La cour d’assises de la Cour d’appel de Parakou a connu, mercredi 15 février dernier, du 25e dossier inscrit au rôle. Ali Méré Tamou Orou était à la barre, pour répondre du chef d’accusation de coups mortels. Mis en détention le 20 janvier 2014, il a été condamné à la peine de dix ans de travaux forcés.
Qu’est-il arrivé, en réalité, à l’ouvrier agricole Noël Bio Orou N’Gobi ? Un vrai mystère que seul Ali Méré Tamou Orou pouvait bien aider à élucider. Pour ce qui est de son implication, il sait, depuis le mercredi 15 février dernier, à quoi s’en tenir.
En effet, courant janvier 2014, Noël Bio Orou N’Gobi, originaire de la commune de Kouandé, s’est fait engager en qualité d’ouvrier agricole par Méré Tamou Orou. C’est pour travailler aux côtés de son fils Ali Méré Tamou Orou, dans sa ferme située à 50 km du village de Manou, commune de Kérou. Mais dans la nuit du 3e jour, l’enfant de son employeur estime l’avoir surpris en train de voler sa moto et son téléphone portable. Au cours de la lutte qui s’en est suivi, qu’il l’a terrassé et ligoté aux mains et pieds, avant de le détacher quelques heures plus tard. Le lendemain des faits, voyant les mains et pieds de Noël Bio Orou N’Gobi enflés, Ali Méré Tamou Orou l’a conduit chez son père, Méré Tamou Orou, qui l’a amené à l’hôpital pour les soins. Malheureusement, il rendit l’âme quelques jours après, des suites de ses blessures avec écoulement de sang par le nez et la bouche.
A la barre, mercredi 15 février dernier, ses propos ne sont pas venus corroborer la version des faits telle que rapportée dans le dossier, aussi bien à l’enquête préliminaire que devant le magistrat instructeur.C’est le bruit émis par la porte, au moment où Noël Bio Orou N’Gobi s’apprêtait à faire sortir de la chambre, l’engin qu’il essayait de lui voler, qui l’a éveillé, a expliqué Ali Méré Tamou Orou. Une lutte s’engagea entre eux et il parvint à prendre le présumé voleur de dos, à le terrasser et à lui attacher les mains. Il n’a pas reconnu avoir attaché la victime au niveau des pieds, pour l’empêcher de s’enfuir ou de l’attaquer. Des arguments qui sont loin d’avoir convaincu le président Adamou Moussa et l’avocat général, Lucien Mahulé Aballo.
« Si ce n’est déjà pas facile, à une seule personne, de terrasser un mouton et de le ligoter, qu’en sera-t-il avec un homme ? Qu’est-ce qui a pu fatiguer jusqu’à ce point Noël Bio Orou N’Gobi, afin qu’il se laisse attacher aussi facilement ? », insiste le président Adamou Moussa. « Si ce sont seulement les mains que tu lui as attachées, comment se fait-il qu’il avait également ses pieds enflés ? », a-t-il poursuivi.
« S’en tenant à la description des faits, il est évident que Ali Méré Tamou Orou n’a pas agi seul », fera remarquer l’avocat général, Lucien Mahulé Aballo. L’accusé n’ayant pas admis avoir porté des coups à la victime, il dénoncera au passage sa volonté de vouloir se jouer des membres de la cour.
Le grand flou
« Qu’est-ce qui provoque l’écoulement du sang par la bouche et le nez, chez une personne qui est en train de mourir ? », demande le président. « Je ne sais pas », lui répondra l’accusé, avant d’avouer que ce ne sont pas des signes cliniques que laisse transparaître quelqu’un qui a été attaché au niveau des mains.
Malgré toutes les questions du président et de l’avocat général visant à une meilleure compréhension du dossier, Ali Méré Tamou Orou est resté ferme dans sa logique. Même, le rappel à l’ordre de son conseil, Me Maurice Thomas Ligan, ne l’ont pas amené à lâcher prise.
Dans ses réquisitoires, l’avocat général Lucien Mahulé Aballo a indiqué que la culpabilité de Ali Méré Tamou Orou pour le crime de coups mortels prévu et puni par l’article 309 alinéas 4 du Code pénal est établie. Après avoir déploré le manque de collaboration de l’accusé, il a invité la cour à le condamner à quinze ans de réclusion criminelle.
Estimant la sanction du représentant du ministère public hors de la démesure, Me Maurice Thomas Ligan plaidera au principal, l’acquittement au bénéfice du doute pour son client. Au subsidiaire, il appellera la cour à tenir compte du temps déjà passé en prison par l’accusé, au cas où elle voudrait le condamner à tout prix.
Après sa délibération, la cour déclare Ali Méré Tamou Orou coupable d’avoir volontairement porté des coups et fait des blessures à Noël Bio Orou N’Gobi, avec cette circonstance que les coups portés et les blessures faites ont entraîné la mort sans intention de l’occasionner. Elle a condamné Ali Méré Tamou Orou à la peine de dix ans de travaux forcés. En prison depuis le 20 janvier 2014, il y restera encore pendant sept ans.
La cour qui a examiné ce 25e dossier a été présidée par Adamou Moussa. Marius Houndji et Bienvenu Sohou étaient ses assesseurs. Dans le fauteuil du représentant du ministère public, il y avait Lucien Mahulé Aballo. La mémoire de la cour a été assurée par Me Ambroise Alassane ; Quant aux jurés, ils avaient noms Tidjani El Hadj Issa, Emile N’Dah N’Yaba, Anselme Sossou et Célestin Maféïrou Babahoum.