C’est désormais une tradition avec votre quotidien Matin Libre, le journal le plus actuellement au Bénin ; le seul à s’investir dans les sondages d’opinion. Actualité nationale oblige, Matin Libre, une fois encore, s’est appuyé sur son cabinet partenaire, Plus Value Research and Marketing (Pvrm Sarl), pour un sondage d’opinion sur le déguerpissement des occupants illégaux des espaces publics. Pour cette opération du gouvernement, effective depuis début janvier 2017 dans les principales villes du pays, votre journal et son consultant se sont focalisés sur le cas Cotonou. Un questionnaire a été élaboré et administré à la cible, dans les 13 arrondissements de la municipalité, et ce suivant une méthodologie bien rigoureuse (consultez le tableau synthèse ci-après).
Analyse des résultats
Il faut préciser que 7 questions ont été administrées au total. En effet, il s’est agi pour la cible d’apprécier la décision de déguerpissement, d’opiner sur l’exécution de l’opération, d’en ressortir les avantages et inconvénients, d’établir le rapport déguerpissement et religion, d’opiner sur la mise en valeur des espaces libérés, le rôle du maire Léhady Soglo, son attitude et ses actions dans le déguerpissement. Enfin, les enquêtés (voir leur profil ci-après) avaient à faire des suggestions à la mairie dans le cadre de l’opération.
Il se dégage des résultats que 81% des populations de Cotonou approuvent ou sont favorables à l’initiative de déguerpissement pendant que seulement 38% en sont satisfaites. En effet, si 81% épousent l’initiative, c’est parce qu’elle vise, selon leurs dires, à embellir la ville, élargir les voies, faciliter la circulation aux piétons, réduire les accidents, amorcer le développement… (Voir tableau sur les raisons favorables). Au nombre des avis non favorables, les raisons évoquées sont l’absence d’une politique de relogement, l’accroissement du chômage, l’augmentation de la morosité économique, absence de dédommagement, les boutiques exposées aux intempéries (Voir tableau sur les raisons non favorables). A priori, on pourrait conclure que les Cotonoises et Cotonois donnent carte blanche au gouvernement quant au déguerpissement. Mais à y voir de près, cela pourrait être un piège tendu au gouvernement. Ces populations semblent jouer leur partition en attendant le gouvernement au tournant ; c’est-à-dire à la phase post opération qui n’est rien d’autre que la matérialisation des « beaux » projets à réaliser. En un mot, la main à la tempe, ces populations observent le gouvernement faire.
Quant à la façon même dont le déguerpissement est exécuté ou conduit, 38 % seulement se disent satisfaits, contre 47% de mitigés ou indécis et 15% d’insatisfaits très critiques. Le gouvernement doit aussi savoir lire entre les lignes à ce niveau précis, car si certains n’ont pu directement afficher leur satisfaction, c’est qu’ils tendent vers les insatisfaits. Tout ceci, ajouté au 15% de radicaux, pourrait davantage saler la note. De toutes les façons, si la moitié n’est pas satisfaite, c’est que quelque part l’exécutant, qu’est ici le préfet, est directement mis en index. Modeste Toboula, maitre d’ouvrage délégué, doit donc se remettre en cause. Les statistiques sont plus qu’édifiantes.