On la connaissait très battante au plan politique. Mais on ne la savait pas aussi amazone intrépide dans le social. Elle, c’est, à n’en point douter, Christhelle Houndonougbo, qui est actuellement dans la dynamique d’un plaidoyer pour une amélioration sensible des conditions de vie des détenus au Bénin. En effet, après sa tournée dans les prisons civiles, dans le Sud du pays, l’Ong DÉFENSE SANS FRONTIÈRES (DSF-ONG) s’est rendu à l’évidence a fait des conditions inhumaines et misérables dans lesquelles vivent les détenus au Bénin. Lequel constat appelle des actions urgentes, pour une humanisation de la situation des détenus. C’est ce qui justifie la croisade lancée par la présidente de DSF-ONG, pour rallier plusieurs sensibilités à la cause. Sa dernière escale en date, c’était au cabinet du Médiateur de la République.
Jacques SEGLA
A la faveur de l’audience que lui a accordée le Médiateur de la République, mardi dernier, Christhelle Houndonougbo, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, a partagé, avec son hôte, les conditions de vie intenables dans les lieux de détention au Bénin. Il s’agissait pour elle d’attirer l’attention des autorités et responsables d’institutions de notre pays sur cet état de chose. Exemples à l’appui, elle a réussi à toucher le cœur du Médiateur de la République. Morceaux choisis : Un détenu qui a déjà passé quinze ans à la prison civile de Missérété, mais même jamais être présenté à un procès, et dont le dossier a curieusement disparu des placards du tribunal. Loin de lui, à la prison civile d’Abomey, des femmes sont incarcérées en lieu et place de leurs maris en cavale. Il y a aussi de vieilles dames gardées depuis des années, pour pratique de fétichisme et de sorcellerie qu’aucune loi ne punit en République du Bénin. Par ailleurs, un mineur est gardé depuis des années, pour avoir volé 700f cfa à son oncle maternel ; et un autre, pour avoir volé 2 kg de gari dans les collines. La liste est loin d’être exhaustive ; mais l’évocation des cas qui ont particulièrement touché l’Ong DÉFENSE SANS FRONTIÈRES était pathétique. En conséquence, le plaidoyer de la présidente Christhelle Houndonougbo auprès du Médiateur de la République a été très incisif et poignant. Elle appelle à l’engagement et à l’implication active de certaines personnalités politiques et administratives, pour corriger, de façon efficiente, cette situation qui n’honore guère notre pays, souvent cité comme référence en matière de défense et du respect des droits humains. Elle n’a pas oublié le cas des condamnés à mort, dont le statut n’est plus clairement défini par la loi, du fait de son abrogation.
En outre, avec le cœur d’une mère, la Présidente de DSF-ONG a également plaidé en faveur des prestataires de services dans les prisons civiles, qui négligent parfois le travail pour raison d’insolvabilité de l’Etat.
Aussi, a-t-elle souligné le retard qu’accuse la mise en service de la nouvelle prison civile d’Abomey. Selon elle, des raisons administratives en seraient à l’origine, donc, du ressort de l’État béninois. D’autres points relatifs aux questions de sécurité, d’hygiène, d’énergie, d’éducation, de santé en milieu carcéral, ont été évoqués. Comme quoi, rien n’a été occulté dans ce plaidoyer en faveur des détenus du Bénin. Et le tableau peint n’a pas manqué d’effet.
Le Médiateur de la République adhère à l’idéal de DSF-ONG
Très impressionné par la démarche de la Présidente de DSF-ONG qu’il a écoutée avec beaucoup d’attention, le Médiateur de la République, Joseph Gnonlonfoun, n’a pu cacher son adhésion à la cause : " Merci Madame. Vous avez prêché à un convaincu de la situation. Pour régler tous ces problèmes dont vous venez de parler, il faut que les autorités politiques soient convaincues ; et envisagent des solutions pragmatiques", a-t-il dit en substance.
Pour sa part, le Secrétaire général du Médiateur de la République a assuré la présidente de DSF-ONG que la situation des détenus tient à cœur à l’institution depuis sa création. D’ailleurs, a-t-il précisé, des actions ont été menées dans ce sens, après des tournées nationales dans toutes les prisons civiles du Bénin.
Au cours de cette séance, le Médiateur de la République Joseph Gnonlonfoun a proposé des approches de solution, pour venir à bout des difficultés en milieu carcéral, tout en rassurant son hôte, de la disponibilité de son institution à accompagner l’Ong DÉFENSE SANS FRONTIÈRES.
La délégation de DSF-ONG est repartie de Porto-Novo très satisfaite de ces échanges fructueux et des assurances du Médiateur de la République ; assurances qui augurent de perspectives heureuses et d’espoir d’une amélioration des conditions de vie des détenus au Bénin.