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Toboula – Soglo, même combat : L’embellissement de Cotonou
Publié le mardi 14 fevrier 2017  |  Matin libre
Le
© Autre presse par DR
Le maire Léhady Soglo rencontre le préfet Modeste Toboula




Dans la petite guéguerre Toboula-Soglo, il faut éviter de tomber dans la manie de la dramatisation ou de tireur de ficelle, manie si fréquente chez les Béninois. Il y a aussi, toujours, des détails pittoresques ou scabreux dont les journalistes peuvent se passer s’ils n’ont pas pour seule intention d’envenimer une situation déjà vicieuse. Bien sûr, le journaliste doit chercher dans les coulisses et dans les entourages l’explication des faits. C’est d’abord son rôle dans une nation, dans une société….

Cependant, il doit veiller, parfois, à l’équilibre dans le compte-rendu, quand il s’agit de deux autorités constitutionnellement tournées vers le même objectif. Or, dans le cas d’espèce, on peut affirmer que Toboula et Soglo, c’est le même combat.

C’est pourquoi, après avoir lu mes différents confrères, après avoir écouté certains, et après avoir analysé leurs analyses, je me permets de dire au Préfet que, dans la vie en général et surtout en politique, la décision est solitaire. Les avis pleuvent de partout et dans tous les sens. Mais le Chef doit savoir que c’est lui seul qui est exposé, c’est lui seul que les populations voient. Il sera donc seul à assumer les conséquences de ses actes devant l’opinion et, parfois, devant l’histoire. C’est pourquoi le Préfet ne doit pas dire tout partout, même si, ainsi que les béninois le disent déjà, Toboula ne peut pas se permettre certaines choses sans la bénédiction de Talon.

Sachons éviter ces genres de déduction légère pour nous livrer désormais à une analyse objective des faits. Ainsi, en va-t-il des béninois : indisciplinés et difficiles à gouverner, mais plus difficiles encore à reconquérir quand on les a une fois déçus. Quoi qu’il en soit, les Béninois ne sont pas bêtes et savent toujours de quel côté se situe la vérité. Ils peuvent se laisser séduire un temps pour des considérations matérielles, mais … ça ne dure jamais bien longtemps.

Pour en revenir à Léhady Soglo et Modeste Toboula, je sais combien l’avenir de Cotonou et le bien être des cotonois sont à la base de leurs préoccupations. C’est pourquoi je voudrais espérer que l’avenir proche voie enfin se dissiper des hostilités d’autant plus bêtes qu’elles ne reposent que sur des préjugés et des malentendus.

Venons en maintenant aux causes de tout cela. Voici maintenant des semaines que les cotonois n’en finissent plus de subir les effets de la volonté d’embellissement de Cotonou. Et, à cet égard, il ne déplairait à personne que la plus grande ville du Bénin change de visage. Et cela provoque un peu partout des destructions massives, des grincements de dents, des pleurs et …des quolibets déversés sur le pauvre Toboula qui doit, désormais, s’attendre malheureusement à pire encore. Plus tard, la démesure de la violence et de la charge contre le Préfet du Littoral baissera considérablement.

Aujourd’hui, au bout de quelques mois d’œuvres de salubrité publique, à quoi se ramène le bilan des casses dans la ville ? A un début d’embellissement d’une ville naguère sale et pitoyable. Et demain, la cote de popularité de Toboula remontera, quand on aura constaté qu’il n’a fait que casser de sales œufs pour nous servir une belle omelette. Car, à ce petit stade de l’opération, on se rend déjà compte de la transformation de Cotonou. Cela commence à devenir une ville aérée.

De ce point de vue, l’opération de déguerpissement est loin d’être une déception. C’est, au contraire, une transformation énorme. D’où vient alors que quelques uns n’épousent pas encore la noble idée de transformation de nos grandes villes ? Je pense que c’est essentiellement dû au fait que la grande majorité des Béninois demeure préoccupée par ses petits soucis et son univers quotidien. Les Béninois ne se rendent par exemple pas compte qu’au plan du développement, le Bénin n’avance pas. La majorité des Béninois est très peu sensible et très peu au courant de l’évolution de l’Afrique. En fait, ça n’est même pas une question de connaissances. Je crois tout simplement que cela ne les intéresse pas. J’ai l’impression que dans la mentalité des Béninois, la vision des hommes et du monde n’a pas beaucoup changé. On s’occupe seulement de soi. On s’occupe de son petit commerce au coin de la rue. Les autres, tous les autres ne nous intéressent pas. C’est ……. moi d’abord, sinon … moi seul. C’est ce qui fait qu’on se fout de la collectivité. On vit au même rythme, on a toujours les mêmes préoccupations, on ne perçoit pas en quoi le Bénin peut changer par rapport à l’Afrique et au monde. Or, aujourd’hui, il faut découvrir avec intérêt et plaisir qu’à Cotonou, les choses bougent. Il y a, plus qu’hier, un appétit pour le développement.

En conclusion, je demande de la patience aux Béninois. Ce que Toboula fait est appréciable et, de fait, ses actes ne seront appréciés que dans le temps. Je demande alors aux gens d’observer et d’attendre. A Toboula, je demanderais beaucoup plus de pédagogie. De la pédagogie et du tact. Les Béninois sont un peuple très passionné. En cela, ils sont très observateurs et très imprévisibles. Les Béninois peuvent beaucoup aimer leurs responsables politiques à un moment donné et les rejeter brutalement après. A un moment donné, l’argent joue son rôle d’attraction, puis après, les Béninois s’en foutent dès qu’ils découvrent la vérité et la vraie nature des distributeurs d’argent. Cela veut dire que, dans le fond, le Béninois n’est pas bête.

Modeste Toboula peut donc poursuivre son œuvre de salubrité publique, en toute quiétude. Mais, en la faisant précéder d’une bonne dose de pédagogie et d’une culture d’entente et de complémentarité avec Léhady Soglo qui est, quand même, le premier responsable de la ville de Cotonou.

Jérôme BIBILARY
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