Bientôt un an que le régime de la Rupture devenu ‘’Bénin Révélé’’ est aux commandes. Mais contrairement aux anciens régimes qui, dès le début, avaient en face une vraie opposition, la classe politique et la société civile sont sous le choc. Dix mois après, elles sont encore hypnotisées, presque ensorcelées. Et l’affaire de cocaïne qui a été utilisée pour essayer d’embastiller Sébastien Ajavon, venu en 3e position avec 23% de suffrages, soutien déterminant de Talon au second tour, a fini par jeter la peur dans le rang de ceux qui nourrissaient le désir de s’opposer au nouveau régime.
En essayant d’envoyer derrière les barreaux Sébastien Ajavon, 2e fortune du Bénin qui a tenu tête dix ans durant au régime Yayi, Patrice Talon a voulu lancer un message fort : Tout le monde peut y passer. Et apparemment, ce message n’est pas tombé dans des oreilles de sourds. « S’il a pu faire cela à Ajavon, qui suis-je moi ? » semble désormais être le slogan aussi bien de la classe politique que de la société civile. Il y a comme une psychose générale qui s’empare de ceux qui devraient animer la vie politique et apporter la contradiction. Ce qui conduit inéluctablement vers une dictature où le nouveau prince se croit tout permis. Sinon, comment comprendre ce mutisme général alors que s’égrènent des actes qui, au temps de Kérékou ou de Yayi, auraient suscité de vives polémiques. Les casses et déguerpissements qui se font de façon sauvage, la situation de l’église de Banamè avec les princes d’Abomey sans aucune réaction officielle du gouvernement, la situation des syndicalistes emprisonnés (le cas de Amaga), le retour du Pvi sous l’appellation ‘’Vérité des prix’’, l’ultra monopole sur le coton à partir des appels d’offres taillés sur mesure, la suppression pure et simple d’entreprises d’Etat telles que la Sonapra, l’Onasa et autres, l’interdiction de la liberté d’association aux étudiants depuis plusieurs mois, la fermeture arbitraire d’organes de presse, la brutalité verbale et physique du préfet Toboula envers les syndicalistes,la mairie de Cotonou et même des agents de sécurité censés le protéger, sont autant d’actes qui méritent une prise de position des forces vives de la nation. Mais il n’en est rien. Tout ceci se passe sans la moindre réaction. On ne dirait pas que c’est dans ce même pays qu’on a connu une opposition aussi virulente que celle de Tévoédjrè sous le régime Soglo, celle de la Rb, de Sacca Lafia et autres sous Kérékou 1 et 2 ou encore celle de Houngbédji sous Yayi. Décidemment le Bénin de la Rupture n’a rien à voir avec ce Bénin qui recevait des lauriers du monde entier à cause de la vitalité de sa démocratie.
Mais aussi longtemps que peut durer la nuit, le soleil finit toujours par montrer ses rayons. Espérons seulement que quand le masque va tomber, il ne sera pas déjà trop tard. Car, c’est de petites frustrations que naissent les grands conflits et aussi bien la classe politique que la société civile devra assumer la responsabilité de ce silence devant l’histoire. C’est une aberration de penser que ça n’arrive qu’aux autres. Cela rappelle la célèbre citation du pasteur antinazi Martin Niemöller :
« Quand ils sont venus chercher les communistes,
Je n'ai rien dit,
Je n'étais pas communiste.
Quand ils sont venus chercher les syndicalistes,
Je n'ai rien dit,
Je n'étais pas syndicaliste.
Quand ils sont venus chercher les juifs,
Je n'ai pas protesté,
Je n'étais pas juif.
Quand ils sont venus chercher les catholiques,
Je n'ai pas protesté,
Je n'étais pas catholique.
Puis ils sont venus me chercher,
Et il ne restait personne pour protester ».
Worou BORO
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