La lèpre est considérée comme une maladie d’un autre âge. Pourtant, chaque année, plus de 200 000 cas sont détectés dans le monde par l’OMS, notamment en Afrique. À l’occasion de la 64e journée mondiale des lépreux, Achille*, Béninois et ancien malade, témoigne.
« Pendant mon enfance, ma mère et moi étions proches. J’étais son fils préféré. On restait souvent ensemble. Je l’aidais à cuisiner ou à nettoyer le foyer. Mais elle se comportait de manière étrange. Je la voyais se procurer clandestinement des médicaments. Elle souffrait aux pieds, trébuchait parfois, mais ne s’en plaignait jamais. Durant les années 1970, ma mère se soignait discrètement et cachait sa maladie aux autres membres de la famille. J’ai compris plus tard qu’elle était malade de la lèpre, et qu’elle me l’a transmise. Ma mère était pudique sur sa souffrance. La peur du rejet la poussait à se soigner seule, sans être suivie par des spécialistes. Mais son état de santé s’est dégradé. Elle est aujourd’hui décédée.
J’ai perdu l’usage de ma main gauche à l’âge de 27 ans
C’est en quittant la campagne béninoise pour rejoindre Cotonou que j’ai découvert mon infirmité vers la fin des années 1980. Dehors, les gens me dévisageaient à cause de mes tâches sur les mains et le visage. Je ne me savais pas encore malade. J’ai consulté un médecin dans un centre de santé. On m’a alors détecté la lèpre, j’étais déjà à un stade avancé de la maladie. Je me suis fait dépister, mais les séquelles sont apparues malgré tout. J’ai perdu l’usage de ma main gauche à 27 ans. Elle s’est progressivement déformée, puis paralysée.
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