Le Secrétariat permanent du comité de suivi de la concertation des rois, reines et autres dignitaires traditionnels du Bénin a tenu sa première session ce mercredi 25 janvier à l’Ecole du patrimoine africain (EPA) de Porto-Novo. Les échanges ont surtout porté sur la prise en compte de leurs propositions et préoccupations dans le cadre des réformes politiques et institutionnelles en cours au Bénin.
Les rois, reines et autres dignitaires traditionnels du Bénin ont de nombreuses préoccupations à faire prendre en compte dans les réformes politiques et institutionnelles, avec en point de mire la révision de la Constitution du 11 décembre 1990. Lesquelles préoccupations ont été adoptées par ces derniers à l’issue de leurs assises nationales le 30 mai 2016 à Cotonou, et contenues dans un document-synthèse qu’ils ont intitulé : « Préoccupations des dignitaires et intellectuels traditionnels pour un Bénin émancipé. A prendre en compte par la commission technique chargée des réformes politiques et institutionnelles ». Ce document a été déposé à la commission technique des réformes présidée par le ministre chargé de la Justice, Joseph Djogbénou, avec une copie au président de l’Assemblée nationale, Me Adrien Houngbédji.
Mais depuis lors, les rois et autres dignitaires traditionnels constatent avec amertume un silence assourdissant des autorités par rapport à leurs propositions et préoccupations. Ils n’ont eu jusqu’ici aucune réaction de nature à les rassurer du sort de leur document-synthèse. « Cela nous inquiète d’autant qu’il s’agit de nos valeurs cultuelles et culturelles et aucune réforme politique et institutionnelle qui vise le bien-être de nos populations et le développement du Bénin ne peut ne pas en tenir compte», relève le communiqué final qui a sanctionné les travaux de la première session duSecrétariat permanent du comité de suivi de la concertation des rois, reines et autres dignitaires traditionnels du Bénin tenue ce mercredi 25 janvier, à l’Ecole du patrimoine africain à Porto-Novo. La réunion a été organisée à l’initiative de Sa Majesté Dè Tofa IX Ayontinmè, roi de Porto-Novo.
Elle a connu la participation de plusieurs rois provenant des quatre coins du Bénin, dont Sa Majesté Atchiba II, roi de Bassila. Les rois, reines et autres dignitaires traditionnels souhaitent vivement la prise en compte de leurs préoccupations pour la réhabilitation de nos valeurs endogènes et pour une meilleure affirmation de notre identité culturelle ». Celles-ci concernent entre autres la création au sein du Parlement, de la Chambre des nationalités composée de représentants des autorités traditionnelles et qui aura pour mission de contrôler la conformité des lois votées par les députés de l’Assemblée nationale avec les coutumes positives du Bénin, la création d’une juridiction de droit traditionnel depuis le village jusqu’au sommet et la reconnaissance par l’Etat des rois, chefs de terre, chef de couvents, devins comme administrateurs et juges locaux et dûment payés par les soins et fonds de l’Etat.
Aussi, les rois, reines et autres dignitaires traditionnels veulent-ils que la prochaine Constitution béninoise reconnaisse les groupes de chasseurs de diverses contrées du pays ainsi que les brigades de jeunes comme structures légales contribuant à la sécurité publique et leur rémunération subséquente. A ces préoccupations, le document-synthèse retient la reconnaissance par l’Etat des cabinets et cliniques des tradithérapeutes et guérisseurs comme établissements de soins de santé légaux et partie intégrante de la médecine officielle au Bénin ainsi que le paiement par l’Etat des activités de guérisseurs traditionnels et la reconnaissance de toutes les langues nationales comme langues officielles. Les rois et autres dignitaires traditionnels invitent le Gouvernement et l’Assemblée nationale à donner une suite favorable à ces préoccupations pour la consolidation de la paix et de l’unité nationale au Bénin?
Thibaud C. NAGNONHOU, A/R Ouémé-Plateau