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Interdiction de surcharge et de chargement hors gabarit: Transporteurs et usagers se mettent au pas
Publié le mardi 14 fevrier 2017  |  La Nation
Un
© Autre presse par DR
Un véhicule en surcharge.





La décision du Gouvernement interdisant la surcharge et les chargements hors gabarit, est diversement appréciée par les usagers et transporteurs. Tout en reconnaissant ses avantages, les conducteurs souhaitent l’accompagnement de l’Etat en vue de sensibiliser les usagers sur les nouveaux tarifs retenus en leur sein.

Fini les chargements hors gabarit et les surcharges sur les axes routiers ! Le Gouvernement vient mettre de l’ordre dans le secteur du transport routier. La mesure qui intervient au lendemain du drame qui s’est produit à Zè, le dimanche 29 janvier dernier, a pour but de sensibiliser les transporteurs et usagers de la route sur les dangers des chargements hors gabarit et des surcharges et d’attirer l’attention des forces de l’ordre sur leurs responsabilités dans le contrôle de la circulation sur les axes routiers. Les consignes de ladite décision sont claires. Les transporteurs ne doivent pas charger plus de quatre usagers pour un véhicule de cinq places. Cette mesure, quoique « rude » aux yeux de certains transporteurs, a néanmoins suscité l’adhésion de la plupart d’entre eux. «C’est une décision courageuse et salutaire. Elle contribuera à l’entretien de nos voitures », se réjouit Gérard Kpèlodo, transporteur.

« Nous apprécions à sa juste valeur la décision du Gouvernement. Elle permettra d’alléger les souffrances liées à la surcharge », ajoute Paul Avohou, membre de l’Union des conducteurs transporteurs interurbains du Bénin (Uctib).
Avec l’entrée en vigueur de cette décision, les acteurs du transport urbain se sont ressaisis. Contrairement aux vieilles habitudes qui consistent à faire le trop plein des voitures, c’est la discipline et la courtoisie qui sont de mise dans le rang des transporteurs sur le parc de l’Etoile rouge ce lundi 13 février, à Cotonou.
Aux environs de 15 h 20, une trentaine de chauffeurs et de racoleurs se sont positionnés à l’entrée de la rue menant vers le parc des transporteurs pour proposer leurs services aux clients. Lorsqu’ils arrivent à enregistrer un total de quatre usagers conformément à la nouvelle mesure, commencent alors de longues discussions entre les deux parties. Les échanges durent le temps que les deux camps s’entendent sur le tarif du voyage. C’est le sacrifice à consentir pour se conformer à la mesure gouvernementale. Sur le terrain, tous s’emploient à respecter rigoureusement la consigne.
Même si au fond, certains se plaignent encore et fustigent la décision qui, selon eux, souffre du manque de mesures d’accompagnement pour faciliter la situation, tous s’y plient. « Nous sommes dans un pays de droit et force doit rester à la loi. La pilule est amère à avaler, mais en réalité, la mesure du Gouvernement nous arrange quelque peu. Reste que l’Etat doit jouer aussi sa partition », conçoit Jean Kindjinou, conducteur.
En matière de trafic routier, il faut également compter avec les agents chargeurs. Dans la chaîne de transport, ils jouent un rôle non négligeable. Pourtant, la nouvelle mesure réglementant le trafic routier ne fait pas moins d’eux les premières victimes. « C’est très difficile de supporter la situation actuelle, mais nous n’avons pas le choix ; nos poches vont ressentir le coup mais nous finirons par nous habituer au fil du temps. C’est une décision qui émane de l’Etat et nul ne peut ignorer la loi », souligne Roger Amakpon, agent chargeur sur le parc de l’Etoile rouge.

Difficultés

Pour le trésorier du Syndicat des voyageurs, transporteurs du Bénin (Sivotracob), Cyrille Anagonou-Baba, le transport routier traverse déjà une situation délicate, en raison de la morosité économique. L’interdiction de surcharge vient ajouter son lot de difficultés à un secteur qui peine depuis quelque temps. « Il faut tergiverser sur le tarif avant que les usagers ne nous comprennent. Autrement, nous enregistrons le nombre nouvellement exigé au tarif proposé par le client. Certains nous traitent même de bandits », explique-t-il. A cela s’ajoute la rigueur des forces de l’ordre qui n’hésitent pas à nous arrêter en chemin lorsqu’elles constatent la moindre surcharge, murmure-t-il.
Pour Cyrille, le Gouvernement doit vite anticiper sur la situation au risque de leur créer des désagréments à l’avenir. « Lorsque le prix du carburant connaîtra une augmentation, les transporteurs béninois paieront cher », avertit-il. A l’en croire, le défaut d’anticipation pourrait créer des tensions entre transporteurs et usagers, si l’Etat ne sensibilise pas suffisamment sur la question. Et à son collègue Gérard Kpèlodo d’ajouter : « Avec les différentes taxes que nous payons sur la route, celles que les syndicats nous prélèvent, la décision nous désavantage énormément ».
Dans le rang des usagers aussi, même si la mesure passe comme une lettre à la poste, le prix à payer n’est pas si facile à supporter. Pour un usager qui doit se rendre à Ouidah, il doit désormais débourser 1300 F Cfa au lieu de 1000 F Cfa. Celui qui se rend à Hillacondji doit débourser le double du prix habituel pour effectuer son voyage, soit 3000 F au lieu de 1500 F. Ce qui suscite des mécontentements dans le rang de ces derniers.
«Les chauffeurs veulent profiter de la situation pour abuser de nous. Au-delà de la surenchère à laquelle nous faisons face, certains ont tendance à faire encore de la surcharge ; ce qui dégénère en disputes », explique Théophile Sacramento. « Le prix est élevé. Nous faisons avec », ajoute Laurent Boco-Dotonou, un autre usager.
Pour sa part, Dieudonné Allognon, fustige également la surenchère et soutient que les conducteurs ne devraient pas augmenter les tarifs. Pour lui, le Gouvernement a déjà interdit le rançonnement derrière lequel les conducteurs se cachaient pour faire subir la surcharge et la nouvelle mesure ne fait que rétablir les clients dans leurs droits. « Les frais de voyage doivent même diminuer à défaut d’être maintenus à leur niveau d’avant la mesure », soutient-il.
En attendant que les tarifs soient revus, usagers et transporteurs sollicitent l’arbitrage du Gouvernement?

Maryse ASSOGBADJO
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