Enfant, jeune,homme, femme, autorité, le consomme. Le Azongogwé en effet, reste un fruit frisé notamment au Sud Bénin. Depuis peu, il a envahi le marché de vente. On en retrouve partout. Mais, ses valeurs nutritives semblent ne pas être connues des consommateurs. Qu’est-ce donc le Azongogwé? C’est à cette question que répond Fiacre Alladaye, agro-nutritionniste, président de l’Organisation non gouvernementale (Ong) Food and nutritionalsecurity for all (Fnsa) dans ce numéro de votre page santé.
Nous sommes à Sofra Gbéto, au marché international de Dantopka. Ici, se réunissent les vendeuses du fruit azongogwé. Dame Constantine dite maman hoonon, se soumet, le sourire large et sans réserve, à nos questions. A l’entendre en langue ‘’Fon’’, la pomme étoile est un fruit très riche. Selon son propos, ses pépins bien séchés, transformés en poudre, et mélangés à certaines feuilles, guérissent plusieurs maladies comme l’hémorroïde. La peau du fruit, poursuit-elle, intervient dans la guérison des maux de ventre, alors que le jus contenu à l’intérieur, purifie le sang. Pour maman hoonon, le jus peut servir de boisson mais, les dirigeants va-t-elle souligner, doivent venir en aide aux producteurs afin qu’ils produisent suffisamment le fruit. Par contre, pour cette autre dame, il serait difficile d’avoir du jus à base du azongogwé. Elle reconnaît toutefois les vertus du pépin. Le pépin, explique-t-elle, une fois séché, est divisé en deux, et on prélève le contenu blanc qui s’y trouve. Ici aussi, l’indifférence des dirigeants sera décriée. Par ailleurs, les Béninois seraient de piètres consommateurs. Aux dires de notre vendeuse, ce sont plutôt les nigérians qui en raffolent. «C’est souvent vers le Nigéria que nous exportons ça », confie-t-elle.
Appellation, description et valeur nutritionnelle du Azongogwé
Connue sous les noms locaux Azongogwé, Azonbobwé, Azonbébé, Azonvivo, Azonvovwé, Azonbébi(en langues Fon, Yorouba, Nago, Aïzoet Goun), au Sud du Bénin;Garbé,Tokè (en langue Dendi et Bariba) dans le Nord du Bénin; et African star apple en Anglais, la pomme étoile d’Afrique est le fruit de l’arbre Chrysophyllumalbidum. C’est un fruit tropical de forme ovoïde et de couleur orange allant du vert au jaune à maturité avec trois à cinq pépins. La distance entre les deux bouts du fruit est de six centimètres en moyenne, décrit, d’entrée, Fiacre Alladaye. A l’entendre, une pomme étoile d’Afrique de 100grammes de masse (enveloppe et pulpe sans les pépins) fournit à l’organisme en moyenne 145 kilocalories comme énergie, 3 g de protéine, 5 g de lipides totaux, 4 g de fibres brutes,des sels minéraux (environ 430 mg de potassium, 70 mg de calcium, 30 mg de magnésium, du fer, du zinc, du phosphore, du sodium et du cuivre), ainsi que des vitamines (plus de 100 mg de vitamine C, plus de 10 mg précurseurs de vitamine A et certaines vitamines du groupe B). L’enveloppe de la pomme étoile d’Afrique, précise le nutritionniste, est plus riche que sa pulpe du point de vue nutritionnel.Elle contient la majorité de la teneur en micronutriments à l’exception de la vitamine C qui est plus concentrée dans la pulpe. Mais la consommation de l’enveloppe semble ne pas être appréciée, fait-il observer.
Les bienfaits de la consommation du azongogwé
«La bonne teneur en minéraux, en vitamines et en fibres alimentaires de cette pomme confirme son importance dans la vie cellulaire (fonctionnement du système nerveux et musculaire), dans la régulation de la tension artérielle, dans la régulation du couple acido-basique du corps et des fluides, dans la formation et la solidification des os ainsi que dans la sécrétion de plusieurs hormones dans l’organisme humain dont l’insuline», souligne Fiacre Alladaye. Au plan médicinal, de la racine au fruit en passant par la tige, l’écorce et les feuilles, l’arbre Chrysophyllumalbidumest sollicité dans le traitement d’une cinquantaine de maladies. Parlant du fruit, ses pépins (non consommés) séchés, moulus, et mélangés avec l’huile rouge de palme, sont très efficaces contre certaines affections cutanées (abcès, boutons…), indique l’homme.
Mauvaise exploitation et opportunité
Malgré la richesse dont regorge ce fruit, se désole le président de l’Ong Fnsa, sa production ne constitue pas encore une filière au Bénin, faute d’organisation du secteur. Le fruit fait objet de cueillette pendant la période de novembre à mars. Cet état de chose n’assure pas la disponibilité de la matière première. En revanche, en période de cueillette, une très grande quantité du fruit est destinée à la poubelle. A peine dix à vingt pourcent de la quantité de fruit sont directement consommés. Au Bénin, cette pomme n’est pas du tout transformée ni à l’échelle artisanale, ni industrielle (jus, sirop, fruit séché …), fait-il savoir. Pourtant selon son propos, la transformation de ce fruit n’exige pas de grandes connaissances en la matière car de nombreux fruits similaires sont transformés et commercialisés. «Il s’agira juste d’un transfert de technologie à adapter aux exigences du fruit et aux désirs des fidèles consommateurs pour garantir la disponibilité du produit tout au long de l’année. C’est une opportunité d’emploi pour la jeunesse béninoise et celle africaine en général», indique-t-il.La valorisation des ressources naturelles est gage de la bonne santé des populations et du développement de l’Afrique. On ne va pas à l’école du blanc pour devenir blanc comme le dirait l’autre. Un africain doit consommer africain, conclut le nutritionniste qui va insister sur la nécessité de bien laver le fruit avant de le consommer.
Cyrience KOUGNANDE