Un gouvernement responsable ne peut cautionner une telle grande escroquerie. La supercherie est assez flagrante et l’État béninois est le grand perdant. Mais cet état de choses ne saurait durer longtemps et c’est à juste titre que le gouvernement a pris ses responsabilités face aux désordres qui s’observent dans la gestion du patrimoine hôtelier de l’Etat
C’est dommage que chaque fois que le gouvernement prend une décision pour sauver le Bénin du gouffre et préserver ses intérêts, on fait des procès d’intention à l’exécutif jusqu’à qualifier certaines décisions qu’il est tenu de prendre de règlements de compte. Mais devant des situations aussi pourries et désastreuses pour l’économie nationale où des soi-disant promoteurs ou opérateurs économiques décident de flouer l’État, il faut avoir l’audace d’arrêter la saignée. Le retour de l’État dans le secteur hôtelier répond à cette nécessité de sauver le patrimoine hôtelier qui court des risques énormes. Le tout premier est Bénin Marina Hôtel dont la situation est assez critique. Tombé dans les mains de l’opérateur économique Martin Rodriguez depuis 2004, ce dernier n’a pu ni moderniser ni rénover le bâtiment. Pire le bâtiment annexe avec 54 suites présidentielles et 108 chambres n’a jamais été réalisé. C’est un hôtel de renom qui perd sa crédibilité et ne gagne plus la confiance de la clientèle étant donné qu’il ne respecte plus les normes d’un hôtel de cette envergure. Avant l’avènement du président Patrice Talon, deux commissions avaient d’enquête avaient soulevé de graves manquements et avaient recommandé la fin du contrat accordé à son promoteur. Il lui était notamment reproché le non-respect de ses obligations substantielles dans l’exploitation de cet hôtel. Le second cas est celui de l’hôtel Croix du Sud dont le concessionnaire a fait aussi preuve de manquements notoires. Il avait pour obligations de raser l’hôtel dans un délai de 12 mois et de réaliser des travaux de construction d’un hôtel à 4 étoiles. Mais depuis dix ans, c’est le statut quo. Ces deux promoteurs ont montré à la face du monde qu’ils n’ont ni les ressources nécessaires ni l’expertise pour gérer au mieux ces deux grandes infrastructures hôtelières. Le cas de Bénin Marina Hôtel est criard car la gestion financière est assez catastrophique et cela hypothèque l’avenir des salariés. Ce sont donc des contre-vérités qui sont répandues dans l’opinion quand on accuse le gouvernement qui joue son rôle de gardien du temple. Il s’agit dans le cas d’espèce d’amorcer un nouvel élan et de poser le fondement pour qu’un nouveau dynamisme soit mis en place. Dans le contexte économique actuel, l’État doit prendre le taureau par les cornes afin que soient mobilisées des ressources propres pour accroître notre capacité à financer les nombreux projets de développement dans les villes et campagnes. Il ne s’agit pas de montrer les potentialités touristiques du Bénin mais de veiller au patrimoine hôtelier dont dispose le Bénin. Il doit constituer une attraction touristique avec des possibilités d’accueil et d’hébergement d’une dimension exceptionnelle. Le gouvernement qui attache du prix au développement touristique afin que le secteur soit pour le Bénin une manne financière et pourvoyeur d’emplois, a pris donc une décision judicieuse. Il est dit clairement dans le programme d’actions du gouvernement que : « L’ambition du nouveau gouvernement est de faire du tourisme une filière de développement économique, créatrice de richesses et d’emplois et un outil du rayonnement du Bénin, à l’international.»
David DOLTAIRE