Le Programme d’analyse des systèmes éducatifs (Pasec) de la Conférence des ministres de l’Education des Etats et gouvernements de la Francophonie (Confemen) a rendu publics fin 2016 les résultats nationaux de l’évaluation. Concernant le Bénin, le rapport Pasec 2014 a révélé les faiblesses du système éducatif sur le plan des compétences des apprenants des enseignements maternel et primaire en lecture et en mathématiques.
Il ressort des résultats de l’évaluation du Programme d’analyse des systèmes éducatifs (Pasec) 2014 publié en décembre 2016 que le système éducatif béninois souffre de certaines faiblesses. Celles-ci sont révélées par les contre-performances des écoliers en lecture avec 90,4 % d’élèves en dessous du seuil suffisant en début de cycle contre 48,3% en fin de cycle de scolarité primaire.
Pour mesurer le niveau de compétence des apprenants en langue-lecture, les experts ont étudié les compétences et les principales difficultés qu’ils ont rencontrées en début et en fin de scolarité primaire. Il s’agit d’un test de langue en début de scolarité portant sur la compréhension orale, le décodage et la compréhension de l’écrit et d’un test de lecture-compréhension en fin de scolarité primaire. Au Bénin, les écoliers les plus compétents ne font plus que 3,3% des élèves du cours primaire. Ils sont capables de croiser leurs compétences de décodage et leur maîtrise du langage oral pour restituer le sens littéral d’un texte court. Ces écoliers tendent vers une lecture autonome pour comprendre des phrases et des textes. Selon les experts, ils ont atteint un niveau de déchiffrage de l’écrit et de compréhension orale qui leur permet de comprendre des informations explicites dans des mots, des phrases et des textes courts. Ils sont désignés par la catégorie « lecteur intermédiaire » et sont au niveau 4 de l’échelle des compétences du Pasec.
La catégorie « lecteur apprenti » concerne les écoliers ayant amélioré leurs capacités de compréhension orale et de décodage. Ce qui leur permet de se concentrer sur la compréhension de mots. Leur statut d’apprenti lecteur est lié au fait qu’ils tendent vers le perfectionnement du déchiffrage de l’écrit et des capacités de compréhension orale et de compréhension des mots écrits. Il faut noter qu’en compréhension de l’oral, les écoliers classés dans cette catégorie sont capables de comprendre des informations explicites dans un texte court produit dans un registre familier. On retient qu’ils développent progressivement les liens entre le langage oral et écrit afin d’améliorer leurs capacités de décodage et d’étendre leur vocabulaire. En matière de compréhension de l’écrit, ils sont capables d’identifier le sens de mots isolés. Les experts les classent au niveau 3 de l’échelle des compétences Pasec 2014 en langue début de scolarité. Selon le rapport, ils sont 6,3%.
Ecrit et oral
Quant au niveau 2, il regroupe les apprenants sous l’ensemble « lecteur émergent ». Il s’agit des apprenants qui tendent vers le développement de leurs capacités de déchiffrage de l’écrit et le renforcement des capacités de compréhension orale. Ils font 28,3%. Ayant perfectionné leur compréhension de l’oral, ils sont capables d’identifier un champ lexical. De même, les experts du Pasec ont observé qu’ils développent les premiers liens entre le langage écrit et oral et sont en mesure d’accomplir des tâches basiques de déchiffrage, de reconnaissance et d’identification graphophonologique à travers les lettres, les syllabes, les graphèmes et les phonèmes.
Le niveau 1 de l’échelle de compétences en langue regroupe des écoliers qui constituent le plus gros lot. Leur taux est de 46,6% et ils sont désignés sous la catégorie « lecteur en éveil ». Ils font leurs premiers contacts avec le langage oral et écrit. Ces apprenants sont capables de comprendre les messages oraux très courts et familiers, ce qui leur permet de reconnaître des objets familiers. Contrairement aux apprenants du niveau 2, ils éprouvent d’énormes difficultés dans le déchiffrage de l’écrit et l’identification graphophonologique.
En deçà du niveau, se situe le sous niveau1 qui fait un taux de 15,5%. Selon le rapport, les apprenants relevant de cette catégorie sont ceux qui ne manifestent pas les compétences mesurées par le test Pasec dans langue de scolarisation. « Ces élèves sont en difficulté quant aux connaissances et compétences du niveau 1 », font observer les experts.
Selon le rapport, en 2014, dans les pays enquêtés, l’on constate que « plus de 70% des élèves en moyenne n’ont pas atteint le seuil suffisant de compétence en langue après deux années de scolarité primaire ». Ce qui révèle que plus des deux tiers de début de cycle primaire éprouvent beaucoup de difficultés à déchiffrer les composantes de l’écrit et à comprendre des phrases, des textes et des messages oraux. S’agissant du cas du Bénin, les experts ont noté que la situation est particulièrement préoccupante. Selon eux, en moyenne 90,4 % des élèves n’atteignent pas le seuil suffisant en langue en début de scolarité. Plus grave encore, 15,5% constituent des cas critiques, étant donné qu’ils ne manifestent aucune des compétences les plus élémentaires mesurées?
Alain ALLABI