Trois médias audiovisuels proches de l'opposition béninoise, qui avaient été suspendus fin novembre-début décembre, ont à nouveau été autorisés à émettre, a annoncé jeudi la Haute autorité de l'audiovisuel et de la communication béninoise (HAAC).
E-Télé, Eden TV, et Radio Soleil (radio qui appartient à Sébastien Adjavon, riche homme d'affaires et candidat malheureux à la présidentielle de mars dernier) peuvent à nouveau émettre, selon une déclaration jeudi de l'instance de régulation des médias au Bénin.
"La mesure conservatoire contre la radio Soleil FM (...) est levée. La radio est autorisée à reprendre ses activités", indique la déclaration de la HAAC, qui précise avoir étendu cette mesure à E-Télé et Eden TV.
Quatre autres médias (Sikka TV - également propriété de M. Adjavon, La Béninoise TV, La Chrétienne TV et Unafrica TV) restent cependant suspendus.
A l'appel de l'Union des professionnels des médias du Bénin (UPMB), des journalistes avaient manifesté les 13 et 18 janvier devant le siège de la HAAC pour exiger la réouverture sans conditions de ces sept médias.
Début décembre, l'ONG Reporters sans frontières (RSF) avait dénoncé la suspension en l'espace de quelques jours de plusieurs médias proches de l'opposition, craignant une dérive "autoritaire" du gouvernement.
Radio Soleil et Sikka TV appartiennent à M. Adjavon. Eden TV est la propriété de l'ancienne directrice de campagne de M. Adjavon, devenue parlementaire. Quant à la chaîne E-télé, elle est réputée proche de l'ancien président Boni Yayi, lui aussi candidat à sa propre succession en mars, selon
RSF.
M. Adjavon avait été arrêté le 28 octobre avec trois de ses employés après la découverte le matin sur le port de Cotonou de près de 14 millions d'euros de drogue dans un conteneur chargé de cartons de gésiers de dinde et destiné à sa société, Comon SA.
La gendarmerie avait déclaré à la presse avoir "trouvé dans le conteneur environ 18 kg de cocaïne pure d'une valeur estimée à environ 9 milliards de francs CFA".
M. Adjavon avait déclaré être victime d'un complot. Il avait été relaxé après une semaine de garde-à-vue pour "insuffisance de preuve" et "au bénéfice du doute".
L'homme d'affaires, qui préside le patronat béninois et est surnommé "le roi du poulet" pour avoir fait fortune dans l'agro-alimentaire, était arrivé troisième avec 22% des voix au premier tour de l'élection présidentielle de
mars.
str-lp/