Les religions discutent et échangent depuis le samedi 04 février 2017 au Centre international d’expérimentation et de valorisation des ressources africaines (Cievra) à Glo-Djigbé (Abomey-Calavi). C’est une rencontre internationale qui devra permettre de renforcer le dialogue entre ces religions pour une paix durable.
Les représentants de plusieurs confessions religieuses ont partagé des expériences les 04 et 05 février dernier à Abomey-Calavi. Ils ont analysé les piliers importants du dialogue interreligieux devant garantir une société vivable. « Le vivre ensemble entre adhérents de différentes communautés religieuses au Bénin et en Suisse : Rencontre l’autre dans sa différence –défis, risques et chances ». C’est le thème central qui a en effet réuni des dignitaires du christianisme, de l’islam, des religions endogènes et des universitaires. L’initiative conçue par Samuel Dossou-Aworet, le président fondateur de la Fondation Espace Afrique (Fea) en collaboration avec la Conférence des évêques suisses (Ces) a fondamentalement pour objectif d’unir les fidèles de différentes autour d’une question : la paix. Dans un discours très applaudi à l’ouverture de la rencontre, Mgr Victor Agbanou, le président de la Conférence épiscopale du Bénin (Ceb) a souligné que le dialogue interreligieux est inscrit au cœur des préoccupations de l’Eglise catholique qui y travaille depuis plusieurs années.« Il ne peut y avoir de guerre entre les religions au Bénin. Nous ne pouvons pas nous battre alors que nous connaissons l’unique Dieu. Nos divergences ne peuvent servir de prétextes à des dérapages», a-t-il déclaré.Mgr Alain de Raemy, le chef de la délégation suisse, exprimera à cette occasion sa joie de pouvoir participer à une telle rencontre d’échange d’expériences en matière de vivre ensemble entre différentes confessions religieuses. Samuel Dossou-Aworet a, lui, soutenu l’importance de cultiver, d’approfondir, l’art de vivre ensemble harmonieux et pacifique entre diverses confessions religieuses et de l’enrichir par l’expérience, d’un pays ami comme la Suisse.« Le Bénin a impressionné le monde à travers la réalité de la cohabitation pacifique qui existe entre nos religions. Nos frères (les Suisses, Ndlr) travailleront avec les Béninois pour partager une expérience assez spécifique s’appuyant sur la cohabitation entre les religions et tirer au besoin des leçons », a-t-il fait savoir. L’homme d’affaires a souhaité que les acteurs béninois mettent en place un partenariat avec laConférence des évêques suisses. Dans la même logique, la Présidente du comité d’organisation, Claudine Prudencio, a révélé la délicatesse et l’urgence du dialogue interreligieux. C’est le ministre de la Justice qui portera la parole du Chef de l’Etat au cours de cette rencontre. Me Joseph Djogbénou a défini le dialogue comme une révélation de soi, un complément apporté par soi pour enrichir l’autre.«Le défi du monde, et le défi du Bénin, c’est de rendre permanent et constant le dialogue. Sans le dialogue interreligieux, il semble bien que le monde ne survivra guère. Il est important que le dialogue soit inclusif. Il est important que le dialogue soit intégral », a-t-il laissé entendre.
Des leçons…
Il faut noter que les communicateurs invités à cette rencontre ont fait plusieurs propositions pour renforcer la cohabitation entre les différentes religions. Dodji Amouzouvi, socio-anthropologue à l’Université d’Abomey-Calavi qui a présenté le thème « Respect et écoute réciproques dans la cohabitation interreligieuse » a présenté le respect et l’écoute réciproques comme les jalons d’un contrat religieux qui préserve de manière durable le vivre ensemble. Un contrat qui devrait éviter les menaces d’extrémismes et d’intolérance religieux. Pour lui, l’écoute, base de toute communication, est un signe de respect et d’estime pour les autres. A travers le thème « le christianisme face à l’islam dans la catéchèse », le Père Stephan Leimgruber, prêtre du diocèse de Bâle, soulignera qu’il faut une découverte mutuelle à travers la lecture des livres saints (Coran et Bible), une mise en relief des différences mais aussi des parallèles sur plusieurs sujets communs tels que la prière, l’histoire sainte. A l’entendre, l’initiative d’une maison des religions pourrait être une source d’inspiration pour les citoyens au Bénin. Dans une analyse historique, le Professeur Jérôme Alladayè, historien à l’Université d’Abomey-Calavi qui a animé le thème « Le modèle béninois de dialogue interreligieux à l’épreuve des extrémismes», a fait remarquer qu’il est plus pertinent de parler de « modèle béninois de co-existence pacifique des religions » que de « modèle béninois du dialogue interreligieux ». Pour lui, depuis plusieurs années, des structures et cadres sont mis sur pied pour gérer au mieux et cultiver la co-existence pacifique entre les religions. Cependant, certaines formes d’extrémisme et d’intolérance menacent le vivre ensemble des religions du Bénin à deux niveaux : celui de la parole à travers les prêches enflammées contre d’autres confessions religieuses et celui des actes comme la purification de la ville par certains groupes. Il martèlera qu’il est nécessaire de respecter le principe de laïcité au niveau de l’Etat qui doit se situer à égale distance de toutes les religions. Les religions, a-t-il poursuivi, doivent, elles, favoriser un dialogue réel, général, pratique et étendu à tous leurs fidèles.
A.S