Le maintien du mandat unique dans les réformes politiques et institutionnelles annoncées par le régime Talon, la décision de récupération de certains hôtels dans le patrimoine de l’Etat, les prétendus liens entre l’église de Banamè et Talon, l’opération de déguerpissement… Ce sont autant de sujets qui ont meublé l’émission « Zone Franche » de Canal 3 d’hier dont l’invité est Willfried Léandre Houngbédji, Directeur de communication à la Présidence.
Un travail minutieux se fait depuis quelques semaines pour parfaire et achever les propositions de réformes politiques et constitutionnelles chères au président Patrice Talon. Le Directeur de la communication à la présidence de la République, Wilfried Léandre Houngbédji l’a confirmé hier sur l’émission «Zone Franche » de Canal 3 dont il était l’invité. Il a insisté notamment sur la question du mandat unique qui fait toujours débat et a assuré que le projet est maintenu dans le document final qui sera transmis très bientôt à l’Assemblée nationale. Si le délai préalablement annoncé par le régime Talon pour opérer ces réformes, à savoir avant fin 2016 n’a pas été respecté, Wilfried Houngbédji l’explique par des contraintes légales, sociales et politiques, mettant l’accent sur la nécessité d’un consensus national. « Ce n’est pas un lapin posé au peuple par le Président de la République et son gouvernement. C’est vrai qu’on a peut-être été trop ambitieux à l’origine en pensant qu’on aurait fini. Mais à l’épreuve, on s’est rendu compte qu’il y avait des aménagements à faire, des discussions à faire », a-t-il reconnu, mais se dit rassuré que ces réformes aboutiront à la satisfaction générale de tous les Béninois. « D’ici quelques semaines, les béninois seront agréablement surpris », espère-t-il.
« Aucun règlement politique avec Rodriguez à propos de Bénin Marina Hôtel »
En décidant de ramener dans le giron de l’Etat, 6 hôtels dont le plus important, Bénin Marina Hôtel, alors cédé à l’homme d’affaire Martin Rodriguez, d’aucuns n’avaient pas manqué de soupçonner un « règlement politique » de la part du président Talon dont les désaccords avec ce dernier ne sont plus un secret de polichinelle. Mais le directeur de communication de la présidence, apporte un démenti formel à ce sujet, indiquant que c’est le régime précédent qui avait même engagé la résiliation du contrat et aurait pu l’achever avant l’arrivée de Talon au pouvoir. « On a plus de motif d’être fier de Bénin Marina Hôtel aujourd’hui. En 2012, quand on avait fait une première évaluation, la seule décision pour le gouvernement était de reprendre son bien », a-t-il rappelé, ajoutant que le gouvernement Talon, à son arrivée aurait pu aller vite, mais a pris le temps d’évaluer à son tour le respect des clauses du contrat, pour finalement constater que rien n’a changé. «Je suis persuadé que si vous interrogez lui-même, il vous dira que s’il était à la place du gouvernement, il ne ferait pas autre chose », a affirmé l’invité de Canal 3, qui avouera que « l’Etat a été très patient et même laxiste sur le cas de Bénin Marina Hôtel et c’est à juste titre qu’il ait enfin décidé de prendre ses responsabilités». « Tout béninois, pour peu qu’il ait un sens patriotique ou un peu de civisme, devrait être fier des décisions prises à propos de ces hôtels qui affichaient depuis des mois, des dysfonctionnements préoccupants depuis des années »
Talon et l’Eglise de Banamè
En annonçant, il y a peu, des chantiers routiers dont certains donnent accès à Banamè, le gouvernement Talon n’a pas non plus échappé à des commentaires sur les probables liens entre le Chef de l’Etat et la célèbre église basée dans cette localité du département du Zou. De l’affabulation, selon le Directeur de communication de la présidence, qui a précisé que « le gouvernement n’a d’affinité avec aucune religion. Il est au service de tous les compatriotes. » Et de poursuivre sur cette note d’exhortation. « Il faut en appeler au respect mutuel des confessions religieuses. Que l’on soit fidèle de l’église de Banamè ou non ». Il a d’ailleurs indiqué que les chantiers routiers annoncés visent à soulager les peines des populations riveraines et engendreront à coup sûr des retombées économiques. « Ce qui importe aussi, c’est le gain substantiel du temps qu’on met à parcourir ces routes. », a-t-il aussi dit, avant de rassurer « qu’aucune région du pays ne sera laissée en rade, en ce qui concerne les infrastructures routières annoncées par le gouvernement Talon ». Toujours à propos des chantiers routiers, confirmant, entre autres, l’entreprise Adéoti, pour la poursuite des travaux de la route des pêches, le gouvernement a fait preuve d’objectivité. S’il est vrai que le contenu des travaux a été revu avec un redimensionnement de la route à construire, Wilfrid Houngbédji a laissé entendre que l’objectif de base n’était pas de sanctionner une entreprise. « C’est un Béninois qui a mis en place cette entreprise qui a de la compétence. L’ambition du gouvernement est de remettre le Bénin au travail et de donner la chance à tout le monde », s’est réjoui l’invité de Canal 3.
« Le président Talon est très exigent, rigoureux et perfectionniste sur tous les bords », a par ailleurs fait remarquer Wilfried Houngbédji, qui également, au sujet de l’opération de libération des espaces publics illégalement occupés, rondement surnommée « déguerpissement», lâchera ceci : « Il ne faut pas avoir peur d’être impopulaire d’avoir fait ce qu’on a à faire, parce que c’est la caractéristique des grands bâtisseurs».
Christian Tchanou