10 ans de réclusion criminelle. C’est la peine à laquelle la cour de céans, présidée par Alexis A. Métahou assisté des magistrats Arlen A, Dossa-Avocè, et Marius Ogou, a condamné l’accusé Gawé Sambo, cultivateur, né vers 1970 à Boa, une localité de la commune de Kalalé. GawéSambo marié et père de cinq enfants, est poursuivi pour le crime de tentative d’assassinat sur la personne de son épouse dame Bio O. Yaïbi. Une infraction prévue et punie par les dispositions des articles 2, 295 à 298 et 302 du Code Pénal.
Après les réquisitions du ministère public par l’avocat général Nasser Michel Linsoussi et les plaidoiries du conseil de l’accusé, Me Louis Fidégnon, la cour après en avoir délibéré conformément à la loi, a déclaré l’accusé Gawé Sambo, coupable de tentative d’assassinat et l’a condamné à 10 ans de réclusion criminelle.
L’accusé qui avait été placé sous mandat de dépôt en 2001, doit retourner en prison pour sept années encore après y avoir fait un peu plus de deux ans parce qu’ayant bénéficié d’une liberté provisoire en 2004.
Résumé des faits
Les faits qui fondent le renvoi de l’accusé devant la cour se sont passés le 29 Octobre 2000 à Boa, une localité de la commune de Kalalé. Suite à un désaccord entre son époux Gawé Sambo et elle, dame Bio O. Yaïbi a rejoint le domicile de sa grand-mère avec ses enfants.
Le même jour, aux environs de 20 heures, son époux Gawé Sambo, armé de fusil, a fait irruption dans la maison de sa belle-famille, puis, a ouvert le feu sur son épouse pendant que celle-ci dînait. Blessée aux bras et à la poitrine, dame Bio O. Yaïbi fut évacuée successivement à l’hôpital de Nikki et au Centre hospitalier départemental du Borgou à Parakou où elle eut la vie sauve grâce aux soins intensifs.
Gawé Sambo, après son forfait, abandonna sur les lieux, le fusil et prit la fuite. Il sera appréhendé un an plus tard et inculpé de tentative d’assassinat.
Les débats
L’accusé a déposé qu’il est conscient de la raison de sa présence à la barre. Revenant sur les circonstances du drame, il a confié à la cour qu’il a tenté sans succès, un règlement à l’amiable avec le sieur Adakouda, qu’il soupçonnait de faire des avances à son épouse. Et que c’est d’ailleurs, ce qui a amené sa femme à déserter le foyer conjugal pour rejoindre le domicile de sa grand-mère. L’accusé a déclaré qu’il n’a jamais voulu tirer sur sa femme, et que c’est plutôt le sieur Adakouda, l’amant de sa femme, qui était dans son viseur. Pour lui, c’est un incident. Après une suspension, il a été noté une variation dans les déclarations.
L’avocat général Nasser Michel Linsoussi, assurant l’office du ministère public dans ses réquisitions, a demandé à la cour de bien vouloir observer la constitution de l’infraction de tentative d’assassinat à l’égard de l’accusé qui est à la barre au regard des dispositions des articles qui fondent la base légale de l’incrimination, après un bref rappel des faits de la cause. Il a évoqué les articles 2, 295 à 298 et 302 du Code Pénal et les articles 3 et 30 de la loi N°2011-26 du 09-01-2012, portant protection et répression des violences faites aux femmes en République du Bénin. Pour lui, tous les éléments constitutifs de la tentative punissable sont réunis. C’est au regard de toutes ces observations que, l’avocat général Nasser Michel Linsoussia requis que la cour déclare l’accusé coupable de tentative d’assassinat sur la personne de son épouse dame Bio O. Yaïbi et de le condamner à 15 ans de travaux forcés, parce qu’il est accessible à la sanction pénale, en vertu des conclusions du rapport d’expertise médico-psychiatrique qui le déclarent sans aucun trouble mental.
Me Louis Fidégnon, avocat de la défense, a laissé entendre qu’il n’a pas le même dossier au regard des réquisitions du ministère public. Il a fait observer que l’accusé Gawé Sambo n’a pas pu tirer sciemment sur son épouse. Pour lui, il ne fait l’ombre d’aucun doute que l’accusé a agi sous l’effet de la colère. C’est pourquoi, il a évoqué, qu’il y a lieu de remarquer qu’il s’agit d’un crime passionnel. Ce qui est arrivé, est à mettre sous le coup d’une coïncidence malheureuse. Il a sollicité de la part de la cour, qu’elle observe de très larges circonstances atténuantes pour son client et a plaidé l’indulgence de la cour. Se fondant sur les réquisitions du parquet général, Me Louis Fidégnon a demandé à la cour, une disqualification du crime de tentative d’assassinat et de procéder à une requalification en tentative de meurtre, comme l’avait déjà fait le parquet général.
Marx CODJO (BrBorgou-Alibori)