L’intrusion du préfet du Littoral, Modeste Toboula, à la mosquée Centrale de Cadjèhoun,vendredi 20 janvier 2017 complique la tâche aux différents émissaires du chef de l’Etat à persuader les dignitaires musulmans du bien fondé de l’interdiction d’occupation des voies publiquespour les offices religieux. Entre les appels de figures marquantes de l’Islam à résister contre cette mesure et l’insistance du gouvernement à l’appliquer, le président de la République s’invite dans le débat via une rencontre, demain samedi avec les différentes confessions religieuses.
Déjà critiqué pour ses méthodes et sa brutalité à conduire la politique gouvernementale portant sur la libération des espaces publics, le préfet du Littoral Modeste Toboula, a franchi le pas de trop en allant déloger les fidèles musulmans de la mosquée de Cadjèhoun vendredi 20 janvier 2017, alors que ces derniers s’apprêtaient à prier. Une action qui a suscité de vives réactions dans le rang de la communauté musulmane. Des dignitaires et hommes politiques musulmans sont montés au créneau pour signifier leur indignation au régime du Nouveau départ et mettre en garde, son préfet « gorille » et provocateur. Des députés à l’Assemblée nationale, des acteurs politiques qu’on n’a plus jamais revus sont sortis de leur mutisme pour condamner l’acte du préfet et appeler tous les musulmans à s’organiser pour faire échec à la décision du gouvernement qui interdit l’occupation des espaces publics à des fins religieuses. Depuis que Modeste Toboula a mis le feu aux poudres, le gouvernement s’emploie à calmer les esprits surchauffés sans pour autant fléchir. Trois ministres ont tenté de calmer les ardeurs pour rétablir la confiance et la réconciliation entre les deux parties, mais les dignitaires musulmans rencontrés, bien qu’ayant apprécié les démarches entreprises, ne sont pas prêts à se plier à cette décision. Joseph Djogbénou de la justice, Sacca Lafia de l’Intérieur et de la sécurité publique, et Abdoulaye Bio Tchané, n° 2 du gouvernement en charge du développement, tous émissaires du chef de l’Etat et chargés de ramener la balle à terre, dans ce dossier, n’ont pas réussi à atteindre ce but. Bien au contraire, les propos du Garde des Sceaux, ministre de la Justice n’ont pas permis d’évoluer dans les discussions. Quelle est la teneur de ses propos ? « Nos rues ne peuvent plus être exposées à l’expression de la foi, et cela quelles que soient les confessions religieuses ». Déclarations qualifiées de maladroites dans un tel contexte. Le préfet Modeste Toboula, dont l’arrogance et le zèle en sont pour beaucoup dans cette prise de position de la communauté musulmane n’est pas du reste dans les initiatives prises pour calmer les esprits. Il s’est rendu lui-même chez le doyen des Imams pour se faire comprendre. Mais sa démarche et les autres rencontres conduites par les ministres ne suffisent pas encore pour absoudre le gouvernement. Les discours et la main tendue se sont heurtés au refus des dignitaires musulmans. Certes, ils sont disposés à écouter le gouvernement, mais ils écartent toute solution conduisant à les empêcher de prier les vendredis comme d’habitude. Devant l’impasse du dialogue, le chef de l’Etat, Patrice Talon, a dont le nom est associé à ces écarts de Modeste Toboula, a demandé à rencontrer les dignitaires des confessions religieuses, ce samedi.
F. N.