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Lancement de la Fondation Henriette DAGRI-DIABATE: Albert Tévoédjrè ravive à Abidjan la flamme de l’initiative féminine
Publié le mardi 7 fevrier 2017  |  L`événement Précis
Le
© Autre presse par DR
Le président du Centre panafricain de prospective sociale, le professeur Albert Tévoèdjrè




A l’occasion de la cérémonie de création de la Fondation Henriette DAGRI-DIABATE, le professeur Albert Tévoédjrè, invité d’honneur de la cérémonie a prononcé une allocution ce samedi 4 février 2017 et qui restera dans la mémoire du peuple ivoirien. Créée pour promouvoir la culture, l’éducation en Côte d’Ivoire, en Afrique et dans le monde, promouvoir le leadership féminin en Côte d’Ivoire, en Afrique et dans le monde, la fondation Henriette DAGRI-DIABATE aura également à accompagner les organisations de la société civile qui œuvrent en faveur de la promotion des droits de la femme et de la jeune fille. Le professeur Albert Tévoédjrè a dit tout son admiration et son satisfécit pour la concrétisation de cette œuvre.

Lire l’intégralité de son discours

A Abidjan
Création d’une institution de grand avenir
La FONDATION HENRIETTE DAGRI-DIABATE

ALLOCUTION DU PROFESSEUR ALBERT TEVOEDJRE
- Madame la Grande Chancelière et chère sœur,
- Madame la Présidente de notre assemblée, Excellence Madame l’Ambassadeur Dénise Houphouët-Boigny,
- Monsieur le Ministre de la Culture,
- Excellences, Mesdames et Messieurs,
- Chers invités,
En mai 2013, s’était tenu le colloque-hommage au professeur Henriette DAGRI-DIABATE. L’une des recommandations à l’issue de cette rencontre était la création de la Fondation Henriette DAGRI-DIABATE.
Voici quatre années de réflexion et de travail minutieux pour jeter les bases de cette haute institution qui portera non seulement le nom d’une des illustres et emblématiques filles de Côte d’Ivoire, Henriette DAGRI-DIABATE mais aussi fera la promotion des idéaux qui ont toujours été les siennes, au travers des préoccupations liées à l’éducation, à la culture et au leadership féminin.
Vous avez voulu que cette fondation se charge de :
- Promouvoir la culture, l’éducation en Côte d’Ivoire, en Afrique et dans le monde ;
- Promouvoir le leadership féminin en Côte d’Ivoire, en Afrique et dans le monde ;
- Favoriser le développement des moyens permettant aux acteurs des secteurs de la culture, de l’éducation et du leadership féminin de s’exprimer et de s’épanouir ;
- Récompenser les meilleurs acteurs des secteurs concernés, notamment par la création du Prix Henriette DAGRI-DIABATE ;
- Publier et diffuser toute documentation (revues, travaux scientifiques, livres, film, etc.) portant sur son objet et réalisée dans le cadre de ses activités.
Un coup d’œil sur les moyens d’actions et les stratégies de la Fondation me rassurent car ils concernent en particulier
- l’accompagnement des organisations de la société civile qui œuvrent en faveur de la promotion des droits de la femme et de la jeune fille ;
- l’appui aux acteurs des secteurs de la culture, de l’éducation et du leadership féminin.

Chère et très honorable et vénérée Grande Chancelière des ordres nationaux de Côte d’Ivoire.
- première femme Docteur d’Etat et Professeur titulaire d’Histoire en Côte d’Ivoire et en Afrique francophone – on l’a justement rappelé !
- première femme à diriger un grand parti politique – c’est l’admiration de tous !
- première femme Ministre d’Etat en Côte d’Ivoire – évidence reconnue !
- première femme Présidente d’Institution en Côte d’Ivoire – toujours ovationnée !
Je ne veux pas qu’on oublie qu’elle est surtout fille d’une famille de village des Akan, épouse devenue veuve parfaitement digne, mère féconde et ferme éducatrice, grand-mère généreuse et semeuse de joies. Vous incarnez chère Henriette, une somme de savoirs, de valeurs et d’expériences qui sont telles que le devoir de capitalisation de tous ces acquis, au profit des générations futures, s’impose de lui-même. C’est ce qui justifie les assises de ce jour.
Toutes ces riches expériences prouvent à suffisance que bâtir une fondation autour d’une personnalité de votre trempe et de votre envergure est une aubaine dont le peuple ivoirien ne peut pas ne pas se saisir, pour ce que l’icône célébrée représente pour le peuple ivoirien, par elle-même et pour elle-même. Cette initiative doit être encouragée, non seulement pour promouvoir les idéaux liés à l’éducation, à la culture, et au leadership féminin, mais, bien au-delà, pour renforcer la cohésion sociale, le vivre-ensemble, parce que trait d’union entre les Akan et les Malinke, entre les chrétiens et les musulmans, entre les autochtones et ceux dits « allogènes ».
Bien chère sœur, vous avez toujours su surmonter les antagonismes dangereux, dans certains cas, au péril de votre vie, pour donner à la Côte d’Ivoire, l’image merveilleuse que son père fondateur, le Président Félix HOUPHOUET BOIGNY, a toujours voulu laisser d’elle. Pour avoir pris tous ces risques et pour avoir réussi à remplir pleinement toutes les pages de votre vie familiale, sociale, académique et politique, je viens humblement, en tant que votre frère et ami de la Côte d’Ivoire, vous proposer, au regard de tout ce que l’on sait, d’être l’apôtre, de « la paix par un autre chemin » dans cette oasis de paix que la Côte d’Ivoire doit désormais s’efforcer de redevenir.
Le Centre Panafricain de Prospective Sociale (CPPS), initiateur du projet Initiative africaine d’éducation à la paix et au développement par le dialogue interreligieux et interculturel », dont vous avez cosigné l’acte de naissance à Cotonou au cours du symposium international de lancement, tenu du 26 au 28 mai 2015, vous offre ici ce jour, par ma voix, sa coopération. Il s’agit de faire de « la paix par un autre chemin » une réalité tangible en Côte d’Ivoire, où le vivre-ensemble a besoin d’être consolidé, pour une paix durable sans laquelle aucun développement n’est possible. Votre vibrant témoignageà l’ouverture de cette rencontre résonne encore en moi comme si c’était hier et je voudrais en retenir et partager ces quelques lignes émouvantes avec les amis ici présents :
- « Je suis chrétienne, descendante de plusieurs générations de protestants et de catholiques respectés. Mon époux est, lui, musulman, fils d’un Mory c’est-à-dire un lettré dans le coran, ce livre saint de l’islam, considéré comme un message d’antéchrist.
- Enfin, je suis militante d’un parti politique réputé être le parti des Jula, des musulmans. En effet, le Rassemblement Des Républicains (RDR), le parti d’Alassane Ouattara, est à dominance malinke, alors que les miens et toute ma région, les Akan en particulier, sont du PDCI. Alors, que fais-tu avec ces gens-là ? »
Voilà le dualisme fédérateur qui a toujours caractérisé la femme dont nous célébrons le mérite ce jour avec la fondation qui porte son nom. L’éducation, la culture et le leadership féminin oui. Mais chère sœur Henriette, allons encore plus loin, avec la « paix par un autre chemin »

Chers frères et surtout chères sœurs de Côte d’Ivoire,
Laissez-moi terminer mon humble, ma très fervente adresse à votre endroit – la dernière peut être - car à 88 ans, on ne peut jamais savoir ce que demain sera – on ne sait jamais d’ailleurs !
Laissez-moi donc conclure en confessant un rêve qui n’est pas cauchemar d’Atahalie.
Dahoméen des profondeurs des brousses épineuses d’Adjara, transplanté aux Antilles et dans tous les coins de l’univers, Africain de partout, détenteur avec Stéphane Hessel, Mario Soares, Florence Arthaud et quelques autres du « passeport de citoyenneté universelle », je suis surtout devenu pour moi-même« Ivoirien sans frontières ». Perdu dans ce vaste monde où tout devient nébuleux, ce personnage « atypique » comme dit Kofi Annan, rêve de repères et se trouve donnant volontiers la main à un autre frère mystérieusement rejoint sur le parcours de la providence, un autre frère en quête lui aussi de points d’appui, de leviers de renaissance. Je me trouve donnant la main à un Alassane Dramane Ouattara, en qui se révèle une vocation de génie créateur de nouveau monde, d’une architecture constitutionnelle mettant un terme à des années de tragiques errements. Ce même génie est capable de se saisir de la divine opportunité du pardon qui libère, fait rassembler et met en œuvre un puissant collectif de leadership féminin, porté par une Henriette que nous célébrons aujourd’hui ou quelques autres figures de tous bords, quelques figures d’hier, d’aujourd’hui ou de demain que le destin national révèlera à notre conscience et à notre mémoire collective.
Ceci n’est pas une utopie au sens vulgaire du terme. C’est la fulgurance d’une boussole, d’une étoile d’épiphanie.
A preuve, la situation sociale subitement surgie après des élections générales et un referendum pourtant parfaitement organisé et réussi
Cela veut dire qu’une question lancinante reste constamment posée après nos fiévreuses campagnes électorales, nos audacieuses propositions, nos promesses largement généreuses, nos ralliements innocemment massifs et nos victoires hautement proclamées, la question vive et pointue s’énonce ainsi :
« Et nous, les petits, les obscurs, les sans-grades ; Nous qui marchions fourbus, blessés, crottés, malades,
Sans espoir de duchés ni de dotations ;
Nous marchions toujours et jamais n’avancions ;
Nous qui marchant et nous battant à jeun
Marchant et nous battant, maigres, nus, noirs et gais…
Où est-il donc pour nous le minimum commun ?
Qu’es-tu devenu, Minimum Social Commun ? »

Seules les femmes, mères porteuses naturelles du « vivre-ensemble », ont réponse crédible et durable à cette redoutable interrogation. Elles savent et pratiquent depuis toujours l’intelligence de l’humilitéayant assez souffert du MOI géniteur de l’absurdité de la gloire personnelle qu’inspire l’orgueil destructeur de soi et des autres. Entêtées adhérentes de la vieille chanson : « quand on est guidé par l’amour, on triomphe toujours », elles nous mettent en garde : « quand l’orgueil est berger, on s’effondre toujours » ! Il y a donc urgence, il y a nécessité pressante que soit vite mondialement reconnue l’initiative d’Abidjan d’une fondation pour un leadership féminin et que donc dans les tout prochains mois, un panel de personnalités féminines de haut niveau, de Gracia Machel à Michèle Obama, donne crédit à notre audacieuse démarche. Donnons priorité absolue au leadership féminin, au leadership collectif féminin dont nous ici, ressuscités « gouverneurs de la rosée », nous implantons vigoureusement la semence dans la promise terre d’Esperance qu’est la Côte d’Ivoire.
Oui, je te salue, je te salue terre ivoirienne, terre d’espérance africaine, absolument incomparable !

Abidjan, le 4 février 2017

Albert TEVOEDJRE, frère Melchior
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