Les travaux des premières sessions de dialogue public-privé pour le développement des filières anacarde, riz et karité ont été ouverts mardi dernier à l’Infosec de Cotonou. Des pourparlers qui dureront trois jours entre producteurs et l’Etat béninois, afin que ce dernier prenne des engagements pour la promotion de ces filières agricoles.
C’est le ministre en charge de l’agriculture, aux côtés de son homologue en charge du commerce, qui a procédé au lancement officiel des échanges visant à trouver des solutions aux problèmes qui minent le développement des filières anacarde, riz et karité. Sur la question, les acteurs du monde agricole sont unanimes : aucune filière agricole ne peut prospérer sans un dialogue fécond et efficace entre l’Etat et le secteur privé agricole. Les premières sessions de dialogue public-privé pour les filières anacarde, riz et karité ouvertes hier répondent donc au souci des acteurs de se parler pour explorer ensemble les goulots d’étranglement et les solutions pour le développement de ces filières. Il s’agira pour les producteurs de présenter des argumentaires sur les contraintes liées au développement de ces spéculations et pour le secteur public de prendre des engagements pour leur levée, a fait observer Paulin Affigbè, conseiller technique aux organisations professionnelles agricoles (Opa) du ministère de l’Agriculture de l’Elevage et de la Pêche.
La mise en place de ce cadre de concertation a été rendue possible grâce à l’appui technique de la coopération allemande GIZ à travers son Programme Promotion de l’agriculture (ProAgri). «Nous soutenons le processus afin de permettre aux acteurs d’échanger autour des contraintes et de prendre des décisions pour soutenir davantage la promotion des filières. Pour nous, une culture de dialogue, une pratique de l’écoute et un compromis négocié sont importants pour le développement», souligne Dorith Von Beham, chargée du programme.
Léopold Lokossou, président de la Plateforme nationale des organisations paysannes et de producteurs agricoles (Pnoppa) indique que les contraintes de la filière anacarde sont relatives, entre autres, à la difficulté d’organisation de la vente groupée, l’absence de financement adéquat, la non disponibilité d’engrais spécifiques. Ces contraintes qui forment les argumentaires de ces acteurs du cajou se retrouvent aussi au niveau des autres spéculations inscrites dans le dialogue. Pour lui, les producteurs attendent de l’Etat des engagements forts et des mesures concrètes, d’autant que le Programme d’actions du Gouvernement (Pag) accorde une place de choix à la promotion des filières agricoles.
Invite aux producteurs à s’organiser
« Ce qui fait la force d’une filière, c’est d’abord l’organisation des acteurs. Le Pag fait la part belle au secteur agricole mais on ne peut pas en profiter si l’on n’est pas organisé. Face au secteur public, il nous faut des acteurs privés organisés pour un dialogue efficace », souhaite Lazare Sèhouéto, ministre de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat. Son collègue Delphin Koudandé, ministre en charge de l’Agriculture, rappelle que la nouvelle stratégie agricole du Gouvernement est d’instaurer une nouvelle dynamique de promotion des filières à travers l’amélioration des systèmes de production, grâce à une politique responsable de modernisation de l’agriculture, et de promotion de l’agro-industrie gérée par le secteur privé. « Les efforts seront centrés sur la productivité et la compétitivité des filières pour répondre à l’augmentation des besoins alimentaires de la population et à l’accès des produits aux marchés. A ce titre, le Gouvernement privilégie le dialogue public-privé en tant qu’outil clé de mise en œuvre de toutes les actions définies dans le Pag 2016-2021 », insiste-t-il. Le ministre assure que le processus de dialogue public-privé sera caractérisé par des rencontres régulières pour permettre au Gouvernement d’être informé en vue de la résolution des problèmes auxquels les acteurs sont confrontés pour le développement des chaines de valeurs ajoutées des différentes filières ciblées. Nul doute, selon lui, les résolutions issues des assises ne seront pas jetées aux oubliettes. «Tous les engagements que le secteur public prendra devant vous seront traduits dans les plans de travail annuels (Pta) des ministères concernés et de leurs projets et programmes. Ces engagements, selon leur nature et leur incidence, feront l’objet d’un compte-rendu en Conseil des ministres pour que le gouvernement y accorde une bienveillante attention », promet Delphin Koudandé. Les travaux se poursuivront ce jour pour s’achever demain vendredi.
Claudel ZONDJI