Dix ans de service au lieu de quinze comme l’exige la loi. Nommée par décret en violation des textes pour représenter la police au sein de l’Autorité nationale de lutte contre la corruption (Anlc), la Commissaire Ghislaine Bocovo est à l’épreuve de son honneur. Découverte par le Synapolice après avoir arraché, Dieu sait comment, cette honteuse promotion au nez et à la barbe du Directeur général de la police nationale, du ministre de l’intérieur et des gardiens de la paix mieux qualifiés qu’elle, dame Bocovo n’a, aujourd’hui, pas d’autre choix que de démissionner pour sauver la face et éviter de compliquer la tâche non seulement au chef de l’Etat mais aussi à sa corporation qui déjà, à cause de cette supercherie, est sur pied de guerre. Sinon, que restera-t-il de la Rupture ?
Rien. Même pas, les vertus de probité, de transparence, de compétence et que sais-je encore, prônées jusqu’ici, surtout qu’il s’agit d’aller siéger à l’Anlc. Pour ceux qui ne le savent peut-être pas et qui ne comprennent qu’après une longue explication, cela revient à demander à une perfide d’aller juger de la régularité et de la transparence dans des dossiers où par exemple, il est impérieux que la lumière jaillisse. Pas la peine de s’attendre à un résultat positif. Alors, ou dame Bocovo démissionne ou la Rupture doit lui rappeler qu’autres temps, autres mœurs.
D’ailleurs, ce n’est pas que dame Bocovo qui ravive la colère du Synapolice et de ceux qui donnent toujours de la valeur à l’intégrité. Le Contrôleur général de police à la retraite, Claude Richard Nounagnon Gnaho, un de ses acolytes dans la violation des règles éthiques a réussi, on ne sait par quelle alchimie, à se faire aussi nommer pour représenter la police au sein de la cellule nationale de traitement des informations financières alors qu’il est à la retraite, et toujours, sans que ni le Dgpn ni le ministre de l’intérieur ne soient au courant. C’est le comble ! Le Bénin du Nouveau départ ne mérite pas ça. Et si tant est que l’Exécutif tient à récompenser le retraité qui, après 30 ans de service, refuse de jouir du repos mérité, il n’a qu’à lui trouver un autre poste. Une fois de plus, au risque de fragiliser l’Etat, dans des situations honteuses, les décrets doivent être annulés ou au mieux, les deux représentants de la police déposent leur démission. Le plus tôt serait le mieux.
Mais avant, avec des méprises du genre, il est tout de même curieux que du côté de la Société civile, ça soit silence radio. Martin Assogba d’Alcrer, Jean Baptiste Elias nous avaient habitués à une tout autre promptitude à dénoncer, vuvuzelas à l’appui, les écarts de la gouvernance au Bénin. Plus que jamais, pour une Rupture de justice et d’égalité, ils jouent leur crédibilité et ce serait tant pis, s’ils continuent à se taire devant ce genre de dossier et qu’ils donnent raison à leurs détracteurs.
Angelo DOSSOUMOU