La communauté musulmane du Bénin désapprouve la mauvaise interprétation de l’esprit de la décision gouvernementale de libérer les espaces publics par certains préfets en l’occurrence celui du Littoral, Modeste Toboula. Dans communiqué en date du 27 janvier 2017, elle s’oppose à l’idée de fermeture ou de destruction de certaines mosquées à Cotonou. Lire le communiqué.
Communiqué
Dans le cadre de l’opération de déguerpissement du domaine public entrée dans sa phase active depuis le 2 janvier 2017 suite à une décision du Gouvernement et dont les Préfets sont les bras armés opératoires, la communauté musulmane du Bénin souhaite mettre en relief les points qui suivent :
1- La Communauté musulmane du Bénin ne s’oppose pas à la volonté du gouvernement d’assainir le pays pour atteindre ses objectifs de développement
2- Nous n’avons pas fait obstacle à la démolition de certaines mosquées exigées sur le domaine public. Nous souhaitons que la promptitude observée dans ces cas, soit la même pour tous sans aucun discrimination
3- Nous constatons que certains Préfets dont celui du Littoral ont une interprétation contraire à la lettre et à l’esprit de la décision du Gouvernement dans l’exécution de leur mission.
Dans une réunion à laquelle nous avons pris part, à la Préfecture du Littoral, il a été dit qu’il faudrait dorénavant une mosquée par quartier. Ce propos est bien entendu inadmissible, indécent et même anticonstitutionnel.
Nous nous opposons formellement et catégoriquement à ce que toute mosquée bâtie sur un domaine privé fasse l’objet d’une fermeture ou d’une quelconque destruction.
La Constitution du Bénin dispose en son article 23 que « … toute personne a droit à la liberté de pensée , de conscience, de culte, d’opinion et d’expression dans le respect de l’ordre établi par la loi et les règlements. L’exercice du culte et d’expression des croyances s’effectuent dans le respect de la laïcité de l’Etat.
Les institutions, les communautés religieuses ou philosophiques ont le droit de se développer sans entraves. Elles ne sont pas soumises à la tutelle de l’Etat. Elles règlent et administrent leurs affaires de manière autonome ».
4- Le Préfet du Littoral a signifié oralement aux dignitaires religieux musulmans, qu’il est dorénavant interdit aux musulmans de prier les vendredis dans les espaces publics jouxtant les mosquées et d’ériger des bâches à cette fin.
Nous estimons que si l’érection d’une bâche même de manière temporaire peut être considérée comme une emprise du domaine publique, nous avons la volonté d’y renoncer si en définitive nous ne sommes pas compris par l’administration.
5- Nous rappelons toutefois au Gouvernement et à tous les exécutants de sa politique que :
- le vendredi est un jour de fête pour les musulmans
- les prières du vendredi ne sont pas célébrées dans toutes les mosquées mais dans quelques-unes seulement
6- l’étroitesse de nos mosquées ne peut permettre de contenir tous les fidèles, d’où la nécessité de l’utilisation en ce jour spécial de l’espace public jouxtant les mosquées durant le temps de prière.
Nous réaffirmons à l’occasion de ce communiqué notre attachement indéfectible à la justice, à la paix et à la liberté qui sont les conditions sine qua non du développement du Bénin.
Nous demandons à tous les musulmans sur toute l’étendue du territoire national d’aller prier les vendredis, jour de fête en Islam, dans le calme et dans le seul but d’aller satisfaire à leurs obligations religieuses et de plaire à Allah, le créateur des cieux, de la terre et des espaces intermédiaires.
Que la paix et la justice règnent sur le Bénin
Fait à Cotonou, le 27 janvier 2017
Ont signé
Ibrahim A. Ousmane, 1er Vice-président de l’Union islamique du Bénin
Mohamed El-Habib Ibrahim, Imam de la mosquée centrale de Zongo, Cotonou
Abdoul Jêlil Yessoufou, Imam de la mosquée centrale de Aïdjèdo, Cotonou
Rafiou Toukourou, Personnalité musulmane
Faissou Adégbola, Secrétaire général de l’Union islamique du Bénin