Les représentants de différentes communautés religieuses et personnalités civiles et politiques se sont donné rendez-vous à la Fondation Espace Afrique à Glo-Djigbé dans le cadre de la rencontre internationale du dialogue interreligieux au Bénin. Ouverts ce samedi 4 février 2017 par le ministre en charge de la justice, Joseph Djogbénou, les travaux intellectuels ont pris fin ce dimanche en attendant la fin des activités le 10 février prochain. Ils devraient permettre de renforcer la cohabitation entre les religions au Bénin.
Personnalités du monde religieux, toutes obédiences confondues, du monde politique, universitaire et civil ; elles étaient nombreuses à répondre présentes à l’invitation de la Fondation Espace Afrique et de la Conférence des Evêques Suisses pour la rencontre internationale du dialogue interreligieux au Bénin. Une grande messe donc pour négocier les termes du renforcement de la coexistence pacifique des religions au Bénin face aux différentes menaces intégristes et extrémistes auxquelles le monde est confronté ces dernières années. S’il est une fierté pour les Béninois d’être reconnus comme un peuple pacifique, il n’en demeure pas moins vrai que la menace est présente, permanente dans la mesure où les antagonismes violents entre les religions, les attentats et autres actes intégristes sont remarqués dans les pays qui l’entourent. C’est pourquoi, selon la présidente du comité d’organisation de la rencontre, l’honorable Claudine Prudencio, il s’agit d’une tentative d’une nouvelle alliance entre les principaux opérateurs de la vie religieuse au Bénin. Et de la rencontre « doit résulter un nouvel élan pour le vivre ensemble », souligne-t-elle.
La foi : une dynamique d’écoute et de partage
« La foi ne s’impose pas, vous le savez aussi bien que moi : elle se propose dans une dynamique d’écoute et de partage appelée dialogue et requiert un climat de tolérance et de paix entre les interlocuteurs », souligne à l’attention des participants le président fondateur de la Fondation Espace Afrique, principal initiateur de la rencontre, Samuel Dossou-Aworet. Alors pour endiguer le développement de l’intolérance religieuse, de la xénophobie, du communautarisme exacerbé, en Afrique et particulièrement au Bénin, l’opérateur économique propose le retour aux valeurs traditionnelles transmises de génération en génération, comme le respect sacré de la vie, l’importance de la famille, le sens de l’accueil de l’autre et la solidarité entre membres d’un même village ou d’une même communauté. Pour ce qui concerne le Bénin, il est rassuré par le président de la conférence épiscopale du Bénin, Monseigneur Victor Agbanou. « Il ne peut y avoir de guerre entre les religions du Bénin. Nous ne pouvons pas nous combattre alors que nous invoquons le même Dieu », rappelle l’homme de Dieu.
Une coexistence pacifique qui justifie donc très bien la présence de la Conférences des Evêques Suisses à cette rencontre. Selon les explications de Samuel Dossou-Aworet, le but est de « mieux comprendre le modèle béninois de tolérance et de dialogue entre les communautés religieuses en vue d’en tirer les leçons qui en émaneront en vue d’en faire usage auprès de la diaspora multi religieuses de plus en plus nombreuse en Suisse et en Europe ».
En procédant à l’ouverture des travaux, le ministre de la justice, Joseph Djogbénou a reprécisé l’entièreté du soutien du gouvernement à l’initiative qui répond très bien à l’un de ses chantiers.
La recherche du vivre ensemble
« Le vivre ensemble entre adhérents de différentes communautés religieuses au Bénin et en Suisse : Rencontrer l’autre dans sa différence défis, risques et chances », c’est le thème principal de cette rencontre de sept jours. Plusieurs communications serviront de prétexte aux échanges. Pour la première journée, quatre termes ont été développés. Il s’agit de « Le dialogue interreligieux, un enjeu pour un monde en crise » exposé par Monseigneur Barthélémy Adoukonou du Bénin ; « Le vivre ensemble du jour au lendemain ? Le fonctionnement du vivre ensemble ne peut pas être imposé ; cela demande du temps » développé par Mgr. Alain de Raemy, Evêque auxiliaire du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg ; « Dynamique interculturelle et cohabitation des religions » par le professeur Honorat Aguessy, sociologue, directeur de l’Institut de développement et d’Etudes endogènes (IDEE) et «Le cadre juridique et politique d’un vivre ensemble ordonné et fécond des différentes communautés religieuses en Suisse » exposé par Erwin Tanner-Tiziani, Secrétaire général de la CES.
La deuxième journée a aussi connu quatre thèmes. Entre autres, on peut citer : « Le modèle béninois de dialogue interreligieux à l’épreuve des extrémismes » par le professeur Jérôme Alladaye, historien, Université d’Abomey-Calavi ; « Vivre ensemble, le point de vue d’un sociologue » par Baechler, professeur de sociologie historique à la Sorbonne, membre de l’Académie des sciences morales et politiques ; « Respect et écoute réciproques dans la cohabitation interreligieuse » par le Professeur Dodji Amouzouvi, Socio anthropologue, Université d’Abomey-Calavi.
À la fin de ces deux jours de travaux en salle, les participants entament à partir du lundi 06 février des visites d’étude de cas sur le terrain. Ce qui les emmènera dans les villes de Ouidah, Porto-Novo, Abomey, Dassa-Zoumé, Parakou et Natitingou. Dans chacune de ces villes, ils iront à la rencontre des dignitaires religieux et autres notabilités pour des échanges de proximité.
GEEK BENIN