Comme annoncé, le président Patrice Talon a reçu, ce samedi 4 février 2017, de hauts dignitaires musulmans, pour tenter de désamorcer la crise qui pollue le climat social dans le pays depuis quelques jours. Faut-il le rappeler, les musulmans étaient très remontés contre le pouvoir de la rupture. Car, dans le cadre de l'opération de la libération des espaces publics, les autorités ont interdit la prière du vendredi sur la voie publique. Une mesure qui, de l’avis de certains ministres qui se sont prononcés sur le sujet, devrait s’appliquer à toutes les manifestations religieuses.
Par Jacques SEGLA
C’est un secret de polichinelle de dire que dans les grandes villes du pays, le vendredi, les fidèles musulmans convergent tous vers les mosquées centrales ; et faute de place, ou en cas de travaux, ils prient dans la rue. Ce que le préfet du Littoral, Modeste Toboula, a interdit, dans le sillage des opérations de libération des espaces publics à Cotonou. Depuis lors, que de réactions vouant l’autorité préfectorale, voire le régime Talon, aux gémonies. Dans le courant de la semaine, il y a eu plusieurs rencontres avec la communauté musulmane, à travers leurs représentants ou les imams, pour calmer le jeu et appeler les uns et les autres à la compréhension et à la paix. Pour conclure ces missions de bons offices, le chef de l’Etat lui-même a rencontré les hauts dignitaires musulmans samedi dernier. A l’occasion, le président Patrice Talon a réaffirmé la position déjà exposée par 3 de ses ministres, notamment, les ministres de l’Intérieur, de la Justice et du Développement, pendant la semaine : il n'y aura plus de prières du vendredi dans les rues. Le chef de l'Etat a réexpliqué à la cinquantaine de dignitaires musulmans venus à la présidence que l'objectif du gouvernement était d'assainir, d'embellir les villes ; et en aucun cas, de s'en prendre à l'Islam. Selon lui, prier dans la rue ne peut pas être une habitude ou un acquis.
C'est donc une fin de non-recevoir à la demande de dérogation adressée par la communauté musulmane. Mais il y a une concession : en cas de manifestation exceptionnelle, il sera possible d'occuper les voies. Patrice Talon a promis des mesures d'accompagnement de l'Etat, notamment, pour la construction de mosquées. « Les 2 camps sont satisfaits, on s'est compris », a dit Ousmane Ibrahim, premier vice-président de l'Union islamique du Bénin, au sortir de cette rencontre de vérité. L’Autorité a ainsi tranché, pour mettre fin à toutes les supputations tendancieuses. Est-ce la fin de la polémique suscitée par l'interdiction de toutes les manifestations religieuses sur la voie publique ? Wait and see, serait-on tenté de dire. Mais d’ores et déjà, on sait que vendredi dernier, malgré les appels de certaines personnalités politiques de confession musulmane à s'élever contre la décision, la prière s'était déroulée dans le calme.