Depuis quelques jours, une Mission conjointe FMI-BAD séjourne au Bénin pour évaluer la gouvernance du pays à l’ère du «Nouveau Départ», de la «Rupture» et du «Bénin Révélé».
Les observations de la Mission sont décevantes. «Nous avons méconnu le Bénin. Tous les indicateurs sont au rouge», confie une source proche du dossier.
En effet, la Mission conjointe FMI-BAD a découvert «trop d’anomalies» et des «pratiques et comportements» entretenus et développés avec cynisme, comme système principal de la gouvernance d’Etat, pour la survie d’un régime acculé au parjure. La déception de ces deux institutions est grande : enrichissement accéléré, conflits d’intérêts au sommet de l’Etat, clientélisme, affairisme d’Etat, passation des marchés publics en catimini, sans avis d’appel d’offres, dans l’opacité totale (gré à gré illicites), bradage sauvage des sociétés, offices et autres biens de l’Etat, beaucoup de milliards décaissés au trésor public au profit des sociétés du Chef de l’Etat et de celles de son entourage, création de nouvelles sociétés juste pour «gagner» des marchés d’Etat.
Les conflits d’intérêts ont d’ailleurs retenu l’attention des observateurs. Ils ont constaté que le Chef de l’Etat et son entourage immédiat sont impliqués dans de multiples intérêts.
Le Chef de l’Etat accomplit une fonction d’intérêt général. Mais le Fmi et la Bad constatent que ses intérêts personnels sont en concurrence avec la mission qui lui est confiée par le peuple béninois. «Ce sont le trafic d'influence et la prise illégale d'intérêts qui en découlent et qui sont délictueux. Ce conflit d'intérêts crée une apparence d'indélicatesse susceptible de miner la confiance des citoyens en la capacité des autorités béninoises incriminées au plus haut niveau à assumer leurs responsabilités», fait observer la même source, qui a aussi mis un accent particulier, outre la mal gouvernance érigée en système de gouvernance, sur la corruption et le népotisme qui gangrènent le régime : impunité généralisée dans les affaires de corruption et de mauvaise gouvernance et affaiblissement des institutions.
C’est dire que la corruption systémique et l’inégalité sociale se renforcent mutuellement, conduisant à une désillusion populaire. Le Bénin est perçu comme très corrompu, car, les besoins les plus élémentaires des citoyens ne sont pas satisfaits à cause de la mal gouvernance et de la corruption, alors que les puissants et les corrompus jouissent d’un mode de vie somptueux en toute impunité.
Le tableau étant peu reluisant, le Fmi et la Bad ne sont pas allés par quatre chemins pour exprimer leur désaccord quant aux 1002 milliards d’emprunt obligataire encore lancé par le Gouvernement. Ils trouvent le montant exagéré.
La même Mission fait obligation au Gouvernement de revoir à la baisse son PIP avant de lui délivrer une lettre de confort.
Somme toute, le Président de la République et son Gouvernement ont le dos au mur. Le Fmi et la Bad ne sont pas prêts à les accompagner dans ces conditions. De nouvelles conditions seront posées dans leur rapport final avant tout soutien au Bénin.
M.M