Au détour d’une interview pour avoir son point de vue et surtout en savoir davantage sur le processus ayant abouti à la nomination, par le gouvernement, de certains de ses pairs de la société civile à l’Autorité nationale de lutte contre la corruption (Anlc) et au Conseil national de régulation des marches publics (Cnrmp), interview que nous publierons dans nos prochaines parutions, Gustave Assah, président du réseau Social Watch Bénin, a profité pour se prononcer sur sa dernière sortie médiatique à la faveur de laquelle il s’est prononcé sur la gouvernance du régime Talon dans un contexte où très peu osent encore s’extérioriser.Cette sortie a-t-elle contribué à corriger quelque chose? Elément de réponse…
M. Gustave Assah, lors de votre déclaration de presse le 26 novembre 2016, vous avez interpellé le gouvernement sur sa gouvernance notamment les marches gré a gré et puis l’affaire Morpho Dys. Dites-nous, cette sortie de Social Watch que vous représentez a-t-elle porté ses fruits?
Nous avons eu un heureux retour. Pour nous c’était trèsintéressant, l’expérience en valait la peine. Nous avons déploré qu’on aitentamé un gréàgré qui devait respecter des étapes. Mais sur le principe, nous avons constaté que la loi a été violée. Et sur le principe nous avons montré que rien ne presse le présent gouvernement a attribué des marches gré a gré sans respecter les principes. Le premier principe, le gré a gré peut venir dans un conteste où il y a une certaine « infructuosité » du marché. Et là, la Direction nationale de marchés publics en fait le constat qu’il n’y a pas eu d’adjudicataire, et on remet. Deuxième niveau, lorsque ce constat est fait, il y a le Centre d’appui au PPP (partenariat public privé) qui a son mot à dire aussi. Il en fait le constat puis notifie dans un sens que ce marchéde gré àgré peutêtre autorisé maintenant parce que les conditions n’existent pas pour pouvoir le faire. L’autre condition est que lorsque le gréàgré ne marche pas, celui à qui on veut attribuer ce marché doit avoir le profil exceptionnel que personne n’a. Or, aucun document ne précise que le gouvernement a procédé ainsi. Alors, nous avons fait des recommandations. Nous avons souhaité que le gouvernement prenne des décrets d’application à la loi PPP. Et au-delà des décrets d’application, qu’il prenne des décrets qui crée le centre d’appui au PPP. Notre troisième recommandation est que le gouvernement fasse les choses dans les règles de l’art et qu’on revoie la copie. Social Watch n’a rien contre Morpho Dys, nous n’avons rien contre le changement d’un gestionnaire de nos aéroports. Mais nous voulons qu’on fasse les choses avec cette élégance, ce leadership affichés au sommet de l’Etat. Le retour bien évidemment est qu’une semaine après, alors qu’on s’attendait à des critiques suite à notre sortie, ce qui n’a pas manqué aussi, car on a senti que des medias et certains acteurs proches de la présidence de République n’ont pas eu la patience de bien lire ce que nous avons publié. Alors, une semaine après, le conseil des ministres (celui du 7 décembre 2016 NDLR), nous a donné raison en prenant des décrets d’application sur la loi PPP et en prenant le décret portant création du centre d’appui PPP. Nous en étionstrès heureux. Et là, félicitations au gouvernement. Le gouvernement a donné la preuve qu’il est à l’écoute du peuple. Et c’est la belle preuve que nous faisons le suivi des marchés publics. Là où on nous attend en tant que société civile, c’est bien là.
J.B