Les années « Yayi » ont été marquées par un populisme des plus grégaires et sauvages. A cela s’est ajoutée, comme corollaire, une gestion assez peu orthodoxe des finances publiques. Car au fond, il est connu que tout autoritarisme prospère par la corruption sous toutes ses formes. Ainsi, malgré certaines résistantes malintentionnées, au fil des audits et autres évaluations commandités par le gouvernement actuel, on découvre la boîte de pandore. Pour exemple, deux structures, assez connues pour leur excès sous l’ancien régime, sont aujourd’hui au creux de la vague : le Fonds national de la Microfinance (Fnm), et le Fonds national pour la promotion de l’emploi des jeunes (Fnpej). Le gouvernement du Nouveau départ découvre finalement le pot aux roses. Comme beaucoup de spécialistes le dénonçaient depuis, chiffres à l’appui, plutôt que de servir d’instrument de mis en œuvre des politiques économiques efficaces, pour sortir le peuple du sous-développement, ces structures ont été des nids de haute corruption et d’une intense gabegie. Tout le monde s’en doutait un peu, malgré les titres ronflants d’économistes dont beaucoup s’affublaient. Concrètement, comme le révèle le Conseil des ministres du mercredi 25 janvier 2017, le (Fnm) doit à la date d’aujourd’hui recouvrer auprès de ses clients la rondelette somme de 16, 331 milliards de francs Cfa. Soit un taux de 38% de créances à recouvrer. Quant au (Fnpej), il est à noter qu’après l’audit, seulement 6, 32% de la créance a été recouvrée au cours de la première phase, et 39, 18% au cours de la 2ème phase. Or, la norme de recouvrement est de 95%. Visiblement, ces deux structures constituent une menace pour la stabilité de l’économie nationale. Par ailleurs, évoquant les causes profondes de ces écarts, les experts ont conclu à une mauvaise gestion caractérisée par un laxisme dans l’octroi et le recouvrement des crédits. Ce dysfonctionnement n’est rien d’autre que le résultat d’une politisation à outrance de ces structures qui ne privilégiaient, au plus fort du « yayisme », que l’octroi des crédits aux militants les plus zélés, occasionnant du coup le non-respect de l’orthodoxie financière. Pour éviter l’accroissement improductif du taux d’endettement, le gouvernement du Nouveau départ n’a pas d’autre choix : procéder à un recouvrement forcé des créances, après les tentatives négociées et infructueuses. Mieux, pour pallier ce défit à l’avenir, le gouvernement se doit de mettre en place un nouveau mécanisme d’octroi des microcrédits et de promotion de l’emploi des jeunes.
Abdourhamane Touré