Dans ce pays d’Afrique de l’Ouest où les religions cohabitent harmonieusement, la communauté musulmane monte au créneau après une décision du gouvernement d’interdire la prière du vendredi dans les rues.
En janvier, le gouvernement béninois entreprend un grand nettoyage des villes, notamment à Cotonou, et détruit toutes les installations occupant illégalement l’espace public. Parmi celles-ci,les bâches placées devant certaines mosquées pour les prières de rue.
Debout parmi les ouvriers qui s’affairent dans la mosquée de Cadjèhoun, au centre de Cotonou, Chakirou Ayolou, le muezzin, raconte : « En pleine prière du vendredi, les pelles mécaniques sont venues détruire les bâches qu’on installe momentanément devant, dans la rue, pour nous protéger du soleil ».
L’incident remonte à fin janvier et a suscité colère et incompréhension parmi les musulmans, face à une mesure, l’interdiction des prières de rue, que personne dans la capitale économique du Bénin n’avait vu venir.
L’affaire remonte au début de l’année, lorsque le gouvernement a entrepris un grand nettoyage des principales villes du pays, non sans avoir donné au préalable jusqu’au 31 décembre, à tous ceux – petits commerçants, artisans – qui vivent d’activités informelles et occupent illégalement les voies et les trottoirs, pour déguerpir.
Une démonstration de force
La plupart ont obtempéré sans histoire, démontant eux-mêmes leurs installations, signe d’une opération bien acceptée. Jusqu’à ce que les pelles du génie civil entrent en action, quartier par quartier, et s’en prennent, à Cadjèhoun, aux fameuses bâches bloquant une rue. La démonstration de force laissait entendre que, pour les autorités, les musulmans occupaient illégalement le domaine public.
Elle a profondément heurté la communauté musulmane, très importante dans le pays (23,8 % de musulmans). Pour la Joumat, la prière du vendredi, les croyants se rendent dans les mosquées centrales. Et, faute de place, une partie d’entre eux déroule le tapis dehors. À Cadjèhoun, la mosquée est trop petite et sa reconstruction, prévue depuis cinq ans, a pris du retard.