Alors même que l'opération gouvernementale de libération des espaces publics se déroule avec succès et sans tapage dans les autres départements du pays, à Cotonou, dans le Littoral par contre, c'est le tollé général. Sur presque toutes les lèvres, le nom d'une seule personne: Modeste Toboulal. Mais au regard de la succession des faits et de l'allure que prennent les débats, Patrice Talon ne doit pas être le plus heureux au monde, tant il doit gérer plusieurs foyers de tensionallumés par son préfet.
Il met les pieds dans les plats, outrepasse parfois les limites de la mission à lui confiée. Et, dans une discipline de groupe, le gouvernement ne pouvant sacrifier l' "agneau", est obligé de rattraper ses frasques. Modeste Toboula est certes le plus courageux des "missionnaires " de Talon. Cependant c'est aussi lui qui crée le plus de problèmes. Qu'il vous souvienne que c'est avec les secrétaires généraux des centrales et confédérations que le préfet du Littoral a commencé avec ses menaces, et par finir sa ligne rouge imaginaire tracée aux manifestants de la marche de fin juillet 2016. Reçus au Palais de la Marina, les syndicalistes se sont plaint au chef de l'Etat qui a dû calmer les ardeurs en faisant prendre par la suite en conseil des ministres, une décision qui limite les préfets et ministres dans la prise de certaines décisions unilatéralement. Une prérogative qu'on a dû confier à une supposée Cellule d'analyse à la présidence de la République. Mais avant, il faut rappeler les propos du même préfet à l'endroit de l'ancien chef de l'Etat, Yayi Boni. Modeste Toboula qui avait promis de lui appliquer la loi en cas de dérives sur son territoire, le Littoral confondu à la seule ville, Cotonou. Vint s'ajouter une situation conflictuelle avec le ministre en charge de la Décentralisation à propos de la décision préfectorale relative aux mesures de sécurité dans les super et hypermarchés. Les plus récentes que gèrent Patrice Talon, son gouvernement et sa direction de la communication, ce sont les agissements de l'autorité préfectorale au sujet de l'opération de déguerpissement des occupants illégaux du domaine public. Sur ce plan, Patrice Talon a dû improviser une rencontre dite de présentation de voeux aux géniteurs de Léhady Soglo, maire de la ville-département, qu'il partage avec sa tutelle. En effet, le chef de l'Etat craignant une sévère réaction de Soglo père et de son épouse Rosine, a dû se rendre à leur domicile pour les calmer au sujet des injures proférées par son préfet à l'encontre de Léhady, et par ricochet son père qui l'a précédé dans la gestion de la municipalité. Sans doute que le chef de l'Etat s'est rendu compte de la gravité des propos de son préfet qui déclarait que le maire de Cotonou a des problèmes d'éducation. Pis, il a laissé entendre que depuis l'avènement de la Décentralisation, les Soglo n'ont jamais opté pour une politique de développement durable. Le chantre de la Rupture, du Nouveau départ et du Bénin Révélé n'avait pas fini d'éteindre ce foyer de tension quand l'affaire des musulmans s'est invitée dans les débats avec cette alerte de l'Union islamique du Bénin qui se voyait comme la risée du gouvernement à travers son bras exécutant. Ce dernier, qui faut-il le rappeler, est allé faire son show un vendredi à la mosquée de Cadjehoun en faisant plier les bâches montées circonstanciellement pour la prière. Pour lui, dans la droite ligne de l'opération de libération des espaces publics, il ne s'agira plus d'occuper les voies jouxtant les mosquées ces quelques minutes pour la prière du vendredi. Levée de boucliers aussitôt, de l'Union islamique qui a reçu des soutiens de députés et autres personnalités fidèles-pratiquants. Et pour protéger, par solidarité, le zèle de son commis, le gouvernement à travers un communiqué et des déclarations de ministres, a dû trouver un faux-fuyant en faisant croire à l'opinion publique que ce n'était pas seulement la religion musulmane qui était visée, mais que la décision concerne également l'Eglise catholique, et particulièrement son chemin de croix aussi vieux que le monde, et bien évidemment les processions d'autres confessions religieuses. Quand on fait le point, ces justifications n'ont visiblement pas convaincu au point où Patrice Talon s'est vu obliger de céder en décidant de rencontrer les responsables religieux samedi. Avant cette rencontre de samedi, certains de ses collaborateurs ministres ont tenté quelque chose. Tout ça, c'est Toboula qui fait courir et donne l'insomnie à plus d'un dans le gouvernement. Décidément ce Toboula est devenu un os dans la gorge de Patrice Talon, qui visiblement ne sait comment s'en débarrasser de peur de l'humilier. On est obligé de faire avec, tant il fait preuve de courage et de fermeté dans la conduite de l'opération sur le terrain. Qu'importe donc ses dérives! Mais jusqu'à quand?
JB