Les ambitions du régime Talon matérialisées par les nombreuses réformes financières et économiques initiées depuis6 avril 2017 étaient au centre des échanges de ce dimanche 19 février 2017 sur l'émission "Le grand rendez-vous". Pour le consultant fiscaliste Romuald Avougnansou, invité de la chaîne de radio "Soleil FM", la vraie question est de savoir comment le gouvernement pourra mobiliser les 2010 milliards pour le budget 2017.
Président de l'Association professionnelle des experts fiscalistes du Bénin et consultant fiscaliste de la Cedeao, c'est Romuald Avougnansou qui a été identifié par nos confrères de Soleil FM pour analyser l'actualité socioéconomique du Bénin. Dans un exposé technique et exclusif, l'expert international a passé au peigne fin le budget national exercice 2017, le Programme d'action du gouvernement, la loi sur le partenariat public-privé...
Pour Romuald Avougnansou, le budget 2017 est un budget très ambitieux au regard du montant qu'il affiche pour les dépenses prévisionnelles. Toutefois, le fiscaliste regrette l'insuffisance de mesures sociales contenues dans le budget. Même si le taux de pression fiscale qui est de 14% paraît encore minime comparativement aux pays de la sous-région : Sénégal (19%), Togo (22%), Burkina-Faso (17%), le président de l'Association professionnelle des experts fiscalistes du Bénin pense que le gouvernement béninois doit mettre en place une bonne politique pour la mise en œuvre de bonnes et pertinentes réformes fiscales et douanières.
Manque de volonté
Le nouveau pouvoir manque de volonté politique nécessaire pour la mise en œuvre des sept axes de réformes. Ce qui fait que l'administration financière du pays n'est pas suffisamment performante. Mieux, le fiscaliste ne croit pas en la capacité du gouvernement à mobiliser les 2010 milliards inscrits dans le budget. " Le contexte n'est pas favorable " précise-t-il, tout en souhaitant l'accroissement de la capacité des régies financières du pays.
Au sujet de la loi sur le partenariat public-privé, l'expert pense que c'est un progrès, sauf qu'il indique que l'urgence, c'est la sécurisation des investissements dans notre pays. Il en dira autant pour le programme d'actions du gouvernement qui selon lui est bien conçu, bien structuré et bien cohérent. Seul son financement pose problème, de l'avis du spécialiste qui dit ne pas croire aux 500.000 emplois prévus par le nouveau régime. "Pour être réaliste, ce n'est pas possible au vu du climat politique et économique qui prévaut dans le pays" conclut l'invité de Soleil FM.
MM
Tous coupables...
L'incroyable chaos dans lequel est plongé le Bénin depuis le 6 avril 2016 sous le fallacieux prétexte de réformes et de modernisation commence à exaspérer les veilleurs silencieux et interpelle la conscience collective béninoise dans son entièreté, sauf ceux qui sont assujettis par l’argent.
Mais que ce soient des intellectuels, des leaders d'opinion qui jadis portaient les voix des sans voix, que ce soient des artistes dans leur rôle de résistance et de veille citoyenne, personne – ou presque- ne parle aujourd’hui. N’est-ce pas une complicité latente ?
Lorsqu’on chasse les libanais du pays, cela m’inquiète ;
Lorsqu’on casse le commerce des bonnes dames, cela m’écœure ;
Lorsqu’on détruit les opérateurs économiques, cela me fait peur ;
Lorsqu’on a le monopole sur le coton, sur le cajou, sur le port, sur …, cela me chagrine ;
Lorsqu’on met de milliers de compatriotes au chômage, cela m’effraie ;
Lorsqu’on matraque les étudiants, dissout leur liberté d’association, cela m’affole ;
Lorsqu’on ferme en l’espace de 24h sept organes de presse, cela me rebelle ;
Lorsqu’on cherche à privatiser le Bénin, je m’interroge.
Pendant combien de temps devrions-nous encore nous taire ? Au nom du développement ? Je ne crois pas. Car en effet, une société prête à sacrifier un peu de liberté contre un peu de développement ne mérite ni l’un, ni l’autre, et finit par perdre les deux. De toute évidence, le chroniqueur refuse de se murer dans ce silence coupable si tant est que la démocratie est bien « le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple ». J’invite donc les défenseurs de la liberté et de la démocratie à prendre de la parole. Car, prendre la parole, c’est porter la plume dans la plaie sans plaire ni faire du tort. Prendre la parole c’est, à mon avis, s’assumer et assumer sa responsabilité sociale. Ne rien dire, ne rien faire, c’est être complice! Alors, prenons la parole. C’est la seule arme qui nous reste. « Le monde est dangereux à vivre !-Non pas tant à cause de ceux qui font le mal,- mais à cause de ceux qui regardent et laissent faire” ; disait Albert Einstein. Par extension analytique, je dirai que le Bénin est dangereux à vivre, non pas à cause de Talon, mais à cause de vous et moi qui le laissons faire.
Romuald Avougnansou