis politiques ? La réponse trouve sans doute son sens dans la question. En fait, le schéma politique actuellement est unique en son genre. Par le passé, les partis politiques ayant perdu une élection présidentielle se rangeaient simplement dans l’opposition. Cette fois-ci, c’est tout le contraire. Aux premières heures des résultats, on a assisté à une vague de défections du côté de ces partis censés être de l’opposition. Au sein des Fcbe par exemple, il y a des acteurs politiques pratiquement noyaux de cet ensemble qui n’ont pas hésité, au lendemain des élections, à afficher leur appartenance au Nouveau départ. Il y a encore récemment le ministre François Abiola qui s’est affiché clairement comme centriste. Même parmi ceux qui sont restés et qui se disent vouloir faire l’opposition, tous n’ont pas vraiment le cœur à cette mission. La dynamique de groupe de ce côté est fortement éprouvée et on se demande si d’ici là, il n’y aura pas d’autres défections. Encore qu’il y a beaucoup d’anciens très proches de cette alliance qui sont actuellement dans le Nouveau départ. Le Parti de la Renaissance du Bénin (Rb) aussi n’échappe pas vraiment à cet inconfort. Perdante derrière Lionel Zinsou au cours des récentes élections, la Rb était logiquement et sur papier le parti de l’opposition. Mais dans la réalité, surtout avec la configuration à l’Assemblée, on fait tôt de déchanter. La Doyenne d’âge, Rosine Soglo, figure influente du parti à l’Hémicycle, n’était pas du côté des perdants. Au sein même du parti, des députés n’hésitent pas à afficher fortement et avec insistance leur appartenance au régime du nouveau départ. Tout cela complique la tâche au président de cette formation de tenter une aventure dans l’opposition. L’autre qui a une position claire, c’est le Parti du renouveau démocratique (Prd). Son Chef Adrien Houngbédji a définitivement clos le sujet. Mis à part le Prd, l’intérieur des partis devant être de l’opposition, les positions sont antagonistes. Chacun cherche sa voie. Seules les téméraires restent. Encore qu’on a du mal à les identifier jusque-là. La contradiction constructive est nécessaire à la survie démocratique d’un pays. Les acteurs qui ont la charge doivent s’y atteler ou faire le choix d’entrer tristement dans l’histoire.
HA